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affiche Une vie cachée

Une vie cachée

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Un film de Terrence Malick ,
Avec August Diehl, Valerie Pachner, Maria Simon,

Genre : Guerre
Durée : 2h53
États-Unis

En Bref

« J’ai fait un rêve. Je pensais qu’on bâtirait notre nid là-haut. Dans les arbres, qu’on s’envolerait tels des oiseaux, vers les montagnes. »

 Franz Jägerstätter et sa femme Franziska Jägerstätter s’installent au cœur des montagnes autrichiennes dans un village perché au bout du monde. C’est ici que le temps s’effiloche lentement dans la valse des sentiments, au cœur de la terre remuée pour semer le blé. Il suffit de peu pour être heureux, des enfants, une bonne récolte et l’amour sous les cieux. Cette vie s’ancre dans les paysages de forêts, avec en toile de fond les montagnes aux neiges éternelles. Il durera dans nos cœurs l’éternité, car la mort ne pourra l’effacer. Les saisons passent, parfois rudes, parfois tendres comme l’amour que se portent Franz et Franziska.

Il permet de tout surmonter. Il appartient à ces histoires immortelles plus fortes que le temps. Loin dans l’ombre des tourments du monde, dans les méandres du bien et du mal, se lève la rage de la folie. Hitler se prépare à semer la peur et le mort sur le vieil occident pendant que Franz sème la graine du pain. Hitler s’apprête à embraser le monde dans un conflit aux idées nauséabondes. Franz embrase le cœur de Franziska et croit en la paix de l’âme et au bonheur. La guerre et la conscription finissent par arriver aux portes du petit village perdu, comme l’orage sur les champs de blé. Pour Franz Jägerstätter, il est impossible de trahir ses idéaux profonds, aussi forts que son amour. Pour Franziska, il est impossible de trahir le cœur de son mari. Il refuse de servir ce qu’il pense être mal. Il refuse de céder aux compromis mesquins, quitte à en mourir. C’est cette lutte sur fond du bonheur parfait que nous raconte Terrence Malick.


On pense à La ligne rouge quand la caméra montre le calme avant la tempête, la nature fracturée, égorgée, violée par la guerre. Le sujet nait sans doute dans cette nature que glorifie le réalisateur. Toute la première partie installe ce petit bonheur ordinaire sur fond de forêt, de champs frémissants, de campagne perchée. La caméra, ample, embrasse et embrase l’infini pour mieux placer en son cœur l’infiniment petit. Ces deux êtres sont sublimement interprétés par August Diehl, et Valerie Pachner. Chacun trouvera dans cet espace éternel le poids de ses convictions religieuses, spirituelles, voir bouddhistes dans cette façon de capter le karma du monde. Malick possède le sens du divin et l’explore plus profondément, sans opposer l’humain et l’espace naturel. Ils se confondent dans la même danse d’existence, fragile, portée par les mots pour l’humain et par les éléments pour la nature.

C’est le même langage, il conduit à plus grand que soi. Les thématiques sont foison et portent la réflexion sur des terres inconnues, dans la fragilité du sens à donner au monde et de notre place en son sein. C’est d’abord la fragilité, la force du bonheur porté par l’amour. C’est un sentiment que Malick explore au plus profond de l’âme. Ce n’est pas nouveau dans l’œuvre du maitre. Parfois le film n’arrive pas à contenir son sujet, long poème d’amour expérimental comme dans A la merveille. Dans Une vie cachée, c’est un sentiment qui n’est jamais remis en cause par Franz et Franziska. Au contraire, il les emporte dans un lieu où toucher l’infini est le sens de tout. On retrouve ce même endroit dans le cœur de la nature et l’espace que la caméra épouse. Nous pourrions encore disserter longuement sur ce sens du divin, du religieux, de dieu, du Tao. Malick touche au sommet de cette montagne pour embraser la vue de toutes les routes.

