Un amour impossible

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Un film de Catherine Corsini ,
Avec Virginie Efira, Niels Schneider, , Camille Berthomier,

Genre : Drame psychologique
Durée : 2h15
France

En Bref

Cette histoire commence comme une romance entre Rachel et Philippe. Deux cœurs se trouvent et chantent leur amour impossible aux yeux de tous. La petite secrétaire sent son âme s’envoler, prisonnière de ce beau jeune homme. Il l’élève et la pousse à ouvrir ses ailes. Le bonheur s’envole, danse dans la lumière d’un petit soleil sur les bords du lac quand le printemps se fait docile. Il ne veut pas l’épouser, qu’importe ! L’amour dépassera la barrière des classes. Elle donne la vie, il ne veut pas reconnaître cette enfant, Chantal, la chair de sa chair. Le diable se dévoile et son visage devient moins celui des printemps. Il est plus celui de l’hiver qui mord froidement la terre. Rachel et Chantal construisent leur vie seules, sans cet homme qui les oublie. Puis il revient pour accepter de reconnaître sa fille et maintenir sa main sur la mère. Le diable est entré en la demeure et il n’en sortira qu’à l’heure des tourbillons qui brassent les feuilles d’automne qui s’envolent. Il est trop tard quand Chantal pousse ce cri qui résonne comme une tempête. Il annonce une nuit où mère et fille lutteront pour retrouver la route de l’amour filial, brisée par la main du diable.

Catherine Corsini choisit la voie de l’épure pour nous raconter une histoire de bonheur, d’amour fou, qui s’achève sur les tombeaux de la douleur. Comme pour La belle saison, Partir, Trois mondes, elle explore les sentiments au sein du couple et de la famille. En arrière-fond se glissent le mépris et la violence des classes sociales. La première partie ressemble à une romance, deux cœurs se cherchent, dansent dans les clairs obscurs du monde pour trouver sa lumière. La différence de classes ne les éloigne pas. Au contraire, elle élève et éveille Rachel à un autre monde. Dans ce paysage sensible aux couleurs des soleils printaniers, se glisse la nuit qui peu à peu s’avance. Le bonheur perd de ses couleurs quand Philippe ne veut pas épouser Rachel, pas assez riche, pas assez on ne sait quoi. Il continue quand il s’amuse de cet amour fou, dans un jeu pervers des partir et revenir. Il utilise la manipulation pour son jeu sadique qui à commencé quand ? Il prend de l’ampleur avec l’enfant qu’il ne reconnaît pas.

Il plante la graine d’un amour impossible, d’abord entre le père et la mère et comme un caillou jeté dans l’eau. Il crée des dommages collatéraux, impossibles entre le père et la fille, et dans un certain sens entre la fille et la mère. Dans ce maelström de douleur vient s’insérer une petite musique malsaine des non-dits, des mots, des actes qui blessent. À la fin, ils éclatent et éclaboussent tout. Catherine Corsini ne se pose jamais en donneuse de leçon, dans ce tumulte d’une existence sur une quarantaine d’années. Elle reste dans l’épure, touche à l’essentiel en évitant le sentimentalisme sans que le spectateur ne s’en aperçoive. Il devra refaire le chemin pour comprendre que dans cette route fragile de l’espérance, se glissent les premiers signes de la tempête finale.

Par moment, le film touche plus qu’à la grâce, à la magie de l’instant immortalisé dans certaines séquences. La dernière scène frôle le sublime quand Chantal dévoile la noirceur du père infâme. Elle prend de la hauteur avec la fin dans ce café où les vitres s’amusent des reflets de l’âme pour mieux nous toucher. Catherine Corsini s’affirme comme une réalisatrice importante qui décortique la valse des sentiments au cœur du couple. Elle est servie par une Virginie Efira magnifique, toute en retenue et un Niels Schneider dans un rôle pas facile de pervers retors et vicieux. Elle s’harmonise complètement avec le roman de Christine Angot, le faisant sien sans le trahir.

Patrick Van Langhenhoven