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affiche Qu’Allah bénisse la France

Qu’Allah bénisse la France

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Un film de Abd Al Malik ,
Avec Marc Zinga, Sabrina Ouazani, Larouci Didi,

Genre : Biographique
Durée : 1h36
France

En Bref

Régis erre entre les tours du Neuhof, réputé pour ses feux du Jour de l’An. Il se cherche une identité, une vie à construire avec ses potes des tours s’élançant, comme celle de Babel, vers le ciel. L’horizon semble bien bouché et se réduit à quelque deals et vols à la tire pour financer le projet d’un groupe de rap. Comme les autres mômes des cités, pour s’en sortir voler vers les sunlights ou déjà construire un autre discours. Pour l’instant, grâce à une de ses profs, il peut envisager d’autres pistes, Hypokhâgne et poursuivre son goût pour les mots, la littérature. Les frères en prison pour des petites combines à deux balles ou les gros coups merdiques, Régis commence à sentir le vent tourner.

Il est à l’heure des choix, des voies qui s’ouvrent devant vous et guident toute une vie. Il est temps de bâtir sa propre maison. Par l’Islam, Régis devient Abd Al Malik. Par l’amour, le visage qu’il grave au fond de son cœur, le sourire de Nawel l’empêche de franchir la bordure jaune de l’enfer. Peu à peu les amis se retrouvent en prison, c’est le temps de prendre sa vie à bras le corps. Il n’abandonne pas persiste dans son choix, la musique, les textes ciselés, poétiques, la chenille peut quitter le cocon pour donner naissance à Abd Al Malik. Il peut enfin revenir à la Babel de son enfance, épouser Nawel, remercier le vieux professeur qui a toujours cru en lui, et rembourser sa dette au dealer du coin. Désormais il est lui-même à trouver son chemin qu’Allah, Dieu, la force, bénisse la France.


Premier film d’Abd Al Malik et sans doute pas le dernier, nous le souhaitons vivement. D’abord la forme, celle du noir et blanc de La Haine plus imprégnée du néoréalisme italien, Rocco et ses frères que de la fureur de son ainé. Le film, plus que le néant et la violence, emprunte la route de  son émancipation, briser les chaines que la vie nous impose. C’est l’humanité qui l’intéresse, le positif dans ce négatif, souvent exagéré par les médias, l’émancipation, la cicatrisation, la construction d’un jeune garçon en quête d’autres possibles. C’est presque une fable sur cette France des valeurs de la république, Liberté, égalité et fraternité. Elles hantent le récit nous rappelant aujourd’hui combien nous les oublions pour pognon, strass, paillettes et futilité. Noir, blanc, homme de couleur, mais humain avant tout avec les mêmes chances que tous, fraternel mon frère, universel.

Loin de la rumeur nauséabonde, le film étire le récit d’un jeune garçon qui s’égare et finit par trouver sa spiritualité et sa route. Ces rochers, des femmes surtout, auxquelles il s’accroche le sauvent des mauvais choix effectués par ses camarades. Il n’est pas un ange, nous ne sommes pas des anges. Comme le disait un type il y a plus de deux mille ans, balancez-moi la première pierre si vous n’avez jamais fauté. Plutôt que le deal en bas des marches, les flingues qui finissent par cracher leur haine et la mort imprégnant votre chair, jamais ça. Plutôt qu’un Islam intégriste s’égarant dans les mots du Coran (Voir Timbuktu), il préfère les mots des poètes et écrivains, le chant scandé du rap Soldat de Plomb encore debout. Il préfère la quête spirituelle, la sienne, sa route pour grimper la montagne et atteindre son sommet où toutes les voies finissent par s’oublier.

Le choix du noir et blanc marque le contraste entre deux sociétés, les cités et le reste de la société qui ne forment qu’une seule et même chose, la France. Le noir est blanc c’est aussi le gris pour qui regarde et cherche dans les images autre chose que le manichéisme. Le film  joue sur la lumière, celle du bout du tunnel où l’être finit par franchir la porte de son âme pour apparaître nu. Pour Abd Al Malik, le cinéma est un média d’humanité, le dit du conteur où la langue, la parole prend toute sa force, son relief. Elle se présente brute dans les mots des jeunes, tendre dans ceux des femmes, poétique dans les mots lancés pour atteindre le ciel et s’évanouir dans le cœur du pays, littéraire dans la voix off. Il était important de raconter autre chose que le fait divers sanglant, négatif.

Il dévoile comment un jeune garçon rejeté dans les cités de Babel peut s’en sortir et grandir au grand jour. L’histoire est universelle et ne date pas d’aujourd’hui et rejoint celle de ces hommes, ces femmes qui dans la littérature, les rencontres trouvent la force de s’émanciper. Il ne triche pas avec une vie partie sous de mauvais génies qui finit par trouver celui de la bouteille, un professeur, une jeune femme, une mère. Elles changeront le destin, rien n’est marqué dans le sable. Il est entre nos mains. A l’Islam rigoriste répond le soufisme et un pèlerinage final sur la terre des origines.  À la voix de Scarface, il préfère celle de Prévert, Carné et Brel la boucle est bouclée, la vie peut commencer. Comme le dit Yehudi Menuhin "De la tête au cœur, l'itinéraire est direct", c’est ce que chacun en fait qui compte. Le discours déplait à certains, parait naïf, mais en ces temps du retour des cons qui osent tout, comme le dit Audiard, ça fait du bien.

 Patrick Van Langhenhoven

Note du support :
3
Support vidéo : Format 16/9 compatible 4/3, Format cinéma respecté 2.35, Format DVD-9
Langues Audio : Audiodescription (pour malvoyants) Dolby Digital, Français,5.1, 2.0
Sous-titres : français pour malentendants
Edition : Ad Vitam vidéo

Bonus:

Scènes coupées
Répétitions
Bande-annonce

            •            Titre : Qu'Allah bénisse la France

            •            Réalisation : Abd Al Malik

            •            Scénario : Abd Al Malik

            •            Producteurs : François Kraus, Denis Pineau-Valencienne

            •            Société de production : Les Films Du Kiosque

            •            Société de distribution : Ad Vitam

            •            Pays d'origine : France

            •            Lieu de tournage Strasbourg, Alsace

            •            Langue originale : français

            •            Genre : Comédie dramatique

            •            Durée : 95 minutes

            •           

Distribution

            •            Marc Zinga : Régis

            •            Sabrina Ouazani : Nawel

            •            Larouci Didi : Samir

            •            Mickaël Nagenraft : Mike

            •            Matteo Falkone : Pascal

            •            Stéphane Fayette-Mikano : Bilal

            •            Sims Francis Matula : Le cousin parisien