C’est aussi l’histoire du premier objecteur de conscience, vénéré depuis 2007 comme bienheureux et martyr par Benoît XVI. Dans un deuxième temps, Une vie cachée aborde la force des convictions, la non-violence. C’est la frontière à ne pas franchir pour ne pas trahir le sens que l’on donne au monde. Ce pour quoi on construit toute cette vie, du champ labouré à l’amour infini pour l’autre. Le trahir c’est abandonner tout ceci aux mains de la mort, nier la vie peut-être ? Franz Jägerstätter tient bon dans la tempête et la douleur. « Il suffirait de dire un petit oui » conseille le prêtre.

Pour lui, c’est déjà mentir et abandonner tout ce que nous avons développé plus haut aux mains du mal. C’est plus grand que l’amour, car dire oui c’est laisser ce dernier aux forces tapies dans l’ombre. Cette conviction finira par creuser la tombe de Franz. Malick maintient le suspense. Le spectateur espère en cette dernière minute qui lui donnera raison. La fin est une victoire, mais peut-être une défaite signifiant la mort des sentiments et de l’humain. En cela, la comparaison avec notre époque qui en perd le sens est évidente. Il nous reste cette Vie cachée pour comprendre que dire non appartient à chacun.

Patrick Van Langhenhoven

Note du support : n/a
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Rencontre avec Valerie Pachner pendant le 45 festival du cinéma Américain de Deauville.

Qu’a représenté pour vous de participer à ce film ?

 Ça a d’abord été pour moi un immense plaisir de pouvoir tourner avec Terrence Malick, une opportunté unique d’être dirigé par une rélisateur de cette importance. Mais j’ai aussi été très attirée pa l’histoire elle-même. Elle m’a parau si importante, si forte. Et en m’engageant dans le film, j’ai pensé à ce qu'on allait faire plutôt qu'à  comment il fallait le faire.

Comment est Terrence Malick sur un tournage ?

 Il est très humble, gentil, un peu timide même. Et il ne faut pas croire qu’il parle sans arrêt de sa philosophie ! Il est très simple en fait. Il est tellement sûr de ce qu’il veut faire que sur le plateau il n’a aucune appréhension de ce qui va se passer et de ce que les acteurs vont faire. Et d’ailleurs il préfère leur faire des compliments que des critiques. Il s’amuse même beaucoup sur le plateau, et l’atmosphère y est beaucoup plus légère qu’on pourrait le penser. C’est facile, pas strict, et, nous acteurs, nous n’avons pas peur : on se sent en confiance.

Pourqoui préfère-t-il rester dans l’ombre ?

 Je ne sais pas, je n’en ai jamais parlé avec lui, et je ne peux que le constater : il n’aime as l’idée d’être un personnage public. Sans doute trouve-t-il là la meilleure manière, pour lui, de créer.

Vous dites que vous n’aimez pas trop vous préparer a l’avance : votre jeu est-il totalement naturel ?

 Ce n’est pas que je ne me prépare pas, mais j’aime arriver comme pure sur un tournage. Je sais que je peux compter sur mon expérience. Pour ce film-ci, qui se déroule dans un village et dans un milieu de paysans, il se trouve que j’ai grandi à 60 kms de la ville, dans la campagne. Je sais ce qu’est l’activité d’un ferme. De plus, avant le tournage, j’ai passé quatre semaines dans une ferme : j’ai appris à traire les vaches, à tourner le lait en baratte. J'ai donc pu faire les choses avec le plus de naturel possible, y compris en cuisine : j’ai beaucoup plus cuisiné pour le film que je ne le fais habituellement dans la vie ! A quoi il faut ajouter qu’une semaine avant le tournage, nous avons suivi un entraînement physique très dur, et notre coach était partiuclièremrnet strict. Du coup, on est arrivé parfaitement prêts.

Refuser, dire non, comme le fait le personnage de votre mari, est-ce pour vous important dans le monde d’aujourd’hui ?

