Émile Chamodot est un brave garçon supportant avec philosophie une famille décalée. Ce n’est pas facile de trouver sa place quand on loge chez la voisine, que votre mère vous teint en blond pour faire plus cool. En attendant le dernier permis de construire, les parents vivent en caravane, environnés par une ébauche de maison. La vie d’Émile change lorsqu’il croise à l’école le regard de la petite nouvelle, Pauline. Adolescent timide, il peine à déclarer sa flamme à la jolie demoiselle. Un soutien en math pourrait l’aider dans sa déclaration si la famille ne s’en mêle pas. Pauline doit trouver sa route entre une mère désabusée et un père autoritaire, chef d’orchestre. Jeune harpiste, elle invite Émile à son concert. C’est avec enthousiasme que l’amoureux transi accepte. Il existe juste un petit problème, et non des moindres. C’est à Venise que se produit Pauline et l’amour a beau déplacer des montagnes, ce n’est pas joué d’avance. Émile l’ignore, il a un atout de poids, sa famille et son père. Bernard décide d’emmener les Chamodot au grand complet à Venise.
Le titre du film s’inspire d’une chanson de Serge Reggiani, Venise n’est pas en Italie. « T’as pas de quoi prendre un avion, ni même un train - Tu pourrais pas lui offrir un aller Melun - Mais tu l’emmènes puisque tu l’aimes - Sur des océans dont les marins n’ont jamais, jamais vu la fin - Tu as le ciel que tes carreaux t’ont dessiné - Et le soleil sur une toile de ciné - Mais tu t’en fiches, mais tu es riche - Tu l’es puisque vous vous aimez ». Elle représente l’esprit du film. Ivan Calbérac réussit une comédie tendre et émouvante sur le passage de l’adolescence à l’âge adulte. Il ne s’égare pas en chemin et nous offre un portrait de deux familles en opposition. C’est une façon d’aborder cette thématique sous tous les angles. Émile semble étouffer sous le poids de ses parents aimants et originaux. Au début c’est un garçon qui suit le mouvement sans trop se rebeller. L’amour fleure bon le foyer et permet à tout un chacun de résister en attendant d’accomplir ses rêves.
Avec la venue de Pauline, il s’affirme et commence à trouver sa place, qui ne correspond pas au choix des parents. Pauline étouffe sous la chape d’une famille stricte qui ne laisse aucun espace pour s’affirmer. Les deux jeunes gens apprendront l’un de l’autre et trouveront leur idéal de vie. Une fois de plus, c’est le voyage qui compte et non le but. C’est comment celui-ci et les épreuves qu’ils ne manqueront pas de croiser, les transformeront. Émile découvre un clan prêt à tout pour qu’il accomplisse son rêve. Ivan Calbérac oppose pour ce faire deux familles dysfonctionnelles d’une manière différente. Les Chamodot portés par l’amour et leur esprit de doux dingues sont prêts à tout pour qu’Émile s’épanouisse. Parfois cela passe par de drôles de situations, excessives mais toujours accompagnées de bonne volonté. En face, c’est une famille plus stricte, l’amour semble abandonner le foyer.
Calbérac aborde aussi la différence de classes entre les deux jeunes gens, qu’ils ne manquent de faire éclater. Émile vit dans un environnement imparfait, fait de bric et de broc, mais au grand cœur. Pauline possède tout, mais le matériel ne remplace pas les élans de l’âme. La morale de cette fable pourrait bien être que l’amour est ce qui compte le plus. C’est une thématique que nous retrouvons au cœur de la filmographie d’Ivan Calbérac avec particulièrement Une semaine sur deux, L’Etudiante et Monsieur Henri. Benoît Poelvoorde et Valérie Bonneton composent un couple idéal que l’on aimerait retrouver à l’écran. Le jeune Helie Thonnat ne faiblit pas devant ces deux monstres d’humour. La mise en scène, à l’image du film, est légère, avec un sens de la poésie et de l’humour se mariant avec bonheur.
Patrick Van Langhenhoven
Titre : Venise n'est pas en Italie
Réalisation : Ivan Calbérac
Scénario : Ivan Calbérac, d'après son roman Venise n'est pas en Italie, paru chez Flammarion en 2015
Production : Isabelle Grellat, Éric Altmayer et Nicolas Altmayer
Directrice de la photographie : Vincent Mathias
Montage : Véronique Parnet
Directeur de production : Pascal Roussel
Décors : Sylvie Olivé
Costumes : Charlotte David
Son : Philippe Fabbri, Roland Voglaire, Damien Aubry, Emmanuel Croset
Musique : Laurent Aknin [archive]
Sociétés de production : AsiFilms, France 2 Cinéma
Société de distribution : StudioCanal
Pays d'origine : France
Langue originale : français
Format : couleur
Genre : comédie
Durée : 1h35 min.
Date de sortie : 29 mai 2019
Distribution
Benoît Poelvoorde : Bernard Chamodot, père d’Émile
Valérie Bonneton : Annie Chamodot, mère d’Émile
Helie Thonnat : Émile
Coline D'Inca : Natacha
Eugène Marcuse : Fabrice, grand frère d’Émile
Luna Lou : Pauline, amie d’Émile
Véronica Novak : Mère de Pauline
Nicolas Briançon : Père de Pauline
David Salles : Le motard
Oudesh Rughooputh : Le passager
Gigi Ledron : La voisine