Zootopie la ville idéale, nouveau paradis sur terre, pas d’humains, rien que des animaux vivant comme au premier jour de l’humanité. Chacun trouve sa place et réalise complètement son utopie personnelle. Les quartiers se divisent en milieu naturel. Nous retrouvons pêle-mêle une grande place centrale, le Sarah, la jungle, le pôle Nord, etc. C’est ici que depuis toujours Judy Hopps rêve de quitter la campagne des lapins et la ferme familiale pour entrer dans la police. Les parents de la petite, malgré leur inquiétude pour un métier à risques, la laissent passer ses examens et voler de ses propres ailes.
Ils sont bien contents quand dans un premier temps, le bougon Chef Bogo la cantonne aux parcmètres. Pendant ce temps-là, le reste de l’équipe poursuit une menace plus grande. Depuis quelque temps, des prédateurs retrouvent leur nature originelle. Si personne ne les arrête, ils becteraient bien tout Zootopie. Tout le service est mobilisé pour la chasse à cette affaire exceptionnelle sauf Hopps. Elle ne baissera pas les bras, remontant les manches, elle explose les chiffres du mauvais stationnement. C’est une course poursuite avec Nick Wilde, un renard arnaqueur malin contre un lapin crétin, qui la lance par hasard sur une piste mystérieuse.
Ils s’associent malgré eux et découvrent une partie du fil d’Ariane qui les rapproche du cœur du labyrinthe de la mystérieuse mutation. Ils trouveront l’appui du maire voyant d’un bon œil les plus petits prendre en main le destin de la ville et une bonne promotion pour sa réélection. Ils partent en route pour l’aventure avec des alliés de l’ombre, un parrain de la mafia, un employé des immatriculations et d’autres invités surprise qui les aideront dans cette chasse terriblement risquée. Le temps joue contre eux avant que les 10% des prédateurs ne mangent les 90% restant.
Zootopie marque une nouvelle avancée dans le cinéma d’animation international en réussissant pleinement à satisfaire un public de 7 à 77 ans (et plus !) Les plus jeunes retrouveront les valeurs Disney propres à la littérature jeunesse, le courage, l’honneur, le dépassement de soi, et le partage des différences. Les adultes, dans cette histoire animalière chère à l’esprit du père de Mickey, découvriront d’autres pistes de réflexion et dans une seconde lecture, un regard sur le duo du gentil flic et de l’escroc ou Bad Boy comme dans L’arme fatale, 48h, Le flic de Beverly Hills, etc. Le film explore une première thématique sur la différence, que Zootopie décline tout au long du récit.
C’est le grand rêve qui dit que ce qui nous sépare finit par nous réunir dans une même utopie. Il n’existe plus de catégories, félins, reptiles, ruminants, tous vivent dans une harmonie parfaite où chacun accède à son rêve même le plus fou. C’est le cas de Judy Hopps qui finit par réaliser son ambition la plus folle, devenir inspecteur à la ville. C’est la jeune inspectrice naïve débarquant de sa campagne dans la grande ville avec des étoiles plein les yeux. Elle suit un parcours initiatique qui la conduit à devenir adulte et dévoiler ses capacités. Pour Nick le renard, seul animal rejeté pour sa ruse, c’est enfin trouver une amie sur qui s’appuyer et lui aussi rattraper ses rêves.
L’enquête sert de fil conducteur à nos deux héros pour puiser au fond de leur cœur de quoi changer le monde et révéler leurs qualités. La première rencontre aboutit à un renard malin et un lapin crétin, bon vieux principe du duo cité plus haut. Ensemble ils apprendront à s’apprécier et se faire confiance pour former un couple de flics de choc. Comme le dit Nick : « On vaut mieux que l'image que l'on imagine de nous, ce qui compte, c'est ce que nous sommes vraiment. »
Zootopie réussit, grâce à un énorme travail de recherche, à restituer un univers complexe où chaque animal est mis en avant. En suivant nos enquêteurs dans les différents quartiers, c’est tout un monde que nous explorons avec ses spécificités. Zootopie s’amuse des détails, détourne des références comme la scène du parrain avec sa fille à la coiffure d’Amy Winehouse, le Rat Pack, les gardes du corps. L’équipe ose même une séquence de nu complètement désopilante (sans montrer les sexes) au Mystic Prism, un club naturiste New Age, avec yoga et remise en forme. Toutes les séquences incontournables des films policiers se retrouvent détournées avec humour comme la course poursuite version petit format, le passage dans le bureau du chef où la pauvre Judy s’entend dire.
« La vie ce n’est pas une comédie musicale où on se sent libéré. » Zootopie c’est aussi une réflexion sur notre nature profonde : « on est peut-être évolué, mais au fond on est des animaux. » Qu’est-ce qui fait notre nature sauvage, les gènes, l’environnement, la volonté de pouvoir ? Nous la retrouvons à la fois dans l’histoire centrale, mais aussi dans le jeu des ombres, des images souvent dans des doubles voire triples lectures. Nous le voyons, Zootopie est un film riche qui contente tous les publics, y compris pour les aficionados des séries de procédural police comme New York police criminelle, District Blue. Ils retrouveront de nombreuses références jusqu'à certains noms de flics. Ce n’est que du bonheur et cela montre qu’aujourd’hui le cinéma d’animation sait fédérer et contenter toute la famille.
