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affiche Un illustre inconnu

Un illustre inconnu

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Un film de Matthieu Delaporte ,
Avec Mathieu Kassovitz, Marie-Josée Croze, Eric Caravaca,

Genre : Thriller
Durée : 1h58
France

En Bref

Sébastien Nicolas n’est personne, une enveloppe vide sans rien dedans. Agent immobilier pâlot sans identité, presque invisible, il passe dans la vie comme une ombre noyée dans les rayons du soleil. Il possède le pouvoir de devenir tout le monde, de prendre votre place et épouser votre personnalité. Quand il endosse ses nouveaux habits, le temps de votre absence, il se transforme en un double parfait et vole votre âme, votre vie, le temps d’un soupir avant de redevenir un fantôme.

Un jour par hasard - mais le destin ne joue-t-il pas avec les dés de l’existence ? - il enfile la personnalité d’un ancien musicien célèbre condamné à cause d’un accident à ne plus pouvoir écouter l’archet sur le violon. Peu à peu Sébastien se prend au jeu, s’amuse de cette nouvelle identité, et se découvre même un fils. Pour la première fois, il transgresse la règle de ne pas s’installer, ne pas rester dans la peau d’un autre. Le jeu ne vaut que pour sa brièveté, après qu’advient-il si on reste trop longtemps ? La réponse se trouve dans cet illustre inconnu !


Mathieu Delaporte et son compère Alexandre de la Patellière crédité au scénario nous avaient donné Le Prénom. Ils affirment leur thématique sur l’identité. La peau d’un individu nous raconte quoi ?  Hier nous nous rendions compte combien un simple prénom joue sur notre personnalité à tort ou à raison. Il imprègne une première impression. Ils vont plus loin dans cette exploration en proposant un personnage sans âme qui vole la vôtre. Dans ce rôle Mathieu Kassovitz trouve chaussure à son pied, lui qui n’aime pas le travail de grimage de l’acteur. Le film nous interroge sur ce que nous sommes et la façon dont les autres nous voient. Est-ce que je ressemble au reflet dans le miroir ? C’est une question philosophique, spirituelle, identitaire. Leur héros ne s’amuse pas à vous copier. Il pousse plus loin la tromperie en devenant vous. Est-ce que le choix des âmes à voler prend les dés du hasard ou un organigramme connu uniquement du voleur ? Le film soulève de nombreuses questions pour nous donner la version du réalisateur et de son scénariste à la fin, mais est-ce la seule valable ?

Patrick Van Langhenhoven

Note du support :
3
Support vidéo : Format 16/9 compatible 4/3, Format cinéma respecté 2.35, Format DVD-9
Langues Audio : Français Dolby Digital 5.1, 2.0
Sous-titres : Français
Edition : Pathé Vidéo

Bonus

Making of
Scènes coupées
Commentaires audio de Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière
Essais de Mathieu Kassovitz
Modules effets spéciaux de maquillages

Ciné Région : Vous avez déclaré que le vocabulaire attaché à cette pathologie était proche de celui du cinéma, est-ce que c’est si étonnant ?

Matthieu Delaporte : Non ce n’est pas du tout étonnant. C’est vrai que les gens qui vivent une sensation de “déréalité“, quand ils racontent leurs problèmes, leur décalage par rapport au monde, effectivement ils utilisent beaucoup le vocabulaire cinématographique comme : « J’ai l’impression d’être un acteur ou au contraire un spectateur de ma vie, j’ai l’impression que ma vie est un film, que les gens sont comme décalés… ». Je trouvais ça justement intéressant de voir que les gens qui vivent une sensation de décollement par rapport à la réalité, au fond se rattachent au cinéma pour exprimer leur mal. Le parallèle était intéressant.

C.R : Mathieu Kassovitz, est-ce que vous avez vécu ce rôle comme une mise en abime de l’acteur.

Mathieu Kassovitz : On me pose souvent cette question et je suis désolé de vous dire non. Parce que quand on joue un rôle, on joue le rôle de quelqu’un, si cette personne est pompier on joue le rôle d’un pompier. Il n’y a pas vraiment de mise en abime, tu ne joues pas le rôle que la personne imite, tu joues le rôle du personnage.

C.R : Vous êtes aussi à l’affiche de Vie sauvage. Aujourd’hui, qu’est-ce qui vous fait dire oui à un projet ?

M.K : Le projet de Matthieu et d’Alexandre était un projet à côté duquel je ne pouvais pas passer vraiment parce que le scénario était très étonnant et pour un cinéaste, ça donne envie d’en faire partie. Le film de Cédric Kahn, c’était l’opposé complet, un tournage plus proche du cinéma réaliste de la nouvelle vague. J’ai enchainé vraiment les deux, les tournages se sont entremêlés. J’ai vu les deux et l’opposé des deux et je me suis dit : « Tant qu’à se lancer vraiment dans un film où je dois souffrir, au moins, essayons de temporiser avec autre chose ». Ca m’intéressait de passer d’un jour à l’autre à un cinéma complètement différent.

