The raid 2 est calibré pour les amateurs de films d’action. Sans être dans la valse des superlatifs le meilleur film d’arts martiaux de tous les temps, ni une révolution du genre, c’est un film inspiré où l’action gagne une histoire et beaucoup de référence à ses pairs. The Raid premier nous entrainait ouvertement dans le principe du cinéma jeu vidéo, devenu aujourd’hui un genre à part. Un flic, Rama, le type sympa de l’histoire se retrouve coincé avec une unité d’élite dans un immeuble bourré de salopards souhaitant les envoyer au pays de Yamantaka (Dieu des morts tibétains) ! Le film reprenait le principe du jeu vidéo des niveaux à passer à chaque étage des sbires à dégommer et un boss au talent supérieur, pour finir au sommet par le Big Boss. Fin de la partie, notre homme disparaissait dans le petit jour, le mal terrassé le bien retourne dans l’ombre.
Nous retrouvons Rama engagé par une unité d’élite secrète chargée d’éradiquer le mal à Jakarta. Celle-ci reste tellement mystérieuse qu’elle agit sans règle et dans l’ombre hors toute juridiction de l’état. Rama infiltre le gang de Bangun après un séjour par la case prison. Le but, devenir copain avec le fils du patriarche Uco. À sa sortie, il découvre une ville régie par des gangs où chacun se partage les morceaux du gâteau sans empiéter sur l’ennemi. Bangun, vieux sage, se dirige vers les Japonais, les terribles Yakusa, l’avenir de l’Asie pour lui. Dans la galerie des mafieux, nous trouvons une triade chinoise et Reza déjà évoqué dans le numéro un. Tout ce petit monde finit par s’entretuer, le champ de bataille ne se restreignant plus à un immeuble, mais à la ville tout entière. En fond, le récit s’agrémente d’un fils trahissant son père, de flics ripous, de bandits violents armés jusqu’aux dents et d’une belle guerrière aux mains prolongées par deux marteaux. Nous retrouvons donc les ingrédients du cinéma d’art martial.
Commençons par les thématiques. Gereth Evans connait les classiques du cinéma Kung-Fu hongkongais de John Woo à Tsui Hark que l’on retrouve dans sa mise en scène, jeu des ralentis, utilisation des lieux et sens de l’image. Cela donne quelques scènes exceptionnelles, un combat dans les toilettes de la prison, dans la cour avec la boue pour terrain de jeu, dans un métro où une belle déglingue une troupe de yakusa, etc. Le film gagne en profondeur avec ses séquences comme une silhouette sur le mur de la cellule où Rama s’entraine pour le jour de la vengeance. Du cinéma Kung-Fu il retient l’aspect de la nature, la pluie goutant par un flic flac énervant avant l’action, les feuilles frémissantes…De John Woo il ne lui manque que les colombes s’envolant pendant le combat marquant l’affrontement du bien et le mal. De Tsui Hark il garde la maitrise de la folie, cette caméra qui devient elle aussi combattante. Il n’atteint ni la maitrise de Bruce Lee pour les combats ni l’esthétique de Wong Kar Wai.
Cela n’enlève en rien à sa virtuosité et son talent, mais ramène un peu les choses à leur place. Nourri dans mon enfance par le cinéma Kung-Fu, Raid 2 présenté comme le meilleur film d’arts martiaux de tous les temps, basta ! Je ne citerai qu’Ong Bak que je vous invite à revoir où la violence est identique. Le choc vient de l’utilisation d’un art martial violent utilisant souvent les coudes et genoux, genre de Viet Vo Dao, indonésien le Pencak Silat. Il ne fait pas dans la dentelle et la rage semble guider le combattant plus que la ruse ou la souplesse du Kung-Fu. C’est donc à une suite de combats que le film nous invite avec un finale dantesque. Dernière image, face à une bande de Yakusa, Rama finit par cette phrase « je suis fatigué », et on le comprend. Retenant les remarques du premier volet, reprochant à Raid son manque de scénario, le réalisateur étoffe l’histoire.
Il rajoute la notion de la lutte du bien et du mal et de la frontière les séparant pour affronter le crime. Il puise pour le reste dans l’esprit du cinéma asiatique, le vieux sage et le jeune fou, le fils trahissant le père et dans ce jeu, qui est qui devient vite primordial. Nous n’oublions pas la bonne vieille vengeance, le symbole de tout bon film d’action. L’histoire prend un léger relief, car très vite l’action, reste le principal moteur du cinéma de Gareth Evans. Nous pensons à New World ou le Hongkongais Infernal Affairs, Syndicats du crime et autre John Woo, moins Tsui Hark pour le contenu bien qu’il réalisa un The raid en 1990. Le film doit beaucoup aux chorégraphies d’Iko Uwais, il nous propose pas mal de scènes où la beauté de l’image rejoint celle de la torgnole ! Un bon film d’action assez violent d’où le spectateur ne ressortira pas déçu du voyage il aura eu sa dose de pif, paf poum !
Patrick Van Langhenhoven
Bonus
Offert : 1 jeu de 6 trading cards "The Bad Guy Pack"
Making of
Scènes coupées
Documentaire sur le cinéma d'action indonésien
Bandes-annonces
Titre original : The Raid 2: Berandal
Titre français : The Raid 2
Réalisation : Gareth Evans
Scénario : Gareth Evans
Direction artistique :
Décors : Tony Dwi Setyanto
Costumes : Rinaldi Fikri, Aldie Harra
Photographie : Matt Flannery et Dimas Imam Subhono
Montage : Gareth Evans
Musique : Aria Prayogi, Joseph Trapanese et Fajar Yuskemal
Chorégraphie : Iko Uwais
Production : Nate Bolotin
Société(s) de production : Pt. Merantau Films et XYZ Films
Société(s) de distribution : Flag of Indonesia.svg Pt. Merantau Films / Drapeau : États-Unis Sony Pictures Classics
Pays d’origine :Indonésie/ États-Unis
Langue : indonésien/japonais/anglais
Format : Couleur - 35 mm - 1.85:1
Genre : Film d'action
Durée : 148 minutes
Distribution
Iko Uwais : Rama / Yuda
Tio Pakusodewo : Bangun
Julie Estelle : Alicia / Hammer Girl
Yayan Ruhian (V. F. : Jérémy Prévost) : Prakoso
Arifin Putra (V. F. : Adrien Larmande) : Uco
Donny Alamsyah : Andi
Oka Antara (V. F. : Stéphane Pouplard) : Eka
Alex Abbad : Bejo
Epy Kusnandar (V. F. : Christophe Desmottes) : Topan
Roy Marten (V. F. : Patrick Béthune) : Reza