Cine-Region.fr
affiche Visages Villages

Visages Villages

___

Un film de Agnès Varda , JR ,
Avec les gens,

Genre : Documentaire
Durée : 1h29
France

En Bref

La rencontre semblait inévitable, comme deux tempéraments identiques qui se croisent et finissent par faire un bout de route ensemble. C’est partir à la rencontre des Visages et villages, pour regarder ensemble autrement. Cela commence par des photos, des murs, et des baguettes. La petite femme et l’homme aux lunettes noires ressuscitent les lieux abandonnés, délaissés, terroirs en friche, un bunker bancal, une rue au pays des corons vouée à la destruction. C’est comme un dernier soupir, ces photos géantes de gueules noires sur les murs de briques rouges. C’est saisir dans l’instant éphémère la réaction de Janine. Elle nous offre cette réflexion philosophique : « que puis-je dire ? rien. » Juste une larme, elle coule au regret des jours anciens vite enterrés. « Le hasard a toujours été le meilleur de mes assistants » nous dit Agnès. Pendant que JR se livre à sa passion de coller sur les façades de grandes photos immortalisant l’âme des gens ordinaires, Agnès attrape la parole qui donne un sens à la vie. Leur talent, mobiliser tout un village pour réaliser un portrait. C’est la joyeuse quête de tous les habitants pour une robe, une ombrelle, un visage, et un mur qui devient vivant. Le vent emporte le chant des cloches qui roule dans la plaine.


Des petites choses deviennent de grandes émotions. Les gens de l’usine vont au cinéma et les gens de cinéma à l’usine. Une toute petite femme et un grand facteur, c’est la vie rivière, arc-en-ciel dessinant un monde de petits bonheurs. Un artiste nous livre son regard sur le cosmos. « Ma mère la lune m’a donné sa fraîcheur, le soleil sa chaleur et l’univers pour y habiter. » Des paroles de rien puisent au cœur des silences la conscience de tous. Des moutons tournent en rond, des chèvres sans cornes et c’est tout. Une bergère pointe la stupidité du profit. Une chèvre est une chèvre, avec des cornes, libre comme le vent. Un discours sur la production ou comment rogner les cornes pour produire plus ? C’est ramener la chèvre de Monsieur Seguin uniquement à un objet de production.

Il faudrait peut-être revenir à l’essentiel, c’est ce que dévoile Visages villages dans cette quête visuelle et spirituelle. Parfois ils ressemblent à deux gamins turbulents avec le monde pour unique promesse. La valse des souvenirs revient faire un petit tour. On souhaite mettre le mot fin alors que l’on a encore beaucoup à dire. Le voyage pourrait durer l’éternité, dévoilant chaque jour des parcelles d’un pays où il fait bon vivre loin du bruit et de la fureur. L’émotion est toujours présente et nous emporte dès les premières images dans cette complicité coquine. Elle sourit de l’homme caché derrière les lunettes noires, lui de la petite taille et de la couleur des cheveux de sa complice. A la fin, c’est avec l’unique blessure du vieil ami fermant sa porte que JR lève le mystère.

Le discours est peut-être moins social et plus au cœur de l’âme des habitants et ouvriers qu’ils croisent. La mise en scène semble se faire à l’instinct, à l’éphémère attrapé au vol avant qu’il ne s’envole. C’est tout le talent de ces deux-là dans une photo pour JR comme Agnès à ses débuts, savoir prendre l’essentiel. Petits magiciens du cœur, entre l’expérience d’Agnès et l’engouement de JR, nous sentons bien que derrière cette facilité se cache beaucoup de travail. Nous aimerions juste repartir pour une nouvelle virée en leur compagnie. La fin de la route prend des allures du poète Lamartine.

 « Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,

Que les parfums légers de ton air embaumé,

Que tout ce qu’on entend, l’on voit ou l’on respire,

Tout dise : Ils ont aimé ! » Le Lac Lamartine

Patrick Van Langhenhoven

Note du support : n/a
Support vidéo :
Langues Audio :
Sous-titres :
Edition :


    •       Titre : Visages, Villages

    •       Réalisation : Agnès Varda et JR

    •       Pays d'origine : France

    •       Genre : documentaire

    •       Date de sortie : 2017

    •       Montage : Maxime Pozzi-Garcia