Patrick Van Langhenhoven
Bonus:
"Le développement du film : la grande aventure" (HD - 9'58" - VOST)
"Zootopie : l'histoire de l'histoire" (HD - 9'15" - VOST)
"Zootopie : les tables rondes" (HD - 18'23" - VOST) :
- Introduction de Ginnifer Goodwin
- Les personnages
- Les lieux
- L'animation
"La musique de Zootopie" (HD - 4'59" - VOST)
"Les affaires criminelles de la police de Zootopie" (HD - 3'23" - VOST)
Clip : "Try Everything" de Shakira (HD - 3'21")
"Personnages coupés" (HD - 3'14" - VOST)
7 scènes coupées avec introduction des réalisateurs (HD - 28'03" - VOST)
Bandes-annonces Disney
Ciné Région : Pourquoi avoir choisi la France pour la première projection et quelle a été la réponse du public français vis-à-vis de votre film ?
C’était pour nous une grande chance que de pouvoir avoir l’avant première en France. C’était assez unique puisqu’en général les films sont d’abord présentés aux Etats-Unis mais là c’est une opportunité que nous avons saisie. D’autant que la France a été la bonne étoile de notre film puisqu’elle nous a accompagné durant toute la durée de la production et notamment au festival d’animation d’Annecy. C’était très touchant de pouvoir montrer les images à un public de professionnels ou d’étudiants en animation car nous savons à quel point, en France, il y a vraiment une dimension pour la production artistique, pour la musique et pour le cinéma. Il se trouve que nous partageons cette passion et cette admiration là. Donc être reconnu par le public français était quelque chose de très appréciable et de très important pour nous.
C.R : L’idée de départ était-elle de faire un film sur la procédure policière et d’y mêler autant de références aux séries du genre ?
Je pense vraiment que l’idée de départ, c’était d’avoir ce couple improbable. C’était l’histoire d’une amitié entre deux personnages que rien ne rapproche et qui se trouvent par l’ordre des choses à développer une relation amicale. On a envisagé le petit lapin policier assez tôt et ensuite, on a envisagé un moment que Nick soit également enquêteur et on s’est rendu compte que c’était plus intéressant d’étendre cette opposition au maximum et d’aller chercher à contrario un personnage de malfaiteur ou de bandit. Parti de cette histoire policière, on a penché naturellement vers les références donc c’est allé du Parrain à Breaking Bad à 48H.
C.R : Pourquoi il est plus facile d’exploiter les problèmes de société par le biais du monde animal ?
Notre façon de procéder chez Disney, c’est d’abord de commencer par faire de la recherche pure pour vraiment s’intéresser aux personnages que l’on créer. Donc on a commencé à observer le monde animal de façon très précise et on s’est rendu compte d’une donnée qui nous échappait complètement, c’est que dans la nature, 90% des animaux sont des proies et seulement 10% sont des prédateurs, ce qui va à l’encontre de l’image que l’on a d’un monde où règnent les prédateurs. C’est seulement une fois qu’on a fait cette observation qu’on s’est rendu compte que cette dynamique entre une majorité et une minorité pouvait nous permettre d’aborder la question de l’attitude qu’avaient ces deux parties de la population et de le transférer dans notre société. Chez l’humain, les membres de la minorité ont tendance à s’affirmer et les membres de la majorité, au contraire, décident qu’ils peuvent être ce qu’ils veulent.
C.R : Est-ce que vous avez conscience de l’écho que peut avoir ce film aujourd’hui dans la société française et notamment avec les histoires de surveillance, de crainte de l’autre, de peur des différences et de mesures policières pour les contrer ?
Absolument, on s’en est rendu compte au fur et à mesure de la production, on a compris qu’il y avait quelque chose qui arrivait à un moment précis, une espèce de coïncidence. Mais c’est intéressant de se poser la question de « Pourquoi ? » puisque nous avons commencé ce projet il y a 5 ans. En fait, ces enjeux là sont toujours présents, ils prennent des formes différentes, passent par des acteurs différents mais finalement ils sont toujours présents et il y a 5 ans, ils étaient déjà dans nos esprits parce qu’ils étaient dans la société. Aux Etats-Unis, les gens doivent surement avoir le même sentiment. Pour nous, c’est très important qu’on puisse se reconnaitre et aussi de ne pas édulcorer les enjeux que l’on présente dans le film. On souhaite transmettre le message qu’il n’y a pas de solutions en dehors d’une solution collective.
C.R : Dans un film d’animation, on veut placer à la fois des messages, des gags, des personnages… Comment se hiérarchisent les choses ?
