Vicky pourrait être une jeune fille heureuse épanouie si elle n’avait pas une famille particulière qui la bride, l’étouffe, la protège, l’aime trop pour la laisser se confronter au monde. Allez savoir si cela part de bonne intention ou du mauvais pressentiment qu’elle n’arrivera jamais à rien. Vicky serait juste bonne à être la fille à papa ? Il faut dire que dans le jeu des sept familles, entre un père acteur célèbre, un frère reconnu dans le show biz et une mère originale, la main, comme on dit au poker, n’est pas forcément la meilleure qui soit.
Il suffit d’un jour de trop, à vouloir autre chose qu’un stage par les relations de papa. Elle décide de se prendre en main et de changer de vie et peut-être de famille, dans la foulée. Elle doit d’abord trouver la voie où s’épanouir et être elle-même. Il y a le petit chanteur du café d’en bas, Banjo. Il murmure des chansons d’Elvis à qui veut l’entendre entre deux verres qui s’entrechoquent et le brouhaha des conversations. Pourtant, une petite fille qui veut devenir une femme l’écoute et se dit que la chanson, ce serait cool. Ils finissent par se trouver dans la danse de la séduction et trouver ensemble leur style. Cela ne plait pas forcément. Aux vers de mirliton, elle préfère des plus osés, carrément érotiques, névrotiques, sympathiques.
Comme dans son lit les hommes s’entassent. C’est une fille qui se libère ce n’est pas vulgaire, c’est mignon, dit-elle. Elle tient bon le cap contre vents et marées. Son frère, son père et la mère dans tout ça ? Madame suit l’exemple de sa fille et s’éclate à son tour. Tout ceci n’est peut-être que de l’amour après tout, savoir le dire ou pas, en mots crus, doux, en refus, c’est aimer…
Si nous retrouvons la trame de La famille Bélier, pas de panique. C’est le premier jet de ce qui deviendra Vicky. Victoria Bedos pour le scénario s’inspire de sa vie, de l’histoire d’une jeune fille qui voulait devenir chanteuse malgré l’avis de ses parents. C’est donc un parcours initiatique qui ne passe pas par le drame et la douleur, mais par le rire et une chanson alcoolique. Elle ploie sous le poids d’un humoriste incisif qui ne rigole plus quand sa fille chante. Un frère célèbre qui se la pète un rien sur le podium de « moi je suis le plus beau… » Pas facile de trouver sa place, quand ils vous la refusent et vous cantonnent au rôle de petite fille, de sœur. Sa mère s’en sort en jouant l’originale que tout le monde pense un rien débranchée. Les hommes de la famille ne seraient pas un peu machos voir misogynes ?
On peut se poser la question. C’est la rencontre avec Banjo, un chanteur de bar et une chanson à boire. Elle trouve enfin sa voie, la chanson décalée. Sous les paroles osées fleurant bon le vécu des hommes qui passent, de l’alcool qui embrouille l’esprit, il se cache de la poésie et de la tendresse pour la vie. Le film s’amuse de ce que nous ne voyons pas, ce que le spectateur percevra sous le vernis, le refus. C’est un peu du Bukowski au féminin, en moins violent, une révolte où git dans le fond de l’âme, derrière les mots vulgaires, une dormeuse du val. Elle trouve son style, l’assume et l’impose. Elle trouve sa place et compte bien la garder, la faire reconnaître au reste de la maisonnée. Vicky dévoile cette route.
Derrière le rire se dissimule toute la tendresse et l’amour pour la petite dernière. Car nous n’en doutons jamais, ils l’aiment les bougres avec, sans doute, souvent une drôle de façon de le montrer. C’est là où Vicky nous touche au cœur. Elle parle de nous derrière une famille à paillettes, ce sont les sentiments de l’âme. Roi, manants, gens de peu ou de beaucoup, nous sommes tous à la même enseigne. Nous débattre dans le grand fleuve de la vie pour aimer et être aimé, tout cela pour ça, me direz-vous. Quand nous y arrivons, c’est toute une vie qui trouve le chemin de la plénitude et du bonheur. Nous aurons fait toute cette route juste pour un « je t’aime » !
Patrick Van Langhenhoven
Bonus:
français pour malentendants
Titre : Vicky
Réalisation : Denis Imbert
Scénario : Denis Imbert et Victoria Bedos
Musique : Olivier Urvoy de Closmadeuc
Montage : Hugues Darmois et Stéphanie Pelissier
Photographie : Antoine Sanier
Décors :
Costumes : Marie Credou et Emmanuelle Youchnovski
Producteur : David Giordano
Production : Gaumont
Distribution : Gaumont
Pays d'origine : Drapeau de la France France
Durée : 90 minutes
Genre : Comédie
Dates de sortie :
Drapeau de la France France : 8 juin 2016
Distribution
Victoria Bedos : Vicky
Chantal Lauby
François Berléand
Olivier Urvoy de Closmadeuc
Benjamin Biolay
Jonathan Cohen
Marc Andréoni
Meriem Serbah
Benjamin Bellecour