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affiche Que Dios nos perdone

Que Dios nos perdone

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Un film de Rodrigo Sorogoyen ,
Avec Antonio de la Torre, Roberto Álamo, Javier Pereira,

Genre : Thriller
Durée : 2h06
Espagne

En Bref

C’est l’été et j’entends au loin venir la tempête et le vent du changement. Madrid s’apprête à recevoir le pape Benoît XVI, les crucifix brillent sur les murs des chambres à coucher des vieilles dames. Le mouvement des indignés se transforme en un fleuve, un cri qui pourrait tout emporter. C’est dans cette ambiance explosive entre Dieu et politique, propre à l’Espagne où l’honneur vaut plus que la dentelle des señoritas. Un premier meurtre frappe de plein fouet la ville, sordide, abominable. Il est rapidement suivi d’un deuxième, annonçant une triste série où les vieilles dames indignées devront fuir la torpeur des rues agitées. Un monstre rôde et s’attaque aux dames en fin de partie. Alfaro et Velarde se retrouvent au cœur d‘une enquête s’annonçant difficile. La mort rôde, prenant le visage anonyme d’un tueur en série. Méticuleux et proche de la colère divine, nos deux inspecteurs tentent de remonter la piste d’un sadique de la pire espèce. Ils devront apprendre à se dépasser pour ne pas laisser leur tempérament vif les emporter dans les mêmes ténèbres. Il faudra que Dieu pardonne, mais en a-t-il envie ?


Le cinéma espagnol depuis quelque temps explore le polar comme hier le cinéma fantastique, avec succès. Alors que, le cinéma français singe les productions américaines ou se contente dans la grande majorité de peu, il explore le territoire du roman noir, la mode en littérature. Un des grands principes du roman policier, et de la noire en particulier, est d’explorer à travers ses meurtres et la quête de son inspecteur la société. Après l’âme du tueur, c’est au tour des flics de passer sous la loupe. Après les petits bourgeois de Chabrol, c’est au tour de la société tout entière de passer sur la table d’opération. À travers les deux inspecteurs, c’est une façon d’interroger la société en ébullition en arrière-plan. Les vieilles dames sont peut être ce passé inavouable de l’Espagne de Franco, le rappel de la mère, des vieilles dames tout simplement. C’est dans les recoins sombres de notre conscience, voire notre inconscient, que le réalisateur creuse un sillon où la mort et la vie s’entrechoquent. Elle nous rappelle cette route du premier cri au dernier trou où nous inscrivons notre éphémère passage.

Après La Isla minima, un homme en colère, il nous surprend encore, avec comme point commun l’acteur Antonio de la Torre qui se métamorphose à chacun de ses rôles pour explorer une facette différente de notre âme. Il campe un inspecteur obsessionnel aux méthodes particulières, affublé d’un bégaiement, d’un tempérament plutôt calme au premier abord. Nous verrons que sa relation avec les señoritas est particulière et cache un grand tourment, s’exprimant dans une certaine violence. À l’inverse son binôme, joué par Roberto Alamo, la Piel que Habito, est un homme en colère qui finit par se laisser emporter par sa rage. Cette affaire comme une file de dominos finit par entraîner dans sa chute bien plus de monde. Elle permet aussi à d’autres, par de nombreuses remises en question, de retrouver le sens de la vie.

L’enquête est à la fois le cheminement torturé pour mener à l’esprit du mal et le vaincre. Souvent la réalité dévoilée se montre plus complexe qu’un simple noir et blanc. Elle nous rappelle que nous ne sommes pas tous des hommes de dieu comme ce pape arrivant en ville. Nous ne pouvons que nous indigner et dieu nous pardonnera peut être dans sa grande mansuétude. Tout fait écho aux meurtres et à la question essentielle : qu’est ce qui sépare la proie du chasseur ?. Que Dios nos perdone est un film obscur et parfois difficile qui vous conduira peut-être vers la lumière.

Patrick Van Langhenhoven

Note du support : n/a
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Sous-titres :
Edition :


            Titre original et Français : Que Dios nos perdone

    •       Réalisation : Rodrigo Sorogoyen

    •       Scénario : Isabel Peña et Rodrigo Sorogoyen

    •       Photographie : Álex de Pablo

    •       Montage : Alberto del Campo et Fernando Franco

    •       Musique : Olivier Arson

    •       Pays d'origine : Espagne

    •       Langue originale : espagnol

    •       Genre : thriller

    •       Durée : 127 minutes

    •       Dates de sortie : 9 aout

Distribution

    •       Antonio de la Torre : inspecteur Luis Velarde

    •       Roberto Álamo : inspecteur Javier Alfaro

    •       Javier Pereira : Andrés Bosque

    •       Luis Zahera : Alonso

    •       José Luis García Pérez : Sancho

    •       Alfonso Bassave : Cóspedes

Récompenses

    •       Festival international du film de Saint-Sébastien 2016 : Prix du meilleur scénario

    •       Goyas 2017 : Goya du meilleur acteur pour Roberto Álamo

    •       Festival international du film policier de Beaune 2017 : Prix Sang Neuf