Une comédienne qui a connu la célébrité grâce à son rôle au théâtre d’une jeune fille poussant sa maîtresse plus âgée au suicide se voit, des années plus tard appelée à reprendre la pièce mais cette fois à la place de l’ainée.
L’art est au cœur du film d’Assayas, et surtout, le temps qui passe. Il sort le grand jeu de la mise en abyme à la puissance mille. Tout débute dans un train où l’on fait connaissance de Maria (Juliette Binoche) et de son assistante Valentine (Kristen Stewart). Elles se rendent à une cérémonie de remise de prix genre Molières en Suisse où Maria doit recevoir à la place de l’auteur la récompense suprême.
Le film, comme la pièce de théâtre, est construit en plusieurs parties (plusieurs actes) et petit à petit, les relations de l’actrice et son assistante, qui l’aide à répéter la pièce, sont imbibées lentement par le contenu de celle-ci, basée sur les relations de soumission, de dépendance et d’exclusivité conduisant à la défaite de la plus âgée des deux femmes.
Nous sommes étourdis par les méandres du scénario, évoquant à lui tout seul le phénomène connu sous le nom de Maloja Snake, le serpent brumeux qui envahit la vallée suisse où les deux femmes séjournent. Binoche, toute à son travail ne mesure pas l’investissement de son assistante, et prend comme un affront le fait que celle-ci ait des goûts artistiques différents des siens, et prétende à une vie privée. Nous assistons à des relations en miroir qui toutes ont un rapport avec le passage du temps, le lien entre la fiction et la vraie vie, et le décalage entre la cruauté involontaire de la jeunesse et celle, désespérée, de la femme mûre blessée.
Si l’on peut supporter le passage incessant des écrans dans le film, smartphones, tablettes, ordinateurs, à se demander si l’on n’est pas en plein placement produit, et un certain « intellectualisme branché », on finit par être emporté par ce film sinusoïdal qui vous enserre tel un boa.
La conclusion est très réjouissante, puisqu’elle insiste sur le fait que le regard que l’on porte sur la vie est une question d’angle, de point de vue, et que ce n’est pas forcément ce qui brille sous l’objectif des paparazzis qui est le plus attrayant.
Binoche est impressionnante, mais Kristen Stewart, par sa discrétion, efface en quelque sorte la performance de l’actrice confirmée. Encore un maillon de plus dans ce serpentin cinématographique.
Bonus B.R:
Interview d'Olivier Assayas (émission d'Arte "Les invités d'Olivier Père" à Cannes) (HD - 22'18")
Court métrage : "Le phénomène nuageux de Maloja" d'Arnold Franck (1924 - muet - cartons allemands sous-titrés français - 7'37")
Galerie photos : diaporama en musique (HD - 1'07")
Titre original : Clouds of Sils Maria
Titre français : Sils Maria
Titre québécois :
Réalisation et scénario : Olivier Assayas
Direction artistique : Gabriella Ausonio
Décors : Francois-Renaud Labarthe
Costumes : Jürgen Doering
Photographie : Yorick Le Saux
Son : Daniel Sobrino
Montage : Marion Monnier
Musique :
Production : Charles Gillibert
Sociétés de production : Arte, CAB Productions, CG Cinéma, Pallas Film et Vortex Sutra
Sociétés de distribution : Les Films du Losange
Budget :
Pays d’origine : France, Allemagne, Suisse
Langue originale : anglais
Format : couleur - 35 mm
Genre : Film dramatique
Durée : 124 minutes
Distribution
Juliette Binoche : Maria Enders
Kristen Stewart : Valentine
Chloë Grace Moretz : Jo-Ann Ellis
Brady Corbet : Piers Roaldson
Johnny Flynn : Christopher Giles
Claire Tran : Mei Ling
Lars Eidinger : Klaus Diesterweg
Angela Winkler : Rosa Melchior
Hanns Zischler : Henryk Wald
Benoît Peverelli : Berndt
Luise Berndt : Nelly
Gilles Tschudi : le maire de Zurich
Caroline de Maigret : attachée de presse Chanel
Jakob Kohn : manager de Jo-Ann
Nora Von Waldstätten : actrice film de superhéros