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affiche Un homme idéal

Un homme idéal

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Un film de Yann Gozlan,
Avec Pierre Niney, Ana Girardot, André Marcon,

Genre : Thriller
Durée : 1h37
France

En Bref

Il y a cinq ans, Yann Gozlan nous faisait paniquer aux côtés de Zoé Félix et d’Eric Savin dans Captifs, un thriller d’épouvante prometteur passé inaperçu. Aujourd’hui, il nous met en présence du fraichement oscarisé Pierre Niney, angelot propret qui ne nous avait habitué jusque là qu’à des comédies et des drames plus ou moins pénétrants. Aperçu grave et émouvant dans Yves Saint Laurent, le voilà manipulateur, fourbe et meurtrier dans Un homme idéal. Ce nouveau thriller de facture classique à l’ambiance stylisée s’avère être un savant patchwork des ambiances et schémas déjà contés, imprégné d’une aura singulière, hors du temps, électrique, que l’on attribue sans mal à Niney et au style texturisé et décortiqué de Gozlan.

Mathieu, 25 ans, aspire depuis toujours à devenir un auteur reconnu. Un rêve qui lui semble inaccessible car malgré tous ses efforts, il n’a jamais réussi à être édité. En attendant, il gagne sa vie en travaillant chez son oncle qui dirige une société de déménagement. Son destin bascule le jour où il tombe par hasard sur le manuscrit d’un vieil homme solitaire qui vient de décéder. Mathieu hésite avant finalement de s’en emparer, et de signer le texte de son nom... Devenu le nouvel espoir le plus en vue de la littérature française, et alors que l’attente autour de son second roman devient chaque jour plus pressante, Mathieu va plonger dans une spirale mensongère et criminelle pour préserver à tout prix son secret…


Tantôt fou, tantôt fuyant, Un homme idéal est à l’image de son héro. Ce jeune homme insatisfait, guidé par un enchaînement de choix malencontreux, va, par la perte progressive de ses repères, échapper à tout contrôle sur sa propre vie. Pris dans un tourbillon inexorable, il va tout faire pour sauver les apparences, seul élément tangible dans sa vie. Si le pitch sur l’usurpation n’a en soi rien d’extraordinaire– on pense à Fenêtre Secrète de David Koepp ou à The Words – Un homme idéal nous conte autre chose. Yann Gozlan va en effet s’intéresser davantage à l’homme qui s’enfonce dans ses mensonges, plutôt qu’au monde de l’édition et du droit d’auteur.

Ici, dans une maitrise parfaite de sa narration, Gozlan va nous raconter crescendo l’histoire d’un beau salaud, de sa quête initiatique dans un jeu d’identité malsain. L’histoire d’un homme qui n’a jamais été à sa place et qui fait tout ce qui est en son pouvoir pour bouleverser son destin médiocre. Un homme qui est guidé par la reconnaissance puis par l’angoisse de perdre tout ce qu’il a gagné et surtout l’amour d’Alice. En ce sens, Gozlan réveille nos vieux démons motivés par un besoin de reconnaissance viscéral face à la banalité de la vie. Et c’est de cette façon que le métrage provoque la fascination, en nous portant complice de la transformation du héro en monstre. Gozlan fait le choix de centrer la narration sur Mathieu, préférant la compréhension sans pour autant nous rendre le personnage sympathique. Ainsi, on assiste à une mise en abîme du antihéros poursuivi par ses démons. Un effet que l’on va régulièrement retrouver à l’image, notamment à l’aide d’un jeu continuel avec les reflets. Miroirs, baies vitrées, écrans, tout est bon pour renvoyer l’image démultipliée de cet homme déchiré. Avec ses perpétuels glissements de l’ombre à la lumière et vice versa, Gozlan institue une esthétique active qui fait directement écho au tourment que traverse Mathieu, tantôt plein d’espoir, tantôt complètement abattu.  Ajoutons à cela une musique subtilement anxiogène qui nous projette directement nos angoisses dans  un Mathieu au bord du gouffre.

Derrière une construction elliptique bien amenée, Un homme idéal fait d’un schéma narratif classique, un excellent terrain à qui veut se prêter au jeu des scènes opposées. Et par ce procédé, on assiste impuissant à l’enfermement progressif de Mathieu vers une fin inéluctable.

 Sans s’en laisser paraître, Gozlan pose quelques interrogations pertinentes sur la genèse de l’auteur : somme toute, seules la souffrance ou le désespoir peuvent faire naitre la prose ? Jusqu’ou faut-il aller pour créer ? Nait-on prodige ou peut-on atteindre cet état grâce au travail et à l’abnégation ? Mais il ne va jamais mettre les points sur les « i » afin de laisser le spectateur seul juge du comportement et des agissements de Mathieu. Derrière ce personnage trouble, un acteur s’épanouit. Pierre Niney nous dévoile une palette d’expressions et de stades émotionnels sans nul autre pareil. Le jeune acteur fraichement césarisé prend à bras le corps ce rôle charismatique qui met une nouvelle pierre à l’édifice du grand acteur, du vrai. Face à un tel talent, Yann Gozlan fait le bon choix de laisser parler sa caméra et son image, nous épargnant des lignes de dialogue inutiles et d’insuffler à son film un savant dosage de clichés et codes du genre et d’un peu d’humour pour contrebalancer la rudesse du thriller habile qui est en train de se jouer sous nos yeux. En d’autres termes, on ne boude pas son plaisir.

Eve Brousse

Note du support : n/a
Support vidéo :
Langues Audio :
Sous-titres :
Edition :

Fiche technique

·       Titre original : Un homme idéal

·       Réalisation : Yann Gozlan

·       Scénario : Yann Gozlan et Guillaume Lemans, d'après le roman Lila, Lila de Martin Suter

Dialogues : Grégoire Vigneron

·       Photographie : Antoine Roch

·       Montage : Grégoire Sivan

·       Musique : Cyrille Aufort

·       Son : Nicolas Bouvet, Marc Doisne et Frédéric Heinrich

·       Décors : Jean-Philippe Moreaux

·       Costumes : Olivier Ligen

·       Production : Thibault Gast

·       Sociétés de production : 24-25 Films et WY Productions, en coproduction avec TF1 Films Productions et Mars Films

·       Société de distribution : Mars Films

·       Pays d'origine : France

·       Langue originale : français

·       Format : couleur - 2,,35:1

·       Genre : thriller

·       Durée : 97 minutes

Distribution

·       Pierre Niney : Mathieu Vasseur

·       Ana Girardot : Alice Fursac

·       André Marcon : Alain Fursac

·       Valeria Cavalli : Hélène Fursac

·       Thibault Vinçon : Stanislas Richer

·       Marc Barbé : Vincent

·       Laurent Grevill : Stéphane Marsan

·       Sacha Mijovic : Franck

·       Éric Savin : le gendarme