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affiche Partisan

Partisan

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Un film de Ariel Kleiman ,
Avec Vincent Cassel, Jeremy Chabriel, Florence Mezzara,

Genre : Drame psychologique
Durée : 1h38
France

En Bref

« Tu préfères quoi, être frappé par un homme ou le frapper d’abord ? Le frapper d’abord. »

Grégori recrée une société fermée autour d’un immeuble en ruine, vieil HLM poussif, carcasse vide et rouillée. Il suffit de pousser la porte pour pénétrer dans son clandé isolé de l’extérieur du monde. Nouvelle communauté cherchant l’Eldorado, vieux hippie en mal de la maison bleue, secte, tout est possible. Il s’entoure de femmes perdues et de leurs enfants, grande famille universelle. Il dispense sa philosophie de la vie, loin du monde extérieur, protégé par cette autarcie que sa folie ne peut atteindre. On jardine, on joue, on s’aime, on chante, on s’occupe du poulailler et des mères à accoucher.

C’est la métaphore de la société tribale, revenue au temps de la pierre et du feu, avec autour la nuit et le mal qui rôde. De temps en temps un enfant sort. Il efface un malfaisant de la liste et revient au nid, son devoir accompli. Alexandre, la première pousse recueillie avec la première femme. Il ne connaît rien d’autre du monde extérieur que cette échappée rapide de violence. Tout allait bien dans le meilleur des mondes possibles lorsqu’un enfant plus âgé évoque le monde du dehors. Il remet en cause les fondements du groupe. Peu à peu le pouvoir de Grégori sur Alexandre s’effiloche, se noie dans la crise d’adolescence. S’envoler ou rester au nid, ultime question à résoudre pour avancer.


« Il faut absolument chérir ceux que tu aimes tant qu’ils sont là. Les protéger. »

Partisan est tout à la fois fable philosophique, parabole, conte moderne, sur le passage à l’adolescence. C’est le moment où nous quittons l’enfance, pour remettre en cause la parole des adultes et découvrir le monde extérieur. Dans cet univers clos, les enfants jardinent comme à l’école. Ils apprennent du monde ce que les adultes veulent bien leur transmettre. Ils ne voient l’extérieur que par leur regard. Dehors hurlent les ténèbres et la mort, la haine et le sang. Tous ces exilés ne connaissent que ceci, l’amour vient du cœur du groupe replié sur lui-même. C’est le monde de la grotte de Platon, le bonheur dedans, et à l’extérieur règne le malheur. Enfant, c’est souvent la parole des parents qui prédomine, nous leur faisons confiance pour nous protéger. L’arrivée d’un nouveau membre plus âgé remet en cause le discours de Grégori. Il connaît le monde du dehors et porte sur lui un autre regard. Il surligne les incohérences.  

Comme Alexandre, il se trouve à la date du passage de l’enfance à l’adolescence. En sortant pour sa dernière mission, le garçon porte en lui doutes et questionnements. Il remet en cause le bien-fondé de celle-ci, et sa place au sein de la communauté. Ce conflit débouche sur un affrontement accouchant de l’éveil. Il est des choses qui ne changeront jamais, c’est la leçon qu’apprend Grégori. Elles appartiennent à notre cheminement intérieur et voilà tout. Le film joue d’abord sur la communauté, secte avec un gourou à sa tête, adulé, vénéré, personne ne le remet en cause. Le remettre en question signifie peut être la mort. Est-ce un groupe d'âmes meurtries réuni autour d’un homme lui-même profondément blessé souhaitant se cacher du monde qu’il déteste. Secte religieuse, philosophique, spirituelle ou groupe guidé par les mêmes valeurs, le même but ?

Le film ne dit pas grand-chose à ce sujet et chacun créera sa propre version. Toutefois, dans les rares dialogues, nous comprenons que les meurtrissures de la vie, femmes battues, prostituées, salies, blessées par les hommes et la société, se retrouvent à vivre en autarcie pour se préserver. Nous savons peu du personnage de Grégori, ce côté trouble laisse les portes ouvertes à notre imagination. À un moment, nous apprendrons que son père le battait, mais en suis-je bien sûr ? C’est à la fois la force et la faiblesse du film, mais aussi très vite et surtout sur la fin, les questions demandent des réponses pour combler les vides. Vincent Cassel compose un personnage en équilibre flou, entre émotion et colère rentrée. Face à lui, le jeune Jeremy Chabriel, Alexandre, ne s’en sort pas trop mal, évoluant dans son jeu avec le récit.

Pour le réalisateur, Ariel Kleiman, l’idée de départ lui vient d’un article du New York Times sur les enfants tueurs en Colombie, « les siccarios ». Il confie avoir eu dans son esprit l’image d’un préado en train d’abattre un homme. C’est le point de départ de Partisan. Il reste obscur, pourquoi les enfants tuent-ils et qui sont les cibles ? À la sortie du film, chacun allait de sa version entre les salauds de pères ou des contrats pour financer la communauté. Partisan pâtit plusieurs fois du manque d’éclairage, de zones trop noires qui laissent le spectateur sans réponse. Le thème du passage de l’enfance à l’adolescence reste assez clair, il faut tuer le père pour s’émanciper.

Ce n’est pas la seule thématique, s’y rattachent toutes celles liées aux sociétés vivant en autarcie. Dans Partisan la narration passe le plus souvent par l’image, grise et terne pour le monde extérieur, les couleurs existent uniquement dans le paradis. Le réalisateur nous offre de beaux moments de cinéma avec des séquences fortes, très vite rattrapées par la simplicité du sujet. Il est dommage que certains points restent trop dans l’ombre, dans l’ensemble il mérite d’être encouragé.

Patrick Van Langhenhoven

Note du support : n/a
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Titre : Partisan

    Réalisation : Ariel Kleiman

    Scénario : Ariel Kleiman et Sarah Cyngler

    Photographie : Germain McMicking

    Montage : Jack Hutchings et Chris Wyatt

    Musique : Matt Biffa et Daniel Lopatin

    Costumes : Maria Pattison

    Décors : Steven Jones-Evans

    Producteur : Anna McLeish, Sarah Shaw, Nigel Williams et Frederick Green

    Production : Warp Films Australia, Screen Australia et Animal Kingdom

    Distribution : ARP Sélection

    Pays d’origine : Australie

    Genre : Thriller dramatique

    Distribution

     Vincent Cassel : Gregori

    Jeremy Chabriel : Alexandre

    Florence Mezzara : Susanna

    Nigel Barber : le détective du karaoké

    Anastasia Prystay : Ariana

    Sapidah Kian : Maria

    Samuel Eydllish : Ruben

    Alexander Kuzmenko : Elis

    Sosina Wogayehu : Penelope

    Timothy Styles : Gary