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affiche Une merveilleuse histoire du temps

Une merveilleuse histoire du temps

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Un film de James Marsh,
Avec Eddie Redmayne, Felicity Jones, Tom Prior,

Genre : Biographique
Durée : 2h03
Royaume-Uni

En Bref

1963, en Angleterre, Stephen, brillant étudiant en Cosmologie à l’Université de Cambridge, entend bien donner une réponse simple et efficace au mystère de la création de l’univers. De nouveaux horizons s’ouvrent quand il tombe amoureux d’une étudiante en art, Jane Wilde. Mais le jeune homme, alors dans la fleur de l’âge, se heurte à un diagnostic implacable : une dystrophie neuromusculaire plus connue sous le nom de maladie de Charcot va s’attaquer à ses membres, sa motricité, son élocution, et finira par le tuer en l’espace de deux ans. Grâce à l’amour indéfectible, le courage et la résolution de Jane, qu’il épouse contre toute attente, ils entament tous les deux un nouveau combat afin de repousser l’inéluctable.

La physique quantique et la science en général ne trouvent que trop rarement leur place au cinéma. Seule la science-fiction s’autorise à quelques scénarii aventureux sur l’espace-temps, les mondes parallèles, la télépathie… mais jamais sur les bases solides sur lesquelles reposent les grandes énigmes scientifiques. Trop complexe et barbant me direz-vous… Pour autant, on aperçoit quand même dans le cru 2014 des films à grand spectacle une volonté de véracité et d’explication comme dans Interstellar où Christopher Nolan aborde de façon assez fantaisiste cette notion de temps. De même, dans Lucy, Luc Besson explique avec quelques excentricités la création et le néant. On est loin de l’œuvre métaphysique par excellence mais on est forcé d’admettre que c’est un début… Avec Une merveilleuse histoire du temps, qui raconte l’histoire de Stephen Hawking, un homme hors-du-commun, l’un des esprits les plus brillants de notre époque prisonnier de son propre corps, on était dans le droit d’attendre un chef d’œuvre à la hauteur et à l’honneur de ses théories. Mais malheureusement, et sans grande surprise, le scénario voit l’homme à travers le prisme de son épouse et à travers son histoire personnelle sans offrir la part souhaitée à son génie. Ce constat fait et au vu de la sortie programmée durant la saison des récompenses, on est en droit de se questionner quant aux motivations de James March et de se poser la question suivante : conter un destin extraordinaire suffit-il à réaliser un film extraordinaire ? 


Si on est tenté de dire non au vu de la direction prise par le réalisateur, romantique à souhait, on est tout de même forcé de reconnaître la beauté de l’ensemble. Car même si question recherches et théories, Une merveilleuse histoire du temps n’a pas grand chose de la superbe de son héro, la fable fascine lorsqu’elle conte cette histoire d’amour hors-du-commun et la volonté de poursuivre le bonheur malgré l’épée de Damoclès au dessus de leur tête. Accueillons donc The Theory of Everything (en vo) comme l’objet de cinéma qu’il est. Le scénario, adapté du livre autobiographique de la première épouse de Hawking, Jane Wilde (on comprend mieux le point de vue…) est savamment ficelé et passe de l’amour naissant, à la vie de couple, ponctuée des découvertes incroyables du physicien. Le point fort du script réside dans le fait qu’il esquive les passages troubles et sombres, les moments gênants, les questions pratiques sur la paralysie, le pourquoi du comment. D’ailleurs ici, on évite habilement les parasites, que ce soit du côté de la maladie comme du côté de ses recherches, de façon à mieux se concentrer sur l’avancée du génie et sur la combativité du couple. Un couple qui se construit et qui se renforce malgré tout. En cela, l’histoire est purement émouvante et le métrage arrive à rendre toute sa grandeur et son romanesque à leur épopée.

