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affiche Eclats de festival : Reims Polar 2023

Eclats de festival : Reims Polar 2023

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Genre : Festival Cinéma

L'Actu

Il y a du rituel dans un festival. Ce n’est pas pour rien qu’on parle volontiers de «  grand-messe  » lorsque le président s’exprime, ou encore de «  cérémonie  » pour la remise des récompenses. Tous ces petits gestes, tout ce décorum rajoute à la sensation d’exceptionnel. Un festival, ce n’est pas qu’une addition de films diffusés en chapelet (décidément on n’échappe pas à une métaphore). Et pour un Rémois, c’est un plaisir supplémentaire que de faire du tourisme cinématographique chez lui.

Dès les premières minutes, le spectacle est dans la queue. Les retardataires, les voraces, les blasés, tous les genres sont représentés. Et puis il y a les commentaires. Celui-ci manifestement enthousiaste  : «  J’ai visité le parc Colbert, c’est magnifique.  » Même en étant chauvin, on peut se dire qu’il s’agit d’un square, certes joli, mais pas de quoi entrer en transe. Celui-là, un peu déçu  : «  Je dors sur un canapé même pas convertible, mais je ne suis pas loin, c’est déjà ça  ». Ou un autre  : «  Mon hôte m’a fait faire le tour des bonnes adresses et des lieux à connaître, ça a pris un quart d’heure, du coup j’étais drôlement en avance pour la projection  ». Tout le monde n’a pas la chance d’avoir le statut de VIP. Ce qui n’empêche pas, là non plus, quelques contrariétés  : «  Je n’aurais pas dû reprendre du dessert, je vais avoir envie de dormir tout l’après-midi.  », ce qui entraine la réponse suivante  : «  C’est plutôt le champagne ouais  !  »  Et puis il y a des motifs de satisfaction  : «  L’année dernière j’étais à Beaune, les salles sont beaucoup moins bien  ».

Alors oui, on se sent un peu comme un alcoolique chez un caviste. Et sans modération. Des films du monde entier, de haut niveau, et des hommages (Chabrol, Tavernier, Pierfrancesco Favino), du nouveau, du vintage ainsi que la présence de personnalités, l’émotion est concentrée. C’est un plaisir de constater que les jeunes de la région Grand Est ont leur jury, un peu comme pour le Goncourt des lycéens. Il n’est jamais trop tôt pour prendre goût aux films noirs dans les salles obscures. Un jury police existe aussi, unique en France semble-t-il, et manifestement ravi de faire partie de la manifestation.

Et puis un festival fait oublier un instant l’actualité. Plus rien ne compte que les projections. Et partout, à tout moment, vous abordez votre voisin, votre voisine pour savoir ce qu’ils ont vu, si ça leur a plu. Dans le hall, sur les sièges, il y a autant de jurés que de participants, autant de critiques amateurs que de spectateurs, tenant à la main leur programme froissé, raturé (je n’ai pas pu assister à la séance, la salle était pleine, j’arriverai plus tôt demain), comme si leur vie en dépendait. Eh bien oui, dans ces moments-là, nos vies en dépendent, et c’est ce qui fait que l’on y va, c’est ce qui implique que, bien sûr, l’an prochain on y retournera.

Françoise Poul