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affiche  Vie sauvage

Vie sauvage

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Un film de Cédric Kahn ,
Avec Mathieu Kassovitz, Céline Sallette, David Gastou,

Genre : Drame psychologique
Durée : 1h46
France

En Bref

Treize ans après Roberto Succo, Cédric Kahn revient avec un film de cavale, celle d'un père anti-système, campé par Mathieu Kassovitz, et de ses deux fils qui pendant des années se sont cachés dans le Gers, l’Ardèche, la Haute-Garonne, le Vaucluse et les Cévennes.

Cette fuite a été motivée par le rejet de la décision de justice qui avait accordé la garde des enfants à Nora (Céline Sallette) l'ex femme de Paco. Pour ne pas se faire repérer, et être repris par leur mère, ils ont changé quatre fois d’identité et ont vécu dans des fermes communautaires hippies ou encore des campements de fortune.

Vie sauvage s'intéresse donc à cette décision forte, à contre courant des valeurs de la vie moderne en suivant le parcours de cette famille qui a décidé de vivre au plus proche de la nature. 


Depuis quelques années le cinéma français s'intéresse aux faits divers, avec Vie sauvage, Cédric Kahn offre une vision passionnante et très contemporaine de la société.

Plongée brutale dans une vie hors-système, le film débute sur le déchirement d'une famille, un modèle éclaté qui cause la souffrance des enfants sans qu'ils aient leur mot à dire. Pourtant, le réalisateur se refuse à tout parti pris et jugement à l'emporte pièce. Céline Sallette et Mathieu Kassovitz interprètent ces parents avec toute l'ambigüité qu'il fallait, à chacun ses torts, à chacun son égoïsme...

Cette vision de l'affaire permet de prendre ses distances et de s'intéresser au rapport puissant entre l'homme et la nature. A ces fils qui ont décidé d'accompagner leur père, malgré les dangers de la clandestinité, dans cette vie loin du système, en harmonie avec la nature.

L'esthétique est maitrisée, le rythme haletant malgré une petite baisse de régime en milieu de film (difficile de raconter onze ans de vie en si peu de temps). Cédric Kahn décide de faire l'impasse sur certaines périodes pour se concentrer sur l'évolution des relations entre Tsali, Okyesa et leur père Paco. D'abord fusionnelles, les relations se tendent avec l'arrivée de l'adolescence et le fossé se creuse entre le père et ses fils.

Peu à peu, Paco doit accepter de laisser sa place de patriarche et accepter qu'ils évoluent comme ils l'entendent, quitte à réintégrer la société qu'il déteste tant.

Film fort, initiation à la vie loin de la normalité imposée de nos sociétés et portrait de famille touchant, Vie sauvage est une belle surprise.

Sarah Lehu


Deuxième avis

Après avoir mené une vie communautaire, proche de la nature et des traditions amérindiennes, avec son compagnon et ses trois fils, la mère, Nora, lassée des chèvres, des caravanes et de la boue, embarque ses enfants pour un retour à la civilisation chez ses parents, en profitant du départ à la ville du père. Après des tentatives de négociation, et parce que deux de ses garçons veulent rester à ses côtés, Paco décide de ne pas les « rendre » comme convenu à la fin des vacances. C’est le début d’une cavale qui va durer 11 ans, puisqu’une plainte pour enlèvement court, et que le statut de hors-la-loi va leur coller à la peau et les obliger à se cacher et errer en empruntant de fausses identités pour échapper aux autorités.

Tiré d’une histoire vraie et non moins déroutante, Vie sauvage filmé au rythme de la fuite incessante des protagonistes, secoue autant qu’il surprend. Les mouvements de caméra, les ellipses accompagnent et soulignent le nomadisme forcé des personnages. Vivre au plus près de la nature présente des côtés attrayants. Il y a de la joie et de la liberté dans ce mode de vie. « C’est l’homme blanc qui a inventé le carré, les voitures les parkings, les immeubles », dit le père « ici tout est rond et en harmonie ». Il est lucide, vigilant et veille à ce que ses enfants s’instruisent. Il refuse une société où ils n’ont pas le pouvoir de décider. Il est contre l’Education Nationale, les normes, les cadres, pas contre le savoir et la culture.

Cependant, la période heureuse, ou à peu près, ne dure qu’un temps. Arrive le moment où les envies des jeunes adolescents et celles du père ne coïncident plus. Envie de changer de coiffure, de plaire aux filles, envie de rencontrer des copains, d’aller en ville, d’avoir des baskets et une maison en dur… La tension monte, les conflits se multiplient. La population de la communauté a changé, la cellule familiale se fragilise, et les forces de l’ordre guettent.

Cédric Kahn a réussi un film de synthèse pour lequel il a obtenu l’aval de toutes les parties. Il reste sobre, essaie de restituer une atmosphère sans folkloriser le propos ni verser dans un utopisme béat, sans juger non plus. Mathieu Kassovitz est impressionnant dans le rôle de Paco, toujours sur le qui-vive, plus blessé de voir ses fils avoir des envies propres différentes des siennes (« Des beaufs, c’est ça que vous voulez être ? ») que de se faire arrêter. Sofiane Neveu et David Gastou sont d’un naturel qui force le respect. Vie sauvage ne donne aucune réponse mais bien au contraire, ouvre le champ des interrogations, et nous sort malgré nous d’un mode de vie que l’on considère comme acquis, en reposant la question du libre arbitre et de la capacité des enfants à décider de leur vie par eux-mêmes.

 Françoise POUL

Note du support : n/a
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Titre : Vie sauvage

Réalisation : Cédric Kahn

Scénario : Nathalie Najem et Cédric Kahn, d'après l'œuvre de Laurence Vidal, Okwari Fortin, Shahi'Yena Fortin et Xavier Fortin

Montage : Simon Jacquet

Musique : Mathias Duplessy

Photographie : Yves Cape

Producteur : Kristina Larsen

Coproducteur : Jean-Pierre Dardenne, Luc Dardenne et Delphine Tomson

Production : Les Films du Lendemain

Coproduction : Les Films du Fleuve, France 2 Cinéma et Belgacom TV

Distribution : Le Pacte

Pays d’origine : France

Langue originale : français

Format : couleur - 2,35:1 - son Dolby numérique

Genre : Drame

Durée : 106 minutes

Distribution

Mathieu Kassovitz : Paco

Céline Sallette : Nora

David Gastou : Tsali 9 ans

Sofiane Neveu : Okyesa 8 ans

Romain Depret : Tsali ado

Jules Ritmanic : Okyesa ado

Jenna Thiam : Céline

Tara-Jay Bangalter : Thomas 11 ans

Brigitte Sy : Geneviève