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affiche Si j’étais un espion

Si j’étais un espion

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Un film de Bertrand Blier ,
Avec Bernard Blier, Bruno Cremer, Suzanne Flon,

Genre : Espionnage
Durée : 1h34
France

En Bref

Un beau jour, un dépressif rencontré en vacances en Pologne débarque dans le cabinet du bon docteur Lefebvre. La petite vie ordinaire et tranquille du docteur bascule dans un autre univers. Le voilà épié, poursuivi par des hommes de l’ombre, soldats d’une organisation d’espions, au service de l’Etat peut-être ? Il n’en faut pas plus pour que la paranoïa envahisse le quotidien de Lefebvre. Elle devient de plus en plus omniprésente avec la présence de Matras, membre de ce club secret. Il pénètre dans la vie du bon docteur, en fouille les recoins les plus secrets. Il finit par dévoiler des coïncidences étranges qui laissent planer le doute sur la véritable identité de Lefebvre. Contraint sous la menace d’atteinte à la vie de sa fille, il obéit contre sa volonté aux ordres de l’organisation. Qui est le docteur Lefebvre ? Est-ce un de ces médecins consciencieux, dévoué à ses patients ou un espion à la solde de l’ennemi ?


Influencé par son père et George Clouzot, Bertrand Blier décide de devenir réalisateur. Le grand public le découvre avec Les valseuses, irrévérencieux, décalé, absurde, dont on croyait qu’il représentait les débuts d’une carrière exceptionnelle. C’est grâce au travail de restauration 2K et 4K entrepris depuis 2012 pour redonner vie à un fonds incontournable de l’histoire du cinéma que l’on redécouvre la genèse de son travail. Après un documentaire sur la jeunesse de l’époque, Hitler, connais pas !, pour son premier long métrage, il choisit un genre en vogue, l’espionnage. Si le titre de son documentaire annonçait déjà la provocation, Si j’étais un espion en est la vraie première pierre. Le film n’aura pas le succès qu’il mérite à son époque, sans doute déjà en avance sur son temps, plus moderne. La période est aux James Bond, OSS 117, les années soixante marquent en effet un âge d’or du genre. Il nait dès l’apparition du muet, connaît plusieurs périodes, avec la guerre froide dans les années soixante, et un retour dans les années 90. Alfred Hitchcock le popularise dans les années 1930 avec L’Homme qui en savait trop (cette première version date de 1934), Les 39 Marches (1935), Quatre de l’espionnage (Secret Agent 1936) et Une femme disparaît (1938).

Bertrand Blier s’amuse avec les codes du genre dans une mise en scène annonçant déjà en filigrane la suite de sa carrière. Nous retrouvons le soin apporté aux personnages, souvent ambivalents pour le spectateur. La parano finit d’ailleurs par le gagner, l’amenant à se demander si Lefebvre n’est pas un espion. Ceci est dû à tout le soin apporté à l’atmosphère du film, troublante, sans cesse sur la corde raide. Bernard Blier trouve un rôle plus dramatique, loin des comédies habituelles. Il joue sur l’ambiguïté de son personnage dont nous ne connaitrons jamais la vraie nature, espion ou pas. Bruno Cremer compose un espion mutique et dangereux. Nous pouvons voir leurs échanges comme une partie d’échecs, sans savoir qui est échec et mat. C’est un regard sur l’époque avec un soin apporté à la relation père fille.

 Les seconds rôles, Suzanne Flon, Claude Piéplu en tête, renforcent ce jeu de la vérité et du mensonge. Cette première réalisation, aux apparences classiques, cache sa vraie nature derrière les lignes. Il faut regarder la finesse des dialogues et le sens des images révélant un suspense intense, très moderne. Le jeu du double du reflet des miroirs, des portes et des téléphones renforce ce climat trouble. La bande-son de Michel Colombier et Serge Gainsbourg accompagne parfaitement la quête d’un espion qui ne l’est peut-être pas. Si j’étais un espion nous éclaire sur la carrière de Bertrand Blier et ce rendez-vous manqué sur un homme trop en avance sur son temps.

Patrick Van Langhenhoven

Note du support : n/a
Support vidéo : Format 16/9 compatible 4/3, cinéma
Langues Audio : Français Dolby Digital 5.1
Sous-titres : audiodescription
Edition : Pathé

Bonus :

Si j'étais un espion, entretien avec Bertrand Blier par Vincent Roussel, auteur de «Bertrand Blier, cruelle beauté» (2020) (2022, 29 mn 59)

- archive : Bernard et Bertrand Blier à propos de leur première collaboration (INA, 1967, 4 mn 05)

    Titre original : Si j'étais un espion

    Réalisation : Bertrand Blier, Assisté de Gérard Guérin

    Scénario : Jacques Cousseau, Jean-Pierre Simonot, Philippe Adrien, d'après une histoire originale d'Antoine Tudal et Bertrand Blier

    Décors : Marc Desanges

    Photographie : Jean-Louis Picavet

    Son : Guy Rophé

    Musique : Serge Gainsbourg

    Orchestration : Michel Colombier

    Montage : Kenout Peltier

    Production : Pierre Cabaud, Lucien Masson

    Société de production : UGC Images, La Société des films Sirius, Pathé Production

    Société de distribution : Compagnie française de distribution cinématographique

    Pays d'origine : Drapeau de la France France

    Langue originale : français

    Format : noir et blanc — 35 mm — 1,37:1 — son Mono

    Genre : film d'espionnage

    Durée : 95 minutes

    Date de sortie en salles : 30 août 1967

    Date de sortie vidéo : 20 juillet 2022

Distribution

     Bernard Blier : Le docteur Lefèvre

    Bruno Cremer : Matras

    Patricia Scott : Sylvie Lefèvre

    Claude Piéplu : Monteil

    Pierre Le Rumeur : Kruger

    Jacques Sempey

    Francis Lax : Rodar

    Jacques Rispal

    Madeleine Geoffroy

    Renée Barell