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affiche Samba

Samba

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Un film de Eric Toledano, Olivier Nakache,
Avec Omar Sy, Charlotte Gainsbourg, Tahar Rahim,

Genre : Comédie
Durée : 1h58
France

En Bref

Après la bombe Intouchables, le trio successfull Eric Toledano, Olivier Nakache et Omar Sy revient avec un nouveau feel-good movie un peu plus retors qu’il n’y paraît. En son cœur, un récit humain drôle, puissant, rempli de bons sentiments et autour, une fable sociale qui frise parfois le manichéisme et le cliché. Mais qui peut jeter la pierre à ces deux compères qui ont choisi une fois de plus un sujet grave et complexe avec des accents durs à gérer, interprété par des acteurs qui n’ont pour certains pas fait leur preuve dans la comédie et pour d’autres qui n’ont pas fait leur preuve du tout ? Samba n’a manifestement pas de quoi faire de l’ombre à son grand-frère mais peut se targuer d’aller gratter un peu là où ca fait mal.

Samba, sénégalais en France depuis 10 ans, collectionne les petits boulots ; Alice est une cadre supérieure épuisée par un burn out. Lui essaye par tous les moyens d'obtenir ses papiers, alors qu'elle tente de se reconstruire par le bénévolat dans une association. Chacun cherche à sortir de son impasse jusqu'au jour où leurs destins se croisent... Entre humour et émotion, leur histoire se fraye un autre chemin vers le bonheur. Et si la vie avait plus d'imagination qu'eux ?


“Le personnage n'est pas proche d'Omar Sy comme pouvait l'être Driss dans Intouchables" déclarait Olivier Nakache lors d’une interview. Tout est dit, Samba est une « nouvelle aventure » avec une « mécanique différente que dans Intouchables ». D’aucuns diront que Samba est un Intouchables 2 tandis que d’autres préfèreront recenser tous les points qui les désunis. Disons juste que ces deux films se ressemblent sur la forme mais c’est dans leur traitement qu’ils diffèrent. Nous sommes bien dans une comédie sociale où les contraires s’attirent sauf que c’est l’attirance amoureuse qui les unit ici. La aussi, le “blanc“ de l’histoire a une bonne situation mais présente un handicap (la paralysie laisse place à la dépression). En cela, Samba est davantage un approfondissement dans le travail de deux cinéastes, de deux regards, portés sur des œuvres littéraires. Ici l’idée originale provient du roman Samba pour la France de Delphine Coulin paru en 2011, dans lequel les auteurs ont enfin pu trouver matière au sujet qui les attirait depuis tant d’années. Un produit brut qui va d’ailleurs recevoir quelque coupes et l’ajout du personnage d’Alice, pour la dimension amoureuse.

Dans une approche quasi documentaire, le film capte à plusieurs reprises des scènes de travail détaillées dans un Paris ouvrier et clandestin et dépeint en filigrane l’univers hostile de l’entreprise, exigeant et consumant, qui filtre dans une confidence de cette cadre d’une grosse boite poussée vers un « burn out » et qui, dans son processus de guérison, va devoir caresser des chevaux et faire dans le soutient associatif aux sans-papiers ; un beau clin d’œil, parfois presque trop cliché, mais plein de bons sentiments à une société étroite comme on la connaît bien. Ces démonstrations de noirceur humaine (voir la scène où Alice hurle après Samba comme un chef contre son ouvrier incompétent) découvrent un versant plus réaliste et complexe du film ; une ambiguïté inattendue va alors se dessiner dans l’écriture même des cinéastes. La réelle surprise de Samba réside dans le fait de découvrir, sous ses allures de “feel-good movie“ inoffensif, des rouages plus apparents et l’audace d’assumer sa part d’obscurité, notamment dans cette « utilité » des rapports humains. Du côté d’Alice, se préoccuper du sort de Samba n’est pas seulement le résultat d’un coup de cœur mais il y a de l’égoïsme et un mépris des classes dans sa démarche : Samba est le moyen de panser son informité affective. De son côté, le personnage d’Omar Sy n’est pas juste le bon noir plaisantin et généreux mais un homme trouble, capable de trahison, qui est conscient des avantages qu’il y a à s’unir avec une bourgeoise. On ressent d’ailleurs cette ambiguïté jusque dans la relation amoureuse qu’ils tissent et lors de cette première scène d’intimité maladroite et brusque où le malaise des deux protagonistes découle assurément de leur conscience d’exploitation réciproque. Mais l’analyse de cette morale sombre, individualiste et cynique s’arrête là pour les réalisateurs, qui préfèrent rester dans le film-pommade et on ne leur jette pas la pierre. Pour ne pas trop verser dans le mélodrame, on nous projette une pincée de légèreté fédératrice (voir Tahar Rahim faire un strip-tease sur une nacelle de laveur de carreaux en référence à la pub Coca).

Mais l’élément fédérateur par excellence de Samba, c’est bien Samba (aka Omar Sy), qui se dévoile dans un personnage de composition précis et arrive à trouver un équilibre sur la corde raide (malgré un accent africain trop poussé). En face, Tahar Rahim et Izïa Higelin font des merveilles en potes de galère tandis que Charlotte Gainsbourg parait bizarrement en retrait dans son personnage foncièrement comique. Car oui à l’arrivée, Samba demeure un feel-good movie efficace avec sa musique à outrance et ses frasques en tous genres. Tout en nuances, le film octroie l’essentiel de ses intentions à l’humain universel en explorant habilement les forces et failles de ses personnages. Résultat : on passe un bon moment, sans s'enthousiasmer pour autant.

Eve BROUSSE

Note du support :
4
Support vidéo : Format 16/9 compatible 4/3, Format cinéma respecté 1.85, Format DVD-9
Langues Audio : Audiodescription (pour malvoyants) Dolby Digital 2.0, 5.1 Français
Sous-titres : aucun
Edition : Gaumont vidéo

Bonus:

DVD 1 :
Scènes coupées commentées par les réalisateurs (10')
Entrez dans la danse (3')
Bande-annonce
DVD 2 :
Making of (45')
Enregistrement musical de Ludovico Einaudi illustré des photos exclusives du film (3')

B.R

Making of (HD - 45')
Scènes coupées commentées par les réalisateurs (HD - 10')
Entrez dans la danse (HD - 3')
Enregistrement musical de Ludovico Einaudi illustré des photos exclusives du film (HD - 3')
Bande-annonce (HD)

Titre original : Samba

Réalisation : Éric Toledano et Olivier Nakache

Scénario : Éric Toledano et Olivier Nakache, d'après l’œuvre Samba pour la France de Delphine Coulin (Éditions du Seuil, coll. « Cadre rouge »,2011)

Direction artistique : Nicolas de Boiscuillé

Costumes : Isabelle Pannetier

Photographie : Stéphane Fontaine

Montage : Dorian Rigal-Ansous

Musique : Ludovico Einaudi

Production : Yann Zenou ; Nicolas Duval-Adassovsky et Laurent Zeitoun (coproducteurs)

Sociétés de production : Gaumont et Quad Films ; Ten Films (coproduction)

Société de distribution : Gaumont Distribution

Pays d'origine : France

Langue originale : français

Format : couleur

Genre : comédie

Durée : 120 minutes