Quand vous êtes cinéaste, particulièrement chez Disney, il y un vrai travail d’équilibriste. Il n’y a jamais un aspect qui doit l’emporter sur l’autre. Notre point de départ en général, c’est l’univers dans lequel on veut emporter le spectateur. Ensuite ce sont les personnages qui sont nos personnages clés et puis quelles sont les émotions qui circulent entre les personnages, en l’occurrence entre Judy et Nick. C’est comme ça que l’on aborde le film. Une fois que ce cœur existe, on s’interroge sur le récit, le cœur de l’histoire qui va permettre à ces différents aspects de s’articuler. Il n’y a pas vraiment de procédure, c’est toujours un équilibre à trouver. Quand on s’aperçoit qu’on est en train de beaucoup travailler sur le personnage et que ça devient trop fort en personnalité, on rééquilibre.
C.R : Est-ce que c’est plus facile, par le biais de l’animation, d’appuyer là où ça fait mal et est-ce que c’est pas une manière aussi d’éduquer les enfants ?
Dans notre approche, nous veillons à ne pas avoir de dimension pédagogique dans le sens où nous serions des donneurs de leçon. Nous ne voulons pas délivrer des messages verticaux au public mais le faire de façon plus subtile. Nous sommes conscient aussi de la façon dont fonctionnent les films Disney, on sait qu’il y a des millions de personnes à travers le monde qui vont voir le film donc il y a une forte responsabilité. Pour autant, nous voulons décrire une situation, nous n’avons pas de message, pas de leçon à donner mais donnons à voir des situations dans lesquelles nous espérons qu’émergent des sujets de conversation. Que ça éveille la discussion dans les familles ou dans les groupes.
C.R : C’est la première fois que dans un Disney, il y a une longue scène de nu intégral avec des angles très suggestifs. Vous êtes-vous amusés à jouer avec la censure ou à la faire évoluer ?
En effet, c’est la première fois surtout qu’on insiste dessus et qu’on évoque le fait que les pantalons ont disparus. Nous nous sommes amusés à le pointer et à le souligner.
C.R : Est-ce qu’il y a de la censure chez Disney, des gags qui sont interdits et dans quelle famille des films Disney vous placeriez votre film ?
Je pense qu’on peut le rapprocher au sous-genre des films Disney qui est celui des films avec des animaux, des personnages d’animaux qui parlent, qui ont des comportements humains et qui du coup apportent un éclairage sur notre façon d’être en tant qu’être humain. Au sujet de la censure, on a au contraire essayé de nous pousser et de nous encourager dans l’humour. Si jamais on va trop loin, il est toujours temps de faire un pas en arrière. L’histoire de la nudité, c’est quelque chose de très intéressant parce que ça donne l’importance du regard. Les animaux sont tous nus dans la nature, tous les êtres vivants sont nus et pour nous, la nudité est un enjeu parce que nous sommes habillés. De cette observation simple et du fait de voir que dans le regard de Judy se passe quelque chose qui déplace la question de cette pudeur ou de cette sensibilité, on nous a laissé beaucoup de liberté dans l’univers créatif.
Interview réalisé par Patrick Van Langhenhoven retranscrit et mis en forme par Eve Brousse
Titre français : Zootopie
• Réalisation : Byron Howard, Rich Moore, Jared Bush
• Scénario : Jared Bush
• Production : John Lasseter et Osnat Shurer (en)
• Sociétés de production : Walt Disney Pictures et Walt Disney Animation Studios
• Société de distribution : Walt Disney Studios Motion Pictures International
• Pays d'origine : États-Unis
• Langue originale : anglais
• Format : couleur
• Genre : animation
• Dates de sortie :17 février 2016
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Distribution
Voix originales
• Ginnifer Goodwin : le lieutenant Judy Hopps
• Jason Bateman : Nick Wilde
• Shakira : Gazelle
• Idris Elba : le chef Bogo
• J. K. Simmons : le maire Leodore Lionheart
• Nate Torrence : l'officier Benjamin Clawhauser
• Jenny Slate : l'adjointe au maire Bellwether
• Tommy Chong : Yax
• Octavia Spencer : Otterton
• Bonnie Hunt : Bonnie Hopps
• Don Lake : Stu Hopps
• Raymond S. Persi : Flash
• Alan Tudyk : Duke Weaselton
• Tom Lister, Jr. : Finnick
• Katie Lowes : Dr Madge Honey Badger
• Jesse Corti : Manchas
• John DiMaggio : Jerry Jumbeaux Jr.
Voix françaises
• Alexis Victor : Nick Wilde
• Marie-Eugénie Maréchal : Judy Hopps
• Jean-Claude Donda : Flash, le paresseux du guichet
• Christèle Billault : Mme Otterton
• Xavier Fagnon : le maire Leodore Lionheart
• Claire Keim : l'adjointe au maire Bellwether
• Pascal Elbé : le chef Bogo
• Fred Testot : Benjamin Clawhauser
• Thomas Ngijol : Yax
• Teddy Riner : Finnick
• Isabelle Desplantes : Bonnie Hops
• Lubna Gourion : Gazelle1