Benjamin ne rêvait que de sport. Il imaginait même en faire son métier, voire rejoindre une équipe professionnelle de basket. Un plongeon dans une piscine dont le niveau de l’eau est trop bas change le cours de son destin. Ben, tétraplégique, se retrouve dans un centre rééducation avec peu d’espoir de sortir de son lit. Si la médecine lui donne peu d’espoir, le jeune garçon espère bien remarcher un jour et mettre quelques paniers sur le terrain. Pour l’instant, il se contente de reprendre pied dans la vie. Les premiers jours passent entre les soins et la télévision. Il est condamné à subir le téléachat, incapable de changer de chaine.
L’horizon s’élargit avec le passage en fauteuil et la rencontre avec les autres tétras, paras, traumas crâniens, la petite bande affronte les jours pénibles d’un changement radical. Le monde ne sera plus jamais le même, finis les rêves d’autrefois, il faut imaginer demain sous un autre angle. Chacun pense que cela ne concerne que l’autre. Ben comprend que lui non plus ne pourra réaliser ses rêves sportifs de haut niveau. Il sera bien heureux de pouvoir se redresser, marcher et réaliser la majorité des actions du quotidien. La déprime, le suicide, la rééducation, la colère, la joie, l’amour deviennent les instants de chaque instant à préserver. Toussaint, Samia, Steeve, François, la petite bande se soutient, s’épaule, affronte les lendemains qui déchantent avec courage et volonté.
Grand Corps Malade adapte sa propre histoire dans un premier film émouvant et prometteur. Il construit un regard fort sur la tolérance, la volonté et le courage, un sujet peu abordé au cinéma. Quelques films abordent les centres de rééducation sur une partie de l’histoire, rares sont ceux qui lui consacrent le film entier. On pouvait craindre beaucoup de pathos et de drame comme souvent lorsque l’on aborde le handicap. C’est un regard juste sur le handicap avec ses espoirs et ses coups bas quand on comprend qu’hier ne reviendra jamais. Il y a d’abord l’espoir de revenir à une condition normale. Ben fait son maximum pour retrouver le jeune garçon perdu. La bande représente chaque figure du handicap lourd, Steeve qui rejette complètement sa condition tout en se sachant condamné. Toussaint subit sans broncher et semble passer le cap.
Farid, le caïd de la cité, refuse la vengeance et comprend que la violence peut mener en enfer. Samia espère croire encore en une histoire d’amour, mais comment bâtir une vie dans ces conditions ? Chacun force le destin pour se redresser et affronter le monde qui continue sans eux. François a depuis longtemps accepté sa condition d’handicapé en fauteuil depuis l’âge de quatre ans. Il sait qu’il n’en sortira jamais et devra faire avec. L’espoir est la thématique qui plane sur tout le récit sans oublier non plus que certains ne s’en sortent pas. Il faudra accepter la différence, le regard des autres qui ne sera plus le même. C’est par petites touches sensibles que les réalisateurs traitent les sujets difficiles, un copain de basket se rend compte du handicap, l’absence d’un ami interroge sur le suicide, le refus de construire une romance, celle de l’amour. Chaque acteur prend à cœur son rôle, n’en fait pas trop et joue avec finesse.
C’est un film important qui nous pousse à regarder les handicapés comme des individus normaux et non plus comme des êtres à part. Une vie est possible et même, dans bien des cas réalisable, même si certains rêves prennent une autre forme. La mise en scène trouve par moment des idées magiques, des instants de tendresse comme Samir avec sa mémoire à court terme, le vieil homme muet à l’entrée sur son fauteuil, etc. La différence, la discrimination reviennent comme une thématique importante, explorée jusque dans ses recoins les plus pervers. Belle leçon de vie, on peut vivre comme les autres quand la vie ne vous a pas fait de cadeau. J’en prendrai pour preuve mon père dont je suis fier d’être le fils. Au-delà des aménagements essentiels, c’est votre regard sur le handicap que ce film vous rappelle de changer.
Patrick Van Langhenhoven
Bonus:
Making of
Titre : Patients
Réalisation : Grand Corps Malade, Mehdi Idir
Scénariste : Grand Corps Malade
Co-scénariste : Fadette Drouard
D'après l'oeuvre de Grand Corps Malade
Compositeur : Angelo Foley
Production
Producteur : Eric et Nicolas Altmayer, Jean-Rachid Kallouche
Coproducteur
Sidonie Dumas, Marc Ladreit De Lacharrière
Equipe technique
Directeur de la photographie : Antoine Monod
Chef monteur : Laure Gardette
Chef décoratrice : Sylvie Olivé
Directeur du casting : David Bertrand (II)
Directeur de production : Frédéric Grunenwald
1er assistant réalisateur : Emmanuel Gomes de Araujo
Chef costumier : Claire Lacaze
Scripte : Sylvie Prevot
Ingénieur du son : Jean-Paul Bernard
Ingénieur du son : Raphaël Sohier, Elisabeth Paquotte, Eric Tisserand
Directrice de post-production : Patricia Colombat
Chef coiffeur : Yves Giorgi
Chef maquilleur : Manuela Taco
Production : Mandarin Films, Kallouche Cinéma,
Coproduction
Gaumont, F. Marc de Lacharrière
Distributeur France : Gaumont Distribution
Durée 1h50
Sortie Salle : 1 mars 2017
Distribution :
Pablo Pauly : Ben
Soufiane Guerrab : Farid
Moussa Mansaly : Toussaint
Nailia Harzoune : Samia
Franck Falise : Steeve
Yannick Renier : François
Jason Divengele : Lamine
Rabah Aït Ouyahia: Eddy
Alban Ivanov : Jean-Marie
Anne Benoit : Christiane
Côme Levin : Eric
Samir El Bidadi : Samir
Florence Muller : Maman Ben
Xavier Mathieu : Papa Ben
Valérie Even : La psy
Dominique Blanc : Docteur Challes