C’est l’été, la foule étouffe au mois de juillet à Rome. C’est le dix qu’une bande de malfaiteurs décide de kidnapper le fils de l’un des hommes les plus riches du monde. Ils espèrent en tirer dix-sept millions. Ils sont prêts à tout pour atteindre leur objectif. Il y a peu, le vieil homme, J. Paul Getty, renouait avec son fils et ses petits-enfants. L’empereur, depuis, déchante. J.Paul junior, deuxième du nom, a sombré dans la drogue et la dépravation. J.Paul troisième du nom reste en Italie auprès de sa mère, loin du vieil homme qui l’adorait. Ce dernier envoie Chase, un ex-agent de la CIA, fin négociateur, pour accompagner la mère dans les tractations qui s’engagent. La police tente de remonter la trace des kidnappeurs sans trop de succès. Il ne paiera pas, question de principe, d’argent, allez savoir. Il est urgent de trouver une solution. Il est donc revendu à la ‘Ndrangheta la mafia calabraise, la pire des organisations criminelles italiennes. Devant le refus de payer, elle n’hésite pas et renvoie un bout d’oreille du gamin à un journal pour montrer sa détermination. Le temps joue la montre. Il n’offre qu’une solution, payer, mais cela suffira-t-il ?
Ridley Scott réussit un thriller efficace, l’art de la négociation est plus important que le bruit des fusils. Il est obligé de retourner toutes les scènes avec J.P Getty, suite au scandale de l’affaire Harvey Weinstein frappant Kevin Spacey. C’est Christopher Plummer, contacté pour le rôle, qui reprend haut la main celui-ci. Il donne toute l’arrogance, la folie des grandeurs au personnage se prenant pour une réincarnation d’Hadrien. Le thriller devient un prétexte pour aborder le pouvoir de l’argent et une société qui déjà oublie l’humain. Le vieillard compte et profite de la moindre occasion pour augmenter son capital. « Pourquoi ? », lui demande Chase, un personnage inventé par Ridley Scott. « Pour plus », lui répond J.P Getty. La séquence où le vieil homme conduit son petit-fils dans les ruines du Colisée en dit plus long que tout sur le sujet du film. C’est la vanité de l’homme face à l’immortalité, la puissance d’un maitre du monde errant dans son temple où reposent des œuvres d’art, obtenues parfois de façon illégitime.
C’est l’argent qui vaut bien plus qu’une vie humaine pour cet homme se prenant pour Dieu. La thématique du mythe se retrouve presque partout dans l’univers de Ridley Scott de Légende à Alien Convenant en passant par Blade Runner, Exodus même Robin des Bois ou La chute du faucon noir. Il aborde le mythe de ce nouveau millénaire, l’argent, comme unique Dieu oubliant l’homme. « Tout est déductible des impôts, si on fait attention ». Dans le film, il accepte finalement de payer la somme déductible des impôts. Dans la réalité, J.P Getty finit par payer 3 millions de dollars. 2,2 millions sont en effet déductibles des impôts. Il fournit les 800 000 dollars restants sous la forme d’un prêt remboursable par son fils avec 4 % d’intérêts. C’est le mythe de l’Amérique de Trump, un homme se construisant seul face à l’adversité.
Il oublie que le principal, ce ne sont pas les dollars que l’on amasse. Ce ne sont pas non plus les œuvres d’art d’un musée perdu. C’est la vie et le cœur de ceux que l’on aime qui comptent plus que tout. Plusieurs scènes viennent renforcer le mythe comme l’une avec la mort du vieux lion seul, emportant dans sa mort l’image d’une Vierge à l’Enfant. Qu’est-ce qui aura compté à cet instant ultime où Dieu, le néant, le cosmos, rien, vous rappelle dans sa myriade d’étoiles ? J.P Getty junior finira par sombrer dans la drogue et l’alcool, suite à une overdose il devient tétraplégique. L’argent aura broyé plus d’une vie.
Patrick Van Langhenhoven
Titre original : All the Money in the World
Titre français : Tout l'argent du monde
Réalisation : Ridley Scott
Scénario : David Scarpa
Photographie : Dariusz Wolski
Montage : Claire Simpson
Musique : Daniel Pemberton
Production : Dan Friedkin, Bradley Thomas, Ridley Scott, Mark Huffam, Kevin Walsh, Quentin Curtis et Chris Clark
Sociétés de production : Imperative Entertainment et Scott Free Productions
Sociétés de distribution : Sony Pictures Entertainment (États-Unis), The Searchers (Belgique), Metropolitan Filmexport (France)
Pays d’origine : États-Unis
Langue originale : anglais
Budget : 40 000 000 $[réf. nécessaire]
Format : couleurs
Genre : thriller, drame, historique
Durée : 132 minutes
Dates de sortie : 27 décembre 2017
Distribution
Michelle Williams (VF : Valérie Siclay) : Gail Harris
Mark Wahlberg (VF : Bruno Choël) : Fletcher Chace
Christopher Plummer : J. Paul Getty
Charlie Plummer : John Paul Getty III
Andrew Buchan : John Paul Getty II
Romain Duris (VF : lui-même) : Cinquanta
Timothy Hutton : Oswald Hinge, l'avocat de Getty
Marco Leonardi : Mammoliti
Andrea Piedimonte : Corvo
Giulio Base : le médecin légiste
Giuseppe Bonifati : Giovanni Iocanni, l'avocat de Gail
Charlie Shotwell : John Paul Getty III, jeune