C.R : Le personnage part avec un passé assez inexistant et il va grandir à travers ses imitations, son sens moral se construit, il se projette dans le futur… Comment avez-vous envisagé cette évolution du personnage à la fois dans le jeu et dans la réalisation ?

M.D : Quand on a commencé à écrire avec Alexandre on s’est beaucoup posé la question de savoir si le personnage devait avoir un traumatisme initial, quelque chose qui expliquerait son comportement. On ne tenait pas à ce qu’il y ait une explication à son comportement. Quand vous résumez la névrose de quelqu’un à un incident en particulier, je trouve que c’est hyper réducteur. Même si on est tous les enfants de nos parents et qu’on est forgé par une éducation, je trouve que c’est extrêmement réducteur, on ne se résume pas à sa biographie. On trouvait donc que c’était bien plus intéressant de ne pas donner de clé afin que l’empathie soit plus forte pour le personnage. Après, pour la construction du personnage dans le film, l’idée était de raconter un film à la première personne sur quelqu’un qui a l’impression d’être personne et de construire le film autour de ce personnage de la même manière que lui-même envisage son rapport aux autres. On commence le film comme spectateur, on examine ce personnage, on se demande qui il est, quelles sont ses intentions et progressivement on comprend quel est son fonctionnement et je pense à ce moment que l’empathie nait pour lui jusqu’à épouser son point de vue et j’espère, jusqu’à avoir envie qu’il poursuive son chemin.

M.K : Je suis très d’accord avec ta réponse. Au sujet du traumatisme du personnage, on a trouvé que la matière était très belle quand on a commencé à en parler parce que c’était un sujet très intime qui nous renvoyait des choses sur l’extrême solitude, les fantasmes de vouloir devenir un autre et d’aller plus loin que le fantasme. Finalement, l’histoire de ce personnage a toujours été vécue comme quelque chose de très positif, c’est l’histoire de quelqu’un qui s’ouvre au monde.

C.R : Lequel des trois personnages avez-vous eu le plus de mal à incarner ?

M.K : Aucun des trois et les trois. Il n’y a pas vraiment de différence… Il est un plus simple c’est vrai de jouer Sébastien mais c’est que du jeu, on s’est vraiment amusé. A partir du moment où on vient, qu’on passe quatre heures de maquillage et qu’on arrive sur le plateau et tout le monde vous regarde bizarrement, vous ne vous rendez pas vraiment compte … C’est devenu très vite du jeu donc on ne peut pas tellement rentrer dans un personnage comme ça en se prenant trop au sérieux je pense. Parce que c’est une fable à la base, ce n’est pas une histoire réelle donc on ne peut pas trop travailler sur un passif ou sur une structure du personnage. C’est un film très poétique donc il faut accepter les choses, et pour accepter, il ne faut pas essayer de les comprendre trop donc on l’a joué très simplement.

C.R : Est-ce que vous avez choisi les comédiens en fonction de M. Kassovitz ?

M.D : Oui bien sûr. Une fois que Mathieu a été choisi, c’est-à-dire très tôt, tout le casting a tourné autour de lui. Le personnage de Sébastien Nicolas choisit des cibles qu’il peut potentiellement imiter donc il fallait qu’il y ait une ressemblance.

M.K : Il est même allé encore plus loin. Le comédien qu’ils ont pris pour incarner le personnage que j’interprète avec la doudoune dans le métro a été maquillé pour me ressembler. Ils lui ont mis un faux nez. Le vrai personnage a un faux nez pour que je puisse rentrer mon nez dans son personnage.

Interview réalisée par Patrick Van Langhenhoven et retranscrite pas Eve Brousse

Titre original : Un illustre inconnu

    Titre international : Nobody from Nowhere1

    Réalisation : Matthieu Delaporte

    Scénario : Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière

    Décors : Marie Cheminal

    Costumes : Anne Schotte

    Photographie : David Ungaro

    Montage : Célia Lafitedupont

    Musique : Jérôme Rebotier

    Production : Dimitri Rassam ; Alexandre de La Patellière (coproducteur)

    Sociétés de production : Chapter 2 ; Axone Invest, Fargo Films, Galfin Production 1/2, Nexus Factory, Orange studio et Pathé Production (coproductions)

    Société de distribution : Pathé Distribution

    Pays d'origine :  France

    Langue originale : français

    Format : couleur

    Genre : thriller

    Durée : 118 minutes

Distribution

     Mathieu Kassovitz : Sébastien Nicolas

    Marie-Josée Croze

    Éric Caravaca