Notre monde n’est plus qu’un champ de ruines, la terre se meurt, les graines ne poussent plus. Il n'y a plus d’été aux couleurs des champs de blé à cause d’organismes génétiquement modifiés. C’est un monde d’arbres squelettiques et d'autres préservant leur verdure où ne chante plus la rivière du poète. Dans celui-ci, Vesper, une jeune fille douée de 13 ans, cherche le moyen de relancer la vie. Son père paralysé l’accompagne, communiquant avec un drone bricolé. Ils vivent au fond des bois dans une vieille baraque. Ailleurs, Jonas tente de survivre en vendant le sang de ses enfants aux cités retranchées des nantis. Le monde n’avance plus, il ne pleure même pas son passé, amnésie... Vesper refuse de rejoindre Jonas, préférant sa liberté. Elle est douée en bio-hacking et étudie les nombreuses possibilités de nouvelles formes de vie. Elle porte l’espoir d’un nouveau printemps que tous ignorent. Un vaisseau venu des cités perdues, avec une étrange jeune fille à son bord, bouscule cette tranquillité. Vesper et Camellia devront faire des choix dans un univers qui leur laisse peu d'opportunités.
Kristina Buožytė et Bruno Samper réussissent le tour de force d’un film de science-fiction ambitieux et maitrisé. C’est une dystopie autour des manipulations génétiques et plus particulièrement des graines qui ne servent qu’une fois. Dans leur univers, il n’existe plus de graines pour nourrir la population. Jonas est le personnage de l’ogre qui dévore sa propre progéniture en vendant leur sang aux nantis.
Le conte n’est pas loin dans Vesper, à travers certaines figures et l’idée du sacrifice. Camellia peut être la fée, un être venu d’ailleurs poussant notre héroïne à entreprendre le voyage vers l’horizon. Le père de Vesper représente peut-être le roi mort, prisonnier. La science-fiction demeure la première source d’inspiration et particulièrement celle des années soixante avec la grande vague post cataclysme nucléaire, naufrage écologique, etc.
On en retrouve les thématiques principales, un monde détruit par l’homme, des survivants et dans leur tour d’ivoire, les riches. L’espoir repose entre les mains d’un homme, d’une femme capables de tout avec peu. La conception de l’univers est maitrisée et emprunte à de nombreuses sources, La planète sauvage de René Laloux, Hayao Miyazaki et Jim Henson, les bandes dessinées comics et franco-belge. Pour l’ambiance, Feliksas Abrukauskas, le chef-opérateur, s'inspire de tableaux de Vermeer et Rembrandt pour les ambiances de couleurs et de lumière.
La partie scientifique, biologique, est assez impressionnante avec un visuel de plantes magiques sorties de nos livres de contes. On est emporté par cette histoire d’une jeune fille qui croit en l’avenir alors que plus rien n’est possible. Les deux jeunes actrices sont remarquables dans une composition minimaliste mais profonde. C’est la meilleure surprise de cet été qui nous emporte dans son maelström de possibilités dans un avenir qui pourrait être le nôtre.
On pense à John Boorman Zardoz, Neill Blomkamp District 9, Casey Affleck Light of My Life, et sans doute bien d'autres. Loin des univers des grands studios américains, Vesper Chronicles prouve comme pour La nuée qu’il suffit de peu de choses pour nous transporter dans un autre monde. C’est d’abord l’univers visuel soigné, pas de besoin d’explosions ni de courses poursuites spectaculaires .C’est ensuite une écriture au cordeau qui se concentre sur un petit groupe de personnages dans un monde qui laisse des coins d’ombres à explorer. Aujourd’hui, la science-fiction trouve son renouveau au sein de ces jeunes réalisateurs gonflés qui s’en emparent pour mieux nous parler de nous, dans la pure tradition du genre.
Patrick Van Langhenhoven
Note du support : n/a
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Titre original: Vesper
Titre français: Vesper Chronicles
Réalisation: Kristina Buožytė et Bruno Samper
Scénario: Kristina Buožytė, Brian Clark et Bruno Samper
Musique: Dan Levy
Décors: Raimondas Dicius et Ramunas Rastauskas
Costumes: Dovile Cibulskaite, Christophe Pidre et Florence Scholtes
Photographie: Feliksas Abrukauskas
Son: David Vrancken1
Montage: Suzanne Fenn et Justin MacKenzie Peers (assistant)
Production: Kristina Buožytė, Daiva Jovaisiene, Asta Liukaityte et Alexis Perrin
Production déléguée: Mike Shema et Vitalijus Zukas
Coproduction: Guillaume Natas, Benoit Roland et Florent Steiner
Sociétés de production: Natrix Natrix et Rumble Fish Productions, en coproduction avec 10.80 Films et Ev.L Prod
Société de distribution: Condor Entertainment (France)
Pays de production: Lituanie / France / Belgique
Langue originale: anglais
Format: couleur — 2,39:1 — son 5.1 et 7.13
Genres: science-fiction, aventure, drame
Durée: 114 minutes
Dates de sortie: 17 août 2022
Distribution
Raffiella Chapman(en) (VF: Maryne Bertieaux): Vesper
Eddie Marsan: Jonas
Rosie McEwen: Camellia
Richard Brake: Darius
Melanie Gaydos: Jug
Edmund Dehn: Elias
Matvej Buravkov: Boz
Marijus Demiskis: Med