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affiche Un pigeon perché sur une branche philosophait sur l’existence

Un pigeon perché sur une branche philosophait sur l’existence

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Un film de Roy Andersson ,
Avec Holger Andersson, Nils Westblom, Charlotta Larsson,

Genre : Drame psychologique
Durée : 1H40
Norvège

En Bref

« Je suis heureux que tu ailles mieux »

Devant nous s’étale la petite galerie des horreurs, des cauchemars d’un monde saisi sur le vif où la mort incarne les vivants avec leur face de clown blanc que plus rien ne fait rire. Musée où le pigeon figé pour l’éternité regarde ce drôle d’oiseau à deux pattes tenter de saisir le sens du monde. Il s’ensuit une série de tableaux dans un décor de pacotille aux couleurs grises ou verdâtres, comme appartenant déjà au néant de l’infini. C’est peut-être le songe de deux âmes en quête d’autre chose, deux peines perdues, mais de longue date réfugiées dans un bouge des cœurs blessés.

Ils tentent de vendre des farces et attrapes à des commerçants aux boutiques vides comme si le rire était mort depuis longtemps. Comme si, la farce du monde ne faisait plus rire personne à l’heure de solder les comptes. Passent dans ce Louvre du vivant les tableaux saisissants d’une ancienne tenancière de Göteborg offrant de l’eau-de-vie contre un baiser. Silhouette boiteuse dans un monde en équilibre, elle se nourrit du chant des marins.



La professeure de flamenco est amoureuse de l’un de ses élèves. La leçon glisse vers la séduction, main glissant le long des corps d’une jeunesse claquant du talon au rythme de la musique. Charles XII s’invite dans le présent rêvé, tableau d’un cinéaste inspiré ou tout ce que nos illusions éveillent en nous. Une petite ritournelle revient comme un vent léger balayant nos certitudes, nos croyances en un demain rieur et farceur. Elle hypnotise l’un des vendeurs de farces et attrapes comme un rocher où s’accrocher pour ne pas perdre pied. Elle éloigne les cauchemars où un singe subit les expérimentations de notre folie.

Dans un tube de cuivre bardé de haut-parleurs s’engouffrent les esclaves des colonies sous l’œil des explorateurs anglais. Une bande de vieillards de la haute regarde cette machine de l'horreur peut-être bercée par les cris de l’apocalypse. L'un des vendeurs de farces et attrapes, comme nous, pense avoir vu « un truc horrible » cauchemar ou réalité.

« Je disais que je suis content de savoir que vous allez bien ! »

Roy Anderson achève par un Lion d’or à Venise la « trilogie des vivants », après Chansons du deuxième étage (2000) et Nous, les vivants (2007). Son œuvre échappe à toute notion habituelle, elle recompose entre théâtre, cinéma et peinture un nouvel espace artistique. Il touche à l’essentiel, épure le discours comme l’image pour ne garder que l’âme. Le réalisateur se sent responsable de la culpabilité collective, coupable en tant que représentant de la race humaine de ce que nous perpétrons au nom de l’humanité. Comment arriver à nous réconcilier avec ce dont nous sommes responsables. C’est peut-être retrouver la beauté de notre humanité, l’utopie d’un monde meilleur, plus beau où le poids du froid de la mort ne pèserait rien.

Il s’attache entre rires et larmes à restituer l’essence du monde. Chaque saynète, tableau se dépouille de l’inutile, dans le texte, la forme et l’image. Il regarde notre monde de loin, jamais de gros plan, l’environnement, pour lui, en dit long sur les personnages. Par exemple dans cette séquence où la laborantine, au coin de la fenêtre porte son regard sur le monde et répète : « je suis heureux que tu ailles mieux ». En avant-plan, un petit singe aux électrodes dans le cerveau souffre de son expérience. Le vide de la pièce, c’est peut-être le cœur froid de cette femme. Ce n’est qu’une expérience pour que le monde aille mieux.

Elle revient, cette expression, comme un leitmotiv, comme la ritournelle du vendeur, elle tente de nous hypnotiser sur la réalité de l’univers. Comme le proverbe du type tombant d’un immeuble répétant à chaque étage, « jusqu’ici tout va bien ». Vous connaissez la suite, l’important c’est la chute. Métaphore de notre société, elle serait donc condamnée à s’écrabouiller sur le trottoir du cosmos ! Roy Anderson aime les grands formats en peinture et c’est-ce qu’il reproduit dans sa galerie de l’humanité.

Patrick Van Langhenhoven

Note du support :
4
Support vidéo : Format 16/9 compatible 4/3, Format cinéma respecté 1.85, Format DVD-9,
Langues Audio : Suédois Dolby Digital 5.1 - 2.0
Sous-titres : Français
Edition : Film du Losange

Bonus

Courts métrages de Roy Andersson :
- Quelque chose est arrivé (1987)
- Monde de gloire (1991)
Entretien avec le réalisateur Roy Andersson

Titre : Un pigeon perché sur une branche philosophait sur l'existence

    Titre original : En duva satt på en gren och funderade på tillvaron

    Réalisation : Roy Andersson

    Scénario : Roy Andersson

    Production : Linn Kirkenær, Pernilla Sandström et Håkon Øverås

    Société de production : Roy Andersson Filmproduktion AB

    Photographie : István Borbás et Gergely Pálos

    Montage :

    Musique :

    Pays d'origine : Suède

    Genre : comédie dramatique

    Langue : suédois

    Durée : 101 minutes

Distribution

     Nisse Vestblom : Sam

    Holger Andersson : Jonathan