 Oui. Cela me paraît être une leçon universelle, qui ne vaut pas pas seulement pour ce qui s’est passé  il y a 70 ans, pas seulement non plus pour ce qui se passe aujourd’hui. Dire oui ou non, c’est une question fondamentale, et c’est le grand sujet du film : comment être tranquille avec soi-même et sa conscience face aux bruits du monde qui vous assaillent ? On est responsable de ce qu’on fait, de ses engagements, de ses choix. Comment être actif, se réveiller, participer au monde en étant fidèle à ce qu’on croit : c’est cela aussi dont parle le film.

Comment voyez-vous les deux personnages du mari et de la femme ?

 Ce qui les caractérise, c’est la bonté. Quand le village se dresse conttre mon personnage, elle reste ferme dans son attitude, mais sans jamais etre agressive.Tous deux sont portés par leur amour. Les souffrances qu’ils endurent sont terribles, mais l’amour est plus fort que tout ce qu’ils peuvent subir. Il y a un côté romantique dans cet amour, qui les porte, les tient, les fait triompher du mal.

Y avait-il place dans le tournage à l’improvisation ?

 Terrence Malick fait des prises longues, de 35 minutes parfois, ce qui laisse la place pour le comédien à faire des erreurs ; mais on prend et on reprend, on n’est jamais limités, on improvise, ce qui permet d’aller loin dans le travail sur le personnage. Grâce à cette méthode, où l’on se sent en confiance, j’ai pu fouiller mon personnage, et développer chez elle pas seulement l’amour d’une femme dévouée, mais la façon dont elle-même vit les événements et se révèle véritablement  face à eux.

Cet homme qui dit non à la guerre et aux nazis, c’est un héros ?

 Sans aucun doute. Mais longtemps, dans son pays même, il a été considéré comme un traître. Et ce n’est que plus de 30 ans après la fin de la guerre que l’on a pris, avec l’Eglise elle-même qui l’a béatifié, la vraie dimension du personnage.

Avoir tourné ainsi avec Terrence Malick vous donne-t-il envie d’aller tourner à Hollywood ?

 En fait, j’ai beaucoup de projets, très intéressants, mais je ne sais pas encore exactement ceux que je vais développer. Peut-être vais-je tourner en Autriche, ou en France, ou à Los Angeles… C’est très excitant d’avoir ainsi des possibilités d’interpréter des personnages divers et très différents.

    Titre original : A Hidden Life

    Titre français : Une vie cachée

    Titre de travail : Radegund

    Réalisation et scénario : Terrence Malick

    Montage : Rehman Nizar Ali

    Directeur de la photographie : Jörg Widmer

    Direction artistique : Steve Summersgill

    Musique : James Newton Howard

    Costumes : Lisy Christl

    Décors : Sebastian T. Krawinkel

    Production : Elizabeth Bentley, Dario Bergesio, Grant Hill, Josh Jeter et Marcus Loges

    Sociétés de production : Studios de Babelsberg

    Langue originale : anglais

    Pays d'origine :  Allemagne, États-Unis

    Genre : guerre, biopic

    Dates de sortie : 19 mai 2019 (festival de Cannes 2019)11 décembre 2019

Distribution

     August Diehl : Franz Jägerstätter

    Valerie Pachner : Franziska Jägerstätter

    Michael Nyqvist : l'évêque Joseph Fliessen

    Jürgen Prochnow : le major Schlegel

    Matthias Schoenaerts : le capitaine Herder

    Bruno Ganz : le juge Lueben

    Martin Wuttke : Major Kiel

    Maria Simon : Resie

    Franz Rogowski : Waldlan

    Tobias Moretti : Ferdinand Fürthauer

    Ulrich Matthes : Lorenz Schwaninger

    Max Mauff : Sterz

    Johan Leysen : Ohlendorf

    Sophie Rois : Aunt

    Karl Markovics : un major

    Alexander Radszun : le juge Sharp

    Nicholas Reinke : le Père Moericke