Des problèmes de garde d'enfants, quelques fantômes et des films de massacres horribles, mais pas de quoi effrayer Margot pour qu'elle se réfugie dans vos bras. On ne ressortira pas les crucifix pour ce second volet qui, sans être l’apocalypse, demeure moyen.
Courtney échappe à la violence de son mari en emportant ses deux jumeaux. Riche propriétaire, il lance à ses trousses des détectives chargés de ramener la brebis égarée et ses agneaux au bercail. Courtney essaye de se refaire une nouvelle vie bien planquée, loin de la foule et des coups. Elle loge dans une petite maison dans la prairie jouxtant une église où elle restaure les chaises. Pourtant, chaque nuit Dylan descend à la cave avec ses nouveaux amis, des enfants prisonniers du pays des morts. C’est le même rituel. Milo le chef de la bande l’entraine dans les entrailles pour visionner un film différent chaque soir.
La bobine de mauvaise facture en 16 mm dévoile un meurtre commis par les charmants bambins basculés dans les bras du Bughuul. Il est traqué par l’ex-shérif du premier chapitre, devenu détective et pyromane. Il brûle les maisons évitant à la créature venue d’ailleurs de maintenir l’emprise sur la famille. Forcément ses pas le conduisent à croiser ceux de Courtney. Deux âmes perdues se trouvent et entament une danse de vie pendant que le démon tisse sa toile autour de sa proie. Le jour du dernier film arrive et Dylan refuse une bonne fois pour toutes de voir ces horreurs sur pellicule. Il ne montre pas assez de rancœur ou de colère envers sa famille pour passer à l’acte final. Peu importe, un autre ne demande qu’à prendre sa place, le Bughuul avait déjà tout prévu. Sonnez violons, jouez crécelles, l’heure du jugement dernier arrive pour la petite famille idyllique. Quel sera le thème de ce nouveau film ?
Nouvel opus de Blumhouse, Jessabelle, Ouija, Paranormal Activity, Gallows, The Lazarus Effect, maitre du nanar d’épouvante, il portait déjà toutes les craintes en lui. Le genre ne se porte pas bien avec tous ces ados hurlants et ces caméras tremblotantes enrobées dans un scénario creux. Le fantastique recèle encore de perles à découvrir dans les festivals ou chez quelques maitres du genre encore vivaces dans leur propos. L’épouvante aligne depuis un certain temps comme un relent de fin de civilisation, Poltergeist 3D, Insidious 3, Les dossiers secrets de l’exorcisme, Les dossiers secrets du Vatican et Unfriended, Catacombe, Pyramide, copies boiteuses comme le diable, ersatz, teen frayeur, même pas peur. Sans être exceptionnel, il s’en tire honorablement, grâce à son réalisateur qui reprend sa thématique de l’enfance. Déjà dans Citadel il nous dévoilait des enfants mal intentionnés.
Il s’appuie sur les jumeaux à deux faces, bien et mal, pour construire une ambiance réussie sans jouer de la surenchère. Nous passerons les adultes mal exploités, notamment l’adjoint du shérif devenu privé, servant de lien avec le premier. C’est par les enfants que l’enfer arrive. Dylan, battu, trouve dans Milo un copain invisible qui le comprend. Peu à peu il distille les graines de la vengeance dans le cœur du garçon qui refuse au début de voir les films. Le film montre comment l’esprit mauvais tisse sa toile, plante la graine dans un terreau propice. Les deux jumeaux représentent le bien pour Dylan et le mal pour Zach au moment du choix, du basculement ce dernier n’aura aucune peine à agir. Il pose la question de la nature du mal, génétique venant de son père homme violent et cruel. La mère est le bien dans ce regard très manichéen, ce qui est un peu dommage.
De la même manière, le père détruit, broie, casse, la mère restaure des vieux meubles meurtris. Pour le reste, nous apprendrons plus sur ces films immortalisant un crime commis par les enfants, chaque fois la folie meurtrière monte d’un degré. Dans le premier volet, c’était l’innocence pervertie par le mal qui basculait dans les limbes de l’enfer. Ici c’est l’inverse, le Bughuul, croquemitaine, trouve une graine noire qu’il aide à grandir. Ce dernier est assez mal exploité et intervient très peu, laissant le sale boulot au mioche. Le film arrive à installer un vrai climat malsain, évitant les caméras parkinsoniennes à l’image mauvaise. Le travail est soigné, classique, nous regrettons que le sujet ne soit pas moins manichéen et plus tortueux, et certain personnages assez fades.
Patrick Van Langhenhoven
Titre original et français : Sinister 2
Titre québécois : Sinistre 2
Réalisation : Ciaran Foy
Scénario : Scott Derrickson et C. Robert Cargill
Direction artistique : Merje Veski
Décors : Peter L. David et Larry Lundy
Costumes : Stephani Lewis
Photographie : Amy Vincent
Montage : Ken Blackwell
Musique :
Production : Jason Blum, Scott Derrickson et Brian Kavanaugh-Jones
Sociétés de production : Automatik Entertainment et Blumhouse Productions
Sociétés de distribution : Focus Features (États-Unis), Wild Bunch Distribution (France)
Langue originale : anglais
Format : couleur - 35 mm - 2,35:1 - son Dolby Digital
Genre : Horreur, épouvante, thriller
Durée : 98 minutes
Dates de sortie : France : 19 août 2015 - Interdit aux moins de 12
Distribution
James Ransone (VF : Donald Reignoux) : l'ex shérif adjoint So & So
Shannyn Sossamon (VF : Olivia Nicosia) : Courtney Collins
Robert Daniel Sloan : Dylan Collins
Dartanian Sloan : Zach Collins
Lea Coco : Clint Collins
Nicholas King : Bagul / Mr. Cruel
Tate Ellington (VF : Jérémy Bardeau) : Dr. Stomberg
John Beasley : père Rodriguez
Lucas Jade Zumann : Milo
Jaden Klein : Ted
Laila Haley : Emma
Caden M. Fritz : Peter
Olivia Rainey : Catherine