Notre histoire commence par un abandon au pied d’une église, comme il s’en faisait beaucoup à cette époque. Elle commence par les larmes d’un nourrisson recueilli par une brave fermière qui prendra le petit Rémi dans son giron. Une série de malheurs comme il en existait beaucoup à cette époque, frappe la famille adoptive de Rémi. Le père, tailleur de pierre sans travail, décide d’abandonner le jeune Rémi. Heureusement pour la suite de notre histoire, il s’arrête dans une auberge pour le vendre à un saltimbanque de passage.
Le voici donc en compagnie du Signor Vitalis, amuseur public. Ils se produisent sur les places de France et de Navarre, récoltant quelques sous grâce aux pitreries de Joli-Cœur, un singe malicieux et de Capi, un toutou facétieux. Peu à peu, Rémi découvre que sa nouvelle famille est peut-être une chance pour lui. Vitalis, subjugué par sa voix, ne veut que son bonheur. Ils croiseront la route d’une petite fille de la noblesse en fauteuil. Ils découvriront le lourd secret de Rémi et ses origines et un couple de Thénardier mauvais comme la teigne. Est-ce qu’après bien des obstacles et des vicissitudes notre jeune compagnon trouvera enfin le bonheur auquel il a droit ? Pour cela, petits et grands chenapans, il vous faudra suivre notre histoire jusqu’au bout.
Les histoires pour enfants de fin d’année choisissent la voie de la lumière, loin de l’univers sombre et cruel des récits de notre enfance. La nouvelle version de ce classique de la littérature s’émancipe du dessin animé plus terrifiant et des versions précédentes plus misérabilistes. Il prend la lumière des paysages pour compagnon de route en transformant le décor en un personnage. Il se concentre plus sur le voyage initiatique, la notion de partage, les liens d’amitié et familiaux qui nous unissent. C’est un petit bonheur perdu qui finit par retrouver sa route dans le cœur de Rémi et de Vitalis. Ils ont beaucoup plus en commun qu’ils ne le pensent. Le voyage leur permet de comprendre qu’ils sont liés par autre chose que le sang. L’amitié et le rapport père-fils s’emparent de leurs âmes pour grandir et devenir essentiels.
C’est comme le Petit Prince et son renard. « Voici mon secret. Il est très simple : on ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux. » C’est ce qu’apprendra Rémi, voir avec son cœur et devenir un adulte humaniste. Vitalis apparaît aussi comme un mentor pour Rémi qui ignorait qu’il possédait un grand trésor, une voix d’ange. Dans la première partie, c’est la voie de l’apprentissage et de l’initiation avec les difficultés que rencontrent les baladins, troubadours de l’époque. Dans la seconde, nous sommes plus dans un récit cher à la fin du XVIIIe siècle, celui de la différence de classes et des origines cachées. Antoine Blossier aime le cinéma de genre. Après le fantastique avec La traque, un film de braquage singulier A toute épreuve, il signe une nouvelle version de Rémi sans Famille, annonçant un réalisateur à suivre. Sans trahir le roman original d’Hector Malot, il en garde la trame initiatique, le voyage à travers la France.
Le récit paraît après Le Tour de la France par deux enfants, de G Bruno. C’est aussi les grands moments incontournables, le secret de Vitalis, la péniche le Cygne où Arthur, le petit handicapé, devient une fille, Lise et les Thénardier versions Malot. La mise en scène joue sur le suspense de la condition du jeune garçon et des difficultés auxquelles il se confronte pour devenir un adulte. C’est un portrait de la France et l’Angleterre de l’époque sur la condition des saltimbanques et des enfants. Il s’achève par une leçon de vie que je vous laisse découvrir. La lumière et le cadre évoluent avec le récit. Large au départ pour le voyage sublimant le voyageur perdu dans l’immensité, elle se resserre et devient plus sombre sur la fin à la lueur des feux de cheminée du conteur. La mise en scène est soignée et offre un spectacle pour toute la famille. On tremble, on pleure, on chante, et on soupire de bonheur à la fin du récit. Il possède les mêmes qualités que La petite princesse d’Alfonso Cuaron, grâce à la beauté des images et le soin du récit pour enchanter toute la famille.
Patrick Van Langhenhoven
Bonus:
Making of
Titre original : Rémi sans famille
Titre international : Remi, Nobody's Boy
Réalisation : Antoine Blossier
Scénario : Antoine Blossier, d'après le roman Sans famille d'Hector Malot (1878)
Direction artistique : Romain Lacourbas
Décors : Sébastien Inizan
Costumes : Agnès Beziers
Photographie : Romain Lacourbas
Son : Marc Engels
Montage : Stéphane Garnier
Musique : Romaric Laurence
Production : Éric Jehelmann et Philippe Rousselet
Sociétés de production : Jerico ; TF1 Films Production (coproduction)
Sociétés de distribution : Mars Films ; Belga Films (Belgique), Pathé Films AG (Suisse romande), TVA Films (Québec)
Pays d'origine : France
Langue originale : français
Format : couleur
Genre : comédie dramatique
Durée : 105 minutes
Dates de sortie : 12 décembre 2018
Distribution
Maleaume Paquin : Rémi, jeune
Jacques Perrin : Rémi, âgé
Daniel Auteuil : Vitalis
Virginie Ledoyen : Madame Harper
Jonathan Zaccaï : Jérôme Barberin
Ludivine Sagnier : Madame Barberin
Albane Masson : Lise Harper
Nicholas Rowe : James Milligan
Simon Armstrong : Monsieur Driscoll
Nicola Duffett : Madame Driscoll
Jérôme Cachon : le brigadier Ernest
Chloé Zahar : Madame Milligan