Pour soutenir son histoire intense, James Marsh (Le Projet Nim, Le Funambule) choisit un clacissisme assumé, avec feux d’artifices pour le baiser, temps gris et pluie pour les moments de doute et de dispute et montage alterné lors de l’adultère. La mise en scène, dans l’ensemble, est très académique mais efficace, avec des passages en Super 8 pertinents et un contrôle de l’image total. La photographie, elle aussi, est sublime avec ses dominantes de jaune et de bleu ainsi que la musique composée par Jóhann Jóhannsson (Prisoners, For Ellen) qui accompagne les envolées de l’histoire sans endormir le spectateur. Dans l’ensemble, la mise en images de Marsh ne surprend jamais vraiment mais offre un spectacle équilibré et rend toute sa beauté à l’histoire de Hawking, se finalisant sur une séquence avec effet rembobinage touchante qui laisse un bref aperçu de l’amour et la dégénérescence qui viennent de se construire devant nos yeux.

D’un autre côté, le métrage se retrouve affublé d’une VF désastreuse, de même que l’affiche qui fait vaguement référence aux films de science-fiction pour ado, sans parler du titre qui ne laisse aucune porte ouverte au spectateur en ajoutant l’adjectif « merveilleuse ». Mais heureusement, le genre, et l’histoire plus particulièrement, sont façonnés pour faire la part belle à l’interprétation et mettent sur le devant de la scène deux acteurs fascinants. Eddie Redmayne, aperçu dans Les Misérables, se confond parfaitement avec son personnage, jusque dans ses postures les plus atrophiées. L’acteur britannique a donné beaucoup de lui-même durant le tournage puisqu’il a perdu 6 kilos et a fini par altérer l’alignement de sa colonne à force de distordre son corps. En face, Felicity Jones n’a pas à rougir de sa performance en incarnant une femme aimante, forte, déterminée, au visage d’ange. Sa composition pleine d’assurance lui permet de ne jamais passer au second plan face à son partenaire pour le moins charismatique. Enfin, l’apparition inattendue de notre footballeur national Franck Leboeuf en médecin suisse, tombé là comme un cheveu sur la soupe, ne pourra que vous faire sourire.

Dans une atmosphère cotonneuse, James Marsh rend un hommage soupesé à une vie dédiée au Savoir, et c’est rafraichissant. Dans un ensemble net, il distille un suspense domestique bien ficelé malgré quelques scènes idéalisées. On peut regretter le virage « rom com » mélodramatique prit par Une Merveilleuse Histoire du Temps alors qu’on touchait du doigt le chef d’oeuvre métaphysique ou le drame sombre. Mais le résultat est honnête et on ne regrette pas cette plongée au cœur de ce personnage fascinant.

Eve Brousse

Note du support :
3
Support vidéo : Format 16/9 compatible 4/3, Format cinéma respecté 2.35, Format DVD-9
Langues Audio : Allemand, Anglais , Français Dolby Digital 5.1
Sous-titres : Français
Edition : Universal Vidéo


Fiche technique

·       Titre français : Une merveilleuse histoire du temps

·       Titre original : The Theory of Everything

·       Réalisation : James Marsh

·       Scénario : Anthony McCarten, d'après Travelling to Infinity: My Life with Stephen de Jane Wilde Hawking

·       Direction artistique : John Paul Kelly

·       Costumes : Steven Noble

·       Montage : Jinx Godfrey

·       Musique : Jóhann Jóhannsson

·       Photographie : Benoît Delhomme

·       Production : Tim Bevan, Lisa Bruce, Eric Fellner et Anthony McCarten

·       Sociétés de production : Working Title Films

·       Budget : 15 millions de dollars

·       Pays d’origine : Royaume-Uni

·       Langue originale : anglais

·       Durée : 123 minutes

·       Genre : biographie

Distribution

·       Eddie Redmayne : Stephen Hawking

·       Felicity Jones : Jane Wilde Hawking

·       Maxine Peake : Elaine Mason, la seconde femme de Stephen

·       Charlie Cox : Jonathan Jones, le second mari de Jane

·       Harry Lloyd : Brian, le colocataire fictif de Stephen

·       Emily Watson : Beryl Wilde

·       Guy Oliver-Watts : George Wilde

·       Simon McBurney : Frank Hawking

·       Abigail Cruttenden : Isobel Hawking

·       Charlotte Hope : Phillipa Hawking

·       Lucy Chappell : Mary Hawking

·       David Thewlis : Dennis W. Sciama 

·       Christian McKay : Roger Penrose

·       Enzo Cilenti : Kip Thorne

·       Georg Nikoloff : Isaak Markovich Khalatnikov 

·       Alice Orr-Ewing : Diana King

ainsi que la voix artificielle de Stephen Hawking