Un opéra quelque part en Russie, dans l’ombre des hommes veillent. Quand un groupe de terroristes débarque à l’improviste, ils sont là pour rectifier la trame du temps. Le protagoniste, un agent infiltré, mène la danse pour sauver un complice menacé de voir sa couverture dévoilée. Fin du prologue. Notre homme se retrouve perché dans le vrombissement des éoliennes, ailleurs, dans une mer oubliée. Le protagoniste est invité à rejoindre une organisation mystérieuse, Tenet. Il ne verra jamais le patron du groupuscule, mais recevra régulièrement ses ordres et des renforts pour sauver notre petite planète bleue. Votre mission, si vous l’acceptez, éviter la fin du monde. Un oligarque russe, Sator, possède une partie d’une machine infernale venue du futur et capable de renvoyer la planète dans les limbes. Aidé de Neil, un autre agent, le protagoniste doit éviter qu’il reconstitue le puzzle. Pour cela, il compte sur sa jeune épouse en instance de divorce. Le protagoniste découvre rapidement que le temps n’est pas à son affaire et que la jeune femme craint trop la bête pour se mesurer à elle. Il remarque des effets temporels pas très clairs, tout au long de sa course vers la vérité. La machine est capable d’inverser notre monde, l’effaçant de l’équation cosmique. Qui détient les clefs, qui mène la danse, Stator le nouveau dictateur fou, le patron du protagoniste ou des hommes du futur ? C’est ce que cherche à comprendre notre homme et la solution apparait, par petits morceaux d’un puzzle, dispersés dans le temps. Ils lui réservent bien des surprises. Il est temps de mener la danse, courses poursuites, retours en arrière, pièges temporels, attendent notre homme et son équipe.
Tenet est un titre en forme de palindrome. Il nous rappelle l’un des premiers films de Christopher Nolan, Memento. Il pouvait se voir aussi bien en avant qu’inversé. Découvert lors du festival du cinéma américain de Deauville, il fut un premier choc que la carrière du réalisateur concrétiserait par d’autres moments remarquables de cinéma. Le scénario de Tenet existe depuis longtemps. Dans la faille temporelle de son cinéma, le temps tient une place importante avec la mémoire, l’esprit dans la filmographie du réalisateur. Tenet est un de ces blockbusters qui demande de réfléchir tout en vous conduisant à tombeau ouvert. Le spectateur, comme le critique, se perd dans les méandres et inversions temporelles. Elles lui demandent plusieurs visions avant d’en saisir la substantifique moelle. Christopher Nolan ne prend pas le public pour un simple béotien réclamant plus d’images et d’action souvent frôlant l’impossible. Il l’emporte au passage dans une réflexion sur le temps vu comme une route que l’on peut remonter ou descendre à volonté. Pour Arthur Eddington 1928, le temps s’écoule dans une seule direction. « Selon Albert Einstein, temps, espace et matière ne peuvent exister l’un sans l’autre.
Plus encore, la matière inverse l’ordre habituel de causalité : ce ne sont plus le temps et l’espace qui sont le cadre des phénomènes mettant en jeu la matière, mais les corps qui influent principalement sur le temps et l’espace. » En mars 2019, des scientifiques, grâce à un ordinateur quantique, réussissent à inverser la flèche du temps, ce qui semblait improbable avant. Christopher Nolan s’appuie toujours sur les dernières découvertes comme dans Interstellar et Inception. On peut voir un certain aspect métaphysique, notamment ici sur la physique quantique et ses dernières avancées. Il fabrique un cinéma plus complexe, à regarder souvent plusieurs fois sous différents angles. Le spectateur n’est plus passif mais actif et participe à l’aventure par sa compréhension. Elle change de spectateur en spectateur et ne craignez rien, si vous ne saisissez pas tout, Tenet peut se voir aussi comme un bon film d’espionnage. Depuis longtemps, le réalisateur voulait rendre hommage au James Bond de la première période, Bons Baisers de Russie, James Bond 007 contre Docteur No par exemple. I
l ressemble donc à un James Bond avec sa scène d’ouverture, débouchant sur la mission de notre agent secret. Elle est régulièrement en lien avec une menace pesant sur le monde. Élisabeth Debicki est très convaincante en Bond Girl avec à la fois une certaine fragilité et une force cachée. Pour l’action, Robert Pattinson confirme son choix après Twilight d’une carrière plus imposante. La surprise vient de John David Washington, fils du légendaire Denzel. Il excelle après BlacKkKlansman : J’ai infiltré le Ku Klux Klan dans le rôle de ce nouvel agent secret. On apprécie la présence de Michael Caine et celle d’un Kenneth Branagh impressionnant en méchant de service. On trouve de nombreuses références, à la fois scientifiques et d’autres liées au cinéma d’espionnage, James Bond en premier lieu, Hitchcock et tous les dérivés, la série des Jason Bourne, les différents Mission impossible, etc.
Le point de départ est un prétexte à la fin du monde pour se lancer dans une course poursuite effrénée. Sauf que cette fois, le prétexte possède de solides bases à chercher dans les dernières avancées scientifiques. C’est sans doute ce qui égare le spectateur et le critique peu curieux du monde extérieur. Vous devrez remonter le temps pour en saisir le sens. Quoi que vous fassiez, vous n’y échapperez pas.
Patrick Van Langhenhoven
Titre original, français et québécois : Tenet
Réalisation et scénario : Christopher Nolan
Direction artistique : Toby Britton et Rory Bruen
Décors : Nathan Crowley
Costumes : Jeffrey Kurland
Photographie : Hoyte van Hoytema
Montage : Jennifer Lame
Musique : Ludwig Göransson
Production : Christopher Nolan et Emma Thomas
Production déléguée : Thomas Hayslip
Sociétés de production : Warner Bros. Pictures et Syncopy
Société de distribution : Warner Bros. Pictures (États-Unis, Royaume-Uni et France)
Budget : 250 000 000 de dollars1
Pays d'origine : États-Unis, Royaume-Uni
Langue originale : anglais
Formats : couleur - pellicule 35 mm / 70 mm - 2.35:1 - son DTS / Dolby Digital / IMAX 6-Track / Dolby Surround 7.1 / SDDS / Sonics-DDP
Genres : science-fiction, action, thriller, espionnage
Durée : 150 minutes
Dates de sortie : 26 août 2020 (sortie nationale)
Classification : Tous publics
Distribution
John David Washington (VF : Namakan Koné) : le protagoniste
Robert Pattinson (VF : Thomas Roditi) : Neil
Elizabeth Debicki (VF : Céline Mauge) : Katherine Barton
Dimple Kapadia (VF : Sylvia Bergé) : Priya
Michael Caine (VF : Frédéric Cerdal) : Sir Michael Crosby
Kenneth Branagh (VF : Renaud Marx) : Andrei Sator
Martin Donovan (VF : Guillaume Orsat) : Victor
Fiona Dourif (VF : Olivia Luccioni) : Wheeler
Yuri Kolokolnikov : Volkov
Himesh Patel (VF : Eilias Changuel) : Hamir
Clémence Poésy (VF : elle-même) : Laura
Aaron Taylor-Johnson (VF : Laurent Maurel) : Ives
Andrew Howard : Stephen
Denzil Smith : Liam
Sean Avery : un soldat rouge
Jack Cutmore-Scott (VF : Anatole de Bodinat) : Klaus