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affiche The Search

The Search

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Un film de Michel Hazanavicius ,
Avec Bérénice Bejo, Annette Bening, Maxim Emelianov,

Genre : Guerre
Durée : 2H15
France

En Bref

Le film s’ouvre sur la violence sans fondement, la barbarie de la guerre quand elle atteint, aveugle, les civils et ne donne aucune raison à son chant de mort. A l’approche du deuxième millénaire qui devait être spirituel ou pas, les armées russes se lancent dans une nouvelle croisade contre la Tchétchénie. Nous allons suivre le chemin parsemé de douleur de quatre vies lancées comme des dés par un dieu cynique sur la terre des morts, où les vivants cherchent à échapper au chaos pour un Éden incertain.

Hadji est un jeune garçon de dix ans qui ne verra pas le temps des jeux et des rires dans la cour de la maison. Il assiste à la mort de sa famille paysanne broyée dans une guerre qu’il ne souhaitait pas. En charge de son petit frère, il se retrouve dans un camp, au-delà de la frontière. Entre-temps, trop petit pour subir le poids du bébé, il l’abandonne à des mains d’adultes, plus sures. Raïssa sa sœur échappe à la mort et se retrouve à son tour jetée sur les routes de l’exil. Elle n’a plus qu’un but, retrouver les deux derniers membres de sa famille, pour peut-être retrouver la route pour se reconstruire.


Côté russe, nous suivrons un pauvre gamin passionné de musique, il se retrouve pour un joint de trop entre deux choix, Charybde ou Scylla, la prison ou l’armée. Kolia choisit l’armée et la guerre, croyant éviter le pire. Il vient d’entrer en enfer. Bafoué pendant ses classes, car considéré comme un délinquant, un sous-homme, il se retrouve entre les morts, ses camarades de retour dans des sacs plastique. Envoyé sur le front, il craint de revenir de la même façon. Dernière vie jetée par ce dieu ironique, Carole, une jeune femme appartenant à une association de défense des droits de l’Homme, est mandatée par l’Union européenne pour produire un rapport dont tout le monde se fout. Ces vies se retrouvent au croisement du destin. Hadji enfant perdu trouve dans le regard de Carole un peu d’humanité où accrocher le début d’un nouvel espoir.

Nous nous interrogeons : pourquoi cet acharnement sur le nouveau projet de Michel Hazanavicius ? Sincèrement, si le film n’est pas parfait, il ne mérite pas un tel opprobre. Nous n’avons toujours pas la réponse. Le réalisateur change de genre après la comédie où il excelle pour le drame dans un choix plus casse-gueule. En partie remake du film The Search en français Les Anges marqués, reprenant la trame du petit garçon en fuite, d’un soldat américain qui le recueille et de sa mère en quête de son fils. Justement, Hazanavicius en rajoutant l’histoire du soldat russe,  la partie sur l’Union européenne rajoute deux parties inégales. Il n’est pas Alejandro González Iñárritu, maitre des histoires croisées. Parfois le film emprunte des chemins trop simplistes malgré une certaine noirceur. La partie du jeune soldat russe est trop appuyée, mais ne manque pas de noirceur. Nous comprenons bien que l’armée russe ressemble à une bande de pillards, salopards sans foi ni loi.

Le parcours de ce pauvre gosse ramassé pour un bout de cannabis se retrouvant, comme pendant la guerre du Vietnam, brisé par l’armée, jeté en pâture, chair à canon comme ils disent. Il méritait un film à lui seul et le trait forcé dessert le discours voulu par le réalisateur. De la même façon, le discours au Parlement européen avec ses députés peu nombreux, parfois dormant comme la Belle du conte, en gros tous ces bons bourgeois s’en foutent comme de l’An quarante. Dans l’exil du gamin, la longue route dans la boue et les ruines jusqu'au camp est plus frappante. Nous compatissons et sommes en empathie avec ce gamin abandonnant le bébé, cherchant juste à survivre.

Il se mure dans le silence croyant y trouver l’oubli peut-être. Jouer sur la maternité et remplacer le personnage masculin de l’original par une femme nous paraît intéressant. Dommage que le jeu des acteurs ne soit pas toujours en adéquation et manque d’un rien qui nous attrape à l’âme. Tous les discours sur la maternité, la responsabilité de l’instinct maternel, notre regard aveugle sur une guerre à notre porte se perdent dans la longueur et la redite. Le jeune soldat russe, Maksim Emelyanov, nous livre une belle prestation, dans un jeu viscéral poussé à l’extrême. The Search gagnerait à un peu plus de fluidité, raccourcir certaines scènes, voir enlever des redites, ce qui donnerait plus de pêche à l’ensemble. À notre avis, le film garde peut-être un certain côté de la comédie dans sa construction, mais nous ne doutons pas qu’Hazanavicius puisse trouver sa place dans le drame. Il existe dans le film des moments qui, sans être de grâce, restent inspirés et prometteurs.

Patrick Van Langhenhoven

Note du support :
3
Support vidéo : Format 16/9 compatible 4/3, Format cinéma respecté 2.35, Format DVD-9
Langues Audio : Français Dolby Digital 5.1
Sous-titres : Français
Edition : Warner vidéo


Titre original : The Search

    Réalisation : Michel Hazanavicius

    Scénario : Michel Hazanavicius

    Direction artistique : Émile Ghigo

    Montage : Anne-Sophie Bion et Michel Hazanavicius

    Photographie : Guillaume Schiffman

    Production : Thomas Langmann

    Sociétés de production : La Petite Reine

    Sociétés de distribution : France Warner Bros.

    Pays d’origine :  France

    Budget : 22 000 000 €

    Langue originale : anglais

    Durée : 160 minutes

    Genre : Drame de guerre, Film choral

Distribution

     Bérénice Bejo : Carole

    Annette Bening : Helen

    Maksim Emelyanov : Kolia

    Zukhra Duishvili : Raïssa

    Abdul Khalim Mamutsiev : Hadji

    Nino Kobakhidze

    Nika Kipshidze