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affiche Trois coeurs

Trois coeurs

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Un film de Benoît Jacquot,
Avec Benoît Poelvoorde, Charlotte Gainsbourg, Chiara Mastroianni, Catherine Deneuve,

Genre : Comédie dramatique
Durée : 1h46
France

En Bref

Ce petit briquet coloré tente d’être allumé à plusieurs reprises par le personnage de Charlotte Gainsbourg. C’est la recherche de cette flamme amoureuse, chez des personnes abîmées par des relations compliquées ou la vie. L’amour impossible a à de nombreuses reprises été le thème central de films. Ici Benoît Jacquot s’approprie la chose et le mêle dans une histoire familiale au scénario bien pensé et attirant.

Cette caméra constamment s’avance vers les personnages, comme dans leur intimité. Marc (Benoit Poelvoorde), la quarantaine passée profite de la vie et des femmes, et fait cela justement « pour rentrer rapidement dans l’intimité de la personne ». Perdu après avoir raté son train, ce dernier va faire une rencontre différente, celle de Sylvie (Charlotte Gainsbourg). Rencontre d’un soir, après le train façon Before Sunrise, ils déambulent le temps d’une nuit, gardant leur part de mystère. Puis ils se quittent, avec la douce saveur de cet éphémère découverte et un rendez-vous... qui sera manqué.


La suite n’est donc pas celle espérée et sans trop en dire voilà que Marc rencontre une autre femme. Cette femme, Sophie (Chiara Mastroianni) n’est autre que la sœur de son amour déçu. Marc va se rendre compte de cela, en petits détails intelligemment amenés, avec encore ce briquet. Le dilemme est là et aucun choix heureux ne semble s’offrir à lui, il choisit la stabilité. Cette situation est-elle véritablement stable et surtout viable ?

Le film voit l’enchaînement des scènes de façon rapide, sans forcément avec des dialogues très denses. Cela peut être critiquable, et paraître, surtout au début, un peu long. Certaines petites facilités sont apparentes et des pistes inabouties. On en arrive, dans la première partie, à se demander si la bande-annonce n’était pas trop explicite. Mais dans un sujet simple, réaliste, Benoît Jacquot trouve du contenu et tient son film. Car les limites font du film une œuvre toute en retenue et en subtilité. Pas besoin de grand discours ici, de trop en faire. Les scènes s’enchaînent et tout est dit à travers les mouvements de caméras, des petits gestes. Et c'est là une de ses forces. Puis dans une des dernières scènes, embarqué dans une voiture, la grandeur prend forme et l’émotion attendue auparavant ne nous quitte plus.

Cette subtilité donne un côté rêve éveillé, ou un cauchemar, la fin confirmera la tendance. La voix-off renforce cela mais sa nécessité, elle qui est si peu présente et arrive tardivement, interroge. Au final le thème principal du film n’est pas forcément l’amour impossible. Ce sont ces moments, ces hasards de la vie, qui auront une influence sur tout le reste, nos choix et qui amènent la question « pourquoi ? ». Et là le film marque et est intéressant. Cet ardent désir réciproque transperce le cœur des deux protagonistes qui ne peuvent sortir de cette situation. Montant en puissance tout au long, l’influence de ces choix et instants qui peuvent gâcher une vie sont forts. Il y a la souffrance ressentie par Marc, son corps s’éteignant à la vitesse de son amour qui ne peut plus rester secret, mais aussi les « erreurs » que Marc ne recommence pas avec Sophie...

Pour mener la barque, un très beau et juste quatuor est commandé par un grand réalisateur. Gainsbourg qui pourrait agacée dans un rôle encore à sa guise, tout en mystère, dégage la torture de son amour de façon brillante. La surprise n’est pas non plus Chiara Mastroianni, qui ne surprend plus de par sa qualité mais bien Benoît Poelvoorde. Habitué à une veine comique et avec un naturel drôle que l’on ressent encore ici il vient ajouter un ton grave souvent inexploité chez lui. Le résultat est convaincant. Et que dire quand Catherine Deneuve a encore un rôle majeur...

En sélection officielle à la Mostra de Venise, après des Adieux à la reine, très réussi, Benoit Jacquot excelle encore dans la mise en scène et dans sa capacité à capter des moments clés sur une longue période, ce qui est difficile. Malgré des imperfections, le film prend rendez-vous, pas manqué celui-là espérons-le, avec les Césars couronnant les grands films français de l’année.

Clément SIMON

Note du support :
4
Support vidéo : Format 16/9 compatible 4/3, Format cinéma respecté 1.85, Format DVD-9
Langues Audio : Français Dolby Digital 2.0, Français DTS 5.1
Sous-titres : aucun
Edition : Wilde side vidéo

Bonus:

Making of
Interview des acteurs

    Titre : Trois cœurs

    Titre international : Three Hearts

    Réalisation : Benoît Jacquot

    Scénario : Benoît Jacquot et Julien Boivent

    Photographie : Julien Hirsch

    Montage : Julia Gregory

    Décors : Sylvain Chauvelot

    Casting : Antoinette Boulat

    Costumes : Catherine Leterrier

    Musique : Bruno Coulais

    Son : Pierre Mertens, Andreas Hildebrandt, Olivier Goinard

    Production : Christoph Friedel, Alice Girard, Genevieve Lemal, Claudia Steffen et Edouard Weil

    Sociétés de production : Rectangle Productions, Pandora Film, Scope Pictures, Arte France Cinéma

    Sociétés de distribution : Wild Bunch (France)

    Pays d’origine : France

    Langue : français

    Genre : Drame

    Durée : 100 minutes

Distribution

    Benoît Poelvoorde : Marc

    Charlotte Gainsbourg : Sylvie

    Chiara Mastroianni : Sophie

    Catherine Deneuve : Colette

    André Marcon : Castang, le maire

    Patrick Mille : le mari de Sylvie

    Cédric Vieira : le petit ami de Sophie

    Thomas Doret : Gabriel

    Francis Leplay : le médecin