Sur la plage de Chesil

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Un film de Dominic Cooke,
Avec : Saoirse Ronan, Billy Howle, Emily Watson,

Genre : Drame psychologique
Durée : 1h50
Royaume-Uni

En Bref

Nous sommes en 1962 en Angleterre, dans le Dorset, avant les années du swinging London et de la vague hippie. Florence répète assidument dans son quatuor à cordes les différents morceaux de Beethoven, Britten et Mozart qui, elle l’espère, la conduiront un jour au succès. Elle est issue d’une famille classique à l’anglaise, entendez « square », conservatrice en diable. Edward, de son côté est un pur produit de la working class, avec une maman qui a subi des lésions cérébrales. Ces deux-là se sentent amoureux, cultivent une idylle qui les mène jusqu’à leur nuit de noces.

C’est le festival Ian McEwan cet été. Juste après My Lady, voici venir Sur la plage de Chesil. Par deux fois il a écrit les adaptations de ses propres romans. Or il semble que la transposition de ce qui fait le sel d’un livre n’est pas toujours aisée. On comprend, via les allers et retours dans la vie des personnages ce qui a permis puis consolidé leur relation. Tout y est, y compris le mouvement de condescendance des musiciens quand Edward vient aux répétitions de Florence ou de la mère de la jeune fille quand il vient prendre le thé chez elle. Et à chaque fois, nous revenons sur le ring de leurs premiers ébats dans cet hôtel de bord de mer qui est supposé abriter leur nuit de noces. Un hôtel un peu désuet, un peu poussiéreux, avec un protocole qui l’est tout autant. Les jeunes mariés sont raides, gênés par la présence des maîtres d’hôtel plantés derrière eux, prêts à faire le service. Ils symbolisent bien l’hypocrisie de l’époque, obséquieux face aux clients (ce qui ne les empêche pas d’attendre ostensiblement un pourboire), horriblement moqueurs dans leur dos. Et dans cette chambre qui est plus sacrificielle que nuptiale, la tension monte, jusqu’au dramatique dénouement. On sent les efforts fournis par le metteur en scène pour permettre au spectateur de ressentir tous les non-dits qui mettent des barrières entre les deux protagonistes. Et on ne peut qu’être étonné de ce mur invisible qui se dresse entre Florence et Edward au moment où ils devraient se rapprocher, d’autant que les flash-back les montrent proches, complices, presque unis. Tout tient dans ce presque.

On ne peut que déduire, conclure, comprendre ce qui se passe à l’écran. Derrière le paravent de la retenue gronde chez chacun d’eux une tempête de désir et de souffrance. De peur aussi. Dominic Cooke échoue dans sa tentative de mettre en images la détresse et la pression qui pèse sur ses personnages. Le résultat vire au long métrage propret. Un comble. De plus, Ian Mc Ewan a voulu deux scènes, l’une en 1967, l’autre en 2007 pour apporter une conclusion qui finit d’alourdir le film.

Les acteurs font tout pour tirer l’ensemble vers le haut et sauvent l’ensemble du naufrage, mais on peut faire les mêmes reproches à My Lady qu’à Sur la plage de Chesil. A se demander si le problème ne vient pas de l’adaptation… Tout le monde ne possède pas un talent multiforme.

F Poul