Susan, brillante analyste à la CIA, devient à chaque mission les yeux et le gardien de Bradley Fine. Grâce à sa technologie avancée, elle peut à distance, derrière l’écran virtuel, interagir pour guider le bellâtre. Hélas, notre agent tombe sur Raina Boyanov, une dangereuse menace pleine de charme qui met fin à sa carrière. Par vengeance, par souci du bien du monde en danger, Susan passe de l’autre côté de l’écran, sur le terrain où ses premiers pas s’avèrent plutôt particuliers.
Ce n’est pas Rick Ford, autre agent, du genre qui fonce et discute après, qui la soutiendra dans cette mission délicate. La belle devra faire appel à toute la finesse, le tact et la ruse féminine pour venir à bout de Raina la vipère. Elle peut compter sur Nancy, aussi gauche, mais un peu de folie et un sens personnel de l’action pourrait venir à bout de la menace.
Après Mes meilleures amies, comédie réussie sur le mariage, nous oublierons Les flingueuses pour nous rattraper avec cette parodie de James Bond et du film d’espionnage. Les spécialistes reconnaitront certaines scènes détournées de Bond à la sauce Paul Feig et des clins d’œil à Mission impossible ou Destination danger. Le ton est juste, dans la veine des comédies modernes, sans en faire trop et faire preuve de subtilité. Jason Statham, dans un rôle à contre-emploi, Jude Law campe un ersatz de James Bond, Mélissa McCarthy en espionne ingénue et Miranda Hart sont excellentes. Toute la panoplie du film d’espions passe à la moulinette du rire pour 2heures bien trop rapides.
Patrick Van Langhenhoven
Après s’être essayé à la satire de polar avec le passable Les Flingueuses, Paul Feig s’attaque à présent au pastiche de film d’espionnage avec Spy. Il retrouve pour l’occasion l’actrice Melissa McCarthy, comédienne qu’il a sans nul doute propulsé sous les projecteurs. Car au regard de la carrière de cette dernière, principalement composée de DTV (Direct To Video), dont Tammy et St Vincent et de projets bons marchés, la comédienne au bagou sans pareil semblait cantonnée au rôle de bonne copine un peu loufoque. Heureusement pour elle (et pour nous), Feig a décidé de lui confier un premier rôle de choix aux côtés de deux pointures : un spécialiste de films d’actions et un séducteur bondien de premier ordre. En ce sens, Spy fait preuve d’un féminisme revendiqué et entend contrebalancer avec le déséquilibre inégalitaire du genre. Le genre féminin représenté par la discrète et rondelette McCarthy trouve écho auprès de Rose Byrne, que le cinéaste gratifie d’un rôle de garce maigrelette qui n’a aucun remord à exécuter quiconque la décevrait un tant soit peu. Lorsque ces deux femmes d’action sont amenées à se côtoyer, par un drôle d’arrangement scénaristique, elles forment un duo aux antipodes où les piques capillaires et vestimentaires fendent l’air. L’antagonisme évident des deux personnalités va être à l’origine de quelques séquences désopilantes.
En face, les figures mâles se font copieusement descendre. Feig s’amuse à tourner au ridicule l’héroïsme et les faits d’arme d’un Jason Statham machiste à l’extrême, à rendre dégoulinantes les tentatives de charme de Jude Law pour garder son agent Cooper dans la poche et carrément grossières les allusions répétées de Peter Serafinowicz (Aldo). C’est simple, l’homme est ici soit macho, soit grossier, soit manipulateur, soit malhonnête. Et dans cette offensive pro-femme dans un monde – et un genre – de mâles, le cinéaste compile un nombre de gags faramineux à la minute. La répartie de l’actrice principale n’y est d’ailleurs pas étrangère ni le nombre incalculable de scènes où son contre-emploi fait rage dans un comique de situation toujours bien dosé. Derrière ce déluge de galéjades, l’action n’a pas à rougir des classiques de l’espionnage puisque la production a visiblement mis ses gros moyens au service de l’esbroufe. Entre duels à mains nues et courses poursuite grosse cylindrée contre scooter, la besogne ne manque pas de piquant (attendez d'assister à une bagarre féminine avec couteaux et poêles du meilleur effet). Le scénario ne manque pas également de ménager un peu de suspense et de dérouler son intrigue intelligemment sans trop en montrer, le tout en enchainant les tableaux à un rythme effréné. Spy ose quelques scènes trash, aussi bien dans le gore (certains plans sont étonnamment explicites et passablement gênants) que dans le sexe (des inserts de pénis en érection ? à Hollywood ?). Côté interprétation, si on ne peut plus nier la force comique de Melissa McCarthy, on est content de recroiser un Jason Statham dans un registre comique, qui retrouve la fougue aperçue à ses débuts chez Guy Ritchie (Arnaques, crimes et botanique et Snatch). De leur côté, Rose Byrne, force tranquille et Jude Law, séducteur comme jamais, remplissent leur contrat sans faux pas.
Intrépide et farceur, Paul Feig n’en est pas pour autant moins enclin à caresser les studios dans le sens du poil. Spy n’échappe pas aux petites erreurs de cabotin (apparition d’un rappeur connu plutôt maladroite et fin décevante) mais a le mérite de ne pas dresser une morale toute rose, prenant soin de laisser chaque chose à sa place (et à la place que notre physique nous assigne). Sous couvert de blockbuster décadent, Feig évite le pastiche pur du genre Y-a-t-il un flic pour sauver la Reine ? et propose un concentré d’humour, d’action et de charme un peu décalé, mais terriblement efficace.
Eve Brousse
Bonus:
Version longue inédite du film
Bêtisier
Titre original et français : Spy3
Titre québécois : Espionne
Réalisation : Paul Feig
Scénario : Paul Feig
Producteur : Peter Chernin, Jenno Topping, Paul Feig, Jessie Henderson
Producteur exécutif : Mike Larocca, John J. Kelly
Sociétés de production :
Société(s) de distribution : 20th Century Fox
Pays d'origine : États-Unis
Langue originale : anglais
Format : couleur - 35 mm - 2,35:1 - son Dolby Digital
Genre : Comédie, Film d'action
Durée : 120 minutes
Distribution
Melissa McCarthy interprète Susan Cooper.
Jason Statham interprète Rick Ford.
Melissa McCarthy1 : Susan Cooper
Jason Statham (V.F. : Boris Rehlinger) : Rick Ford
Jude Law (V.F. : Alexis Victor) : Bradley Fine
Rose Byrne (V.F. : Françoise Cadol) : Rayna Boyanov
Miranda Hart (V.F. : Armelle Gallaud) : Nancy
Bobby Cannavale : De Luca
Allison Janney : Elaine Crocker
50 Cent : Lui-même
Morena Baccarin (V.F. : Laurence Bréheret) : Karen Walker
Nia Long
Nargis Fakhri
Peter Serafinowicz
Björn Gustafsson
Verka Serduchka
Zach Woods
Jessica Chaffin (V.F. : Céline Duhamel) : hôtesse du casino