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affiche Toute première fois

Toute première fois

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Un film de Noémie Saglio, Maxime Govare,
Avec Pio Marmai, Franck Gastambide, Camille Cottin,

Genre : Comédie
Durée : 1h30
France

En Bref

A 34 ans, Jérémie a déjà tout pour lui : un bon job, un bel appartement, une famille coulante et un petit amie aimant et attentionné, Antoine, avec lequel il planifie un mariage imminent. Seulement voilà, un beau matin après une soirée arrosée, il se réveille aux côtés d’Adna, une ravissante suédoise.

Doublement récompensé au Festival de l’Alpe d’Huez, Toute première fois catapulte son héros dans la remise en question, l’angoisse et le doute ; des sentiments rabâchés dans la comédie, sauf qu’ici, Noémie Saglio et Maxime Govare vont les revisiter avec une certaine originalité plutôt rafraichissante. Avec un tel postulat, on était en droit de s’attendre à un crash dans les plus grandes largeurs tant il laissait de place à l’humour gras et graveleux… Par chance, les deux cinéastes débutants sont parvenus à ne pas transformer leur idée de départ en farce grivoise, ni à tomber à l’inverse dans le cliché social. Bien entendu, on n’évite pas les rabattages inévitables de clichés et une platitude de la mise en scène mais le piquant et le sel des dialogues ainsi que l’alchimie entre les comédiens rendent le spectacle bizarrement agréable. Enfin une comédie romantique franchouillarde qui ne se tire pas une balle dans le pied.


Pas de quoi crier au triomphe non plus. Toute première fois, qui devait initialement s’appeler “Coming-in“ en opposition à “coming-out“ (annoncer son homosexualité), va prendre d’entrée un partie pris purement romantique, balayant d’un revers de manche tout discours social ou politique. Les deux cinéastes vont en effet baser leur propos sur un message : dans une société où deux personnes du même sexe peuvent convoler en justes noces, l’égalité n’a plus d’obstacle que le désir. Ainsi, le canevas va faire traverser Jérémie dans un questionnement identitaire plutôt banal en somme, à savoir : faut-il succomber au désir, à la nouveauté et à l’inconnu alors que la vie est si belle et bien rangée d’un autre côté ? Rien de bien neuf sous le soleil. D’autant que le cocon lisse et ronronnant dans lequel évolue le héros est encore à des années lumières des difficultés rencontrées par bien des homosexuels français à ce jour. Vous l’aurez compris, la structure narrative n’en mène pas large et se dote d’un déroulement mécanique qui peut agacer. Mais fort heureusement, les dialogues souvent incisifs et bien rythmés réussissent à nous faire passer un bon moment.

Les ressorts comiques, largement distillés par les seconds rôles comme il est souvent légion dans la comédie française, frôlent à plusieurs reprises les limites de l’indécence mais arrivent à nous faire rire à plusieurs reprises (“regarder Match Point, c’est parfait pour un rencard, il y a des sentiments pour les nanas, c’est du Woody Allen pour les intellos et il y a même du ping-pong pour les sportifs…“). Certaines scènes comme le strip-tease sur « I put  a spell on you » de Screamin’ Jay Hawkins ou l’annonce de l’hétérosexualité de Jérémie lors d’un repas de famille font parfaitement mouche et contrebalancent certains personnages archétypaux comme la sœur, le beauf et les parents, ainsi que le climax à l’autre bout du monde, qui vient conclure une dernière partie un peu mollassonne. Face à un scénario pour le moins inégal, le casting s’en sort assez bien. On se demande encore ce que Pio Marmaï (Un heureux événement, Alyah) vient faire dans le projet mais sa belle gueule et son air ahuri qui plaît autant aux filles qu’aux garçons se prête parfaitement aux traits de Jérémie. A ses côtés, Franck Gastambide (les Kaïra) est déchainé en meilleur pote/associé hétéro beauf à souhait. Homo-friendly, il est aussi bouffon et lourdingue, ce qui lui permet d’hériter de toutes les blagues les plus grivoises du film. Parfois ca passe et parfois ça coince. Quoi qu’il en soit, l’acteur arrive tout de même à tirer son épingle du jeu grâce à son énergie et aussi parce qu’il constitue, avec sa partenaire à l’écran Camille Cottin, un duo tout feu tout flamme. On soulignera également la première apparition au cinéma de la belle Adrianna Gradziel, aussi charmante que prometteuse.

Pour cette première réalisation, Noémie Saglio et Maxime Govare vont à l’essentiel : pas de piste de réflexion sociale ou de considération politique ; ça doit faire rêver et rire. Sur ce plan là, on n’est qu’à demi conquis. Même si on rit souvent et qu’on ne s’ennuie pas, le film oublie son sujet et nous conduit inéluctablement vers une fin consensuelle plutôt tiède. Reste qu’il a l’intelligence de ne pas s’enfoncer plus insidieusement dans l’ambiguïté de son propos et d’en ressortir quelques atouts notables. Mais si Toute première fois reste un bon élève dans une classe française un peu dissipée ces temps-ci, il est encore loin de jouer dans la cour des grands.

Eve BROUSSE 

Note du support : n/a
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Fiche technique

·       Titre : Toute première fois

·       Réalisation : Noémie Saglio et Maxime Govare

·       Scénario : Noémie Saglio et Maxime Govare

·       Montage : Béatrice Hermine

·       Photographie : Jérôme Alméras

·       Musique : Mathieu Lamboley

·       Producteur : Sidonie Dumas, Renaud Chélélékian et Édouard Duprey

·       Production : Les Improductibles, Kaly Productions, Gaumont et M6 Films

·       Distribution : Gaumont

·       Pays d’origine : France

·       Genre : Comédie

·       Durée : 90 minutes

Distribution

·       Pio Marmaï : Jérémie Deprez

·       Franck Gastambide : Charles

·       Camille Cottin : Clémence

·       Adrianna Gradziel : Adna

·       Lannick Gautry : Antoine

·       Frédéric Pierrot : Hubert Deprez

·       Isabelle Candelier : Françoise Deprez

·       Sébastien Castro : Nounours

·       Nicole Ferroni : Sarah Deprez

·       Étienne Guiraud : Jean

·       Diane Tell : elle-même