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affiche Un peu, beaucoup, aveuglément

Un peu, beaucoup, aveuglément

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Un film de Clovis Cornillac,
Avec Clovis Cornillac, Mélanie Bernier, Lilou Fogli,

Genre : Comédie
Durée : 1h30
France

En Bref

Lui est inventeur de casse-têtes. Investi corps et âme dans son travail, il ne peut se concentrer que dans le silence. Elle est une pianiste accomplie et ne peut vivre sans musique. Elle doit préparer un concours qui pourrait changer sa vie. Ils vont devoir cohabiter sans se voir...

Premier passage à la réalisation pour Clovis Cornillac (Faubourg 36, Astérix aux JO, L’amour c’est mieux à deux), figure discrète mais prolifique du cinéma français. Après quelques années à ne pas trop faire parler de lui, l’homme de théâtre et de cinéma revient et fait ses armes de réalisateur sur un genre où on ne l’attendait pas vraiment, la comédie romantique. L’air de ne pas y toucher, Clovis Cornillac s’est effectivement forgé une réputation d’acteur à cheval entre deux cinéma, celui d’aujourd’hui et celui d’autrefois ; à travers une image imposante et altruiste. Inattendu donc, Un peu, beaucoup, aveuglément, condensé mi-figue mi-raisin entre la rom-com américaine et la romance franco-française, joue avec les codes du genre sans s’empêtrer dans ses pièges les plus gras. Sympathique et rafraichissant.


On ne va pas se le cacher, après 30 ans de carrière et des projets aussi éclectiques que trépidants dans les pattes, on est un peu déconcerté de retrouver Cornillac aux commandes du genre le plus fade du cinéma. Au lieu de faire comme de nombreux artistes de sa trempe avant lui, à savoir s’engouffrer dans le drame sombre avec personnages troubles et sujets personnels, Cornillac préfère développer une idée originale de son épouse (Lilou Fogli) dans la rom-com, tout ce qu’elle a de plus anodin, de plus conventionnel et de plus artificiel, aussi bien dans le sujet, la forme que le traitement. Une fois la déconvenue passée, on est en mesure d’apprécier tous les atouts qu’offre cette charmante comédie lumineuse. Derrière la plume, le couple Cornillac/Fogli imagine l’histoire de ces deux inadaptés, ces outsiders qui ont tout pour s’épanouir (un talent, une carrière, des gens sur qui compter…), mais qui préfèrent s’enfermer dans leur appartement, pour l’un, et dans ses acquis, pour l’autre.

Ces deux parias qui, par un concours de circonstances un peu farfelu dû à un défaut de conception entre deux bâtiments, se retrouvent forcés à cohabiter de part et d’autre d’une cloison qui n’offre aucune intimité, vont alors apprendre à se connaître sans jamais se voir. A travers ce pitch simple mais efficace, le cinéaste réinvente habilement le concept éculé de la cohabitation forcée et ajoute même un peu de sel à l’histoire en axant cette promiscuité sur le son. Ainsi, les deux voisins vont d’abord tout tenter pour faire abandonner et fuir l’autre, offrant pour l’occasion une séquence très drôle durant laquelle chacun fait son possible pour enfermer l’autre dans un enfer sonore (on pense notamment au métronome).

Après la guerre vient le temps des compromis puis, au fil des conversations et des confidences, des sentiments amoureux, jusqu’à devenir des partenaires inséparables. Pour construire son histoire, Cornillac va à l’essentiel et ne s’embête pas avec le superflu, que ce soit dans l’histoire, dans le décor ou dans la formule. Il ne va même pas essayer de creuser ses personnages (principaux comme secondaires) en leur insufflant un quelconque relief. Les deux amoureux, qui se surnomment Machin et Machine, n’ont qu’une idée erronée de leur apparence respective et vont donc mener leur relation platonique, approuvée parle meilleur pote, pour lui, et par la sœur délurée, pour elle. Une situation qui va permettre d’initier de délicieux moments de comédie.

En plus des bonnes idées du scénario, Cornillac façonne sa besogne avec une mise en scène bien menée, toujours enlevée, qui insuffle à l’ensemble une énergie qui nous porte sans mal. Il va même jusqu’à s’amuser légèrement avec les échelles de plans et oser des gros plans étranges. Face caméra, les acteurs récitent tous une partition plutôt juste. Mention spéciale à Mélanie Bernier qui met son joli minois au service de cette pianiste coincée qui cache une personnalité plus colorée qu’il n’en paraît. De l’autre côté de la cloison, Clovis Cornillac se complait dans son rôle de vieux rustre bougon mais semble davantage intéressé par son travail de faiseur que par son jeu, qui sonne par moment bien faux… La musique tient également une place prépondérante dans le film dans lequel on a le plaisir de redécouvrir quelques œuvres de Chopin.

Avec légèreté, musicalité et humour, Clovis Cornillac nous mène à travers son Un peu, beaucoup, aveuglément sans trop de fausses notes compte tenu de la partition. Une partition qui a le désavantage de s’oublier très vite, en raison notamment du genre très artificiel privilégié par le cinéaste. A l’arrivée, c’est plutôt bien foutu, c’est pertinent et divertissant, mais c’est quand même en deçà de nos attentes, et ça sonne plutôt faux à nos oreilles.

Eve Brousse

Note du support : n/a
Support vidéo :
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Sous-titres :
Edition :


Titre original : Un peu, beaucoup, aveuglément

    Titre à l'international : Blind Date

    Réalisation : Clovis Cornillac

    Scénario : Clovis Cornillac, Lilou Fogli et Tristan Schulmann, d'après une idée originale de Lilou Fogli

    Photographie : Thierry Pouget

    Son : Dominique Lacour, Nicolas Dambroise, Cyril Holtz

    Montage : Jean-François Elie

    Musique originale : Guillaume Roussel

    Décors : Pierre Quéfféléan

    Costumes : Aurore Vincent

    Producteurs : Pierre Forette et Thierry Wong

    Sociétés de production : Ciné Nominé, Fair Play, Vamonos Films et Orange Studio

    Société de distribution : Paramount Pictures France / Orange Studio

    Pays d'origine :  France

    Format : Scope – 5.1

    Langue : français

    Année de production : 2014

    Genre : comédie

    Durée : 90 minutes

Distribution

     Mélanie Bernier : Machine

    Clovis Cornillac : Machin

    Lilou Fogli : Charlotte

    Philippe Duquesne : Artus

    Grégoire Oestermann : Evguenie

    Oscar Copp : Dan

    Boris Terral : L'inconnu italien

    Manu Payet : Le caissier de chez Picard

    Arnaud Lechien : Paul