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affiche Papa ou maman

Papa ou maman

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Un film de Martin Bourboulon ,
Avec Marina Foïs, Laurent Lafitte, Alexandre Desrousseaux,

Genre : Comédie
Durée : 1h24
France

En Bref

Florence et Vincent commencent leur histoire d'amour dans la violence des sentiments comme un orage éclatant dans le cœur. Entre fureur et douceur, bris informatique et emportement des sentiments, elle ressemble à un TGV lancé à pleine vitesse. Sauf qu'il faut bien rentrer en gare un jour ou l'autre. Ce jour-là à la roulette de la vie, rien ne va plus ! Comme le dit le poète, avec le temps va, tout s'en va. Les enfants, l'habitude nous joue des tours, allez savoir ! Au grand jeu de la vie, le temps de la séparation s'impose. Leurs carrières avancent à grands pas, et chacun se voit proposer une promotion à l'étranger en pleine procédure de divorce.

Se pose la grande question existentielle : qui gardera les enfants ? Tout à coup, ils deviennent un colis encombrant qu'il faut fourguer fissa à l'autre. Leur divorce commençait sous les meilleurs auspices, et le voilà qui prend l'eau et devient une guerre de tranchées. Dès lors, chacun s’évertue à se faire détester de ses charmantes petites têtes blondes ! Leur infliger 1000 petites douleurs devient l'objectif numéro un, pourrir la boum de sa fille, le tournoi d’échecs de son fils, trouver le pire des logis entre la nationale et le chemin de fer. Tous les coups sont bons pour qu’à la loterie, leur nom ne soit pas tiré. C’est à cause d'une juge qui a eu la bonne idée que les enfants décideront qui, de papa ou maman, obtiendra leur garde. Pour le gagnant, c’est un adieu au voyage, à la liberté, à la promotion dans son travail. Alors, sur qui allez-vous parier ?


Papa ou maman est une bonne comédie pour se décomplexer et décompresser des semaines difficiles de ces derniers temps. Martin Bourboulon, pour son premier film, trouve la bonne idée, il évite soigneusement le jeu des caricatures. Il construit autour de ses personnages,  assez lâches somme toute, un univers s'appuyant sur un quotidien qui dérape et s'emballe. Dès la première séquence, le spectateur comprend que les codes du genre volent en éclats, et que le bouchon est poussé assez loin. Nous pensons que ce couple habitué à un amour battant la chamade finit par s'endormir avec le temps. Ils choisissent donc la solution la plus facile, se quitter sans même tenter de relancer la machine. Nous retrouvons l’image de ces personnages de la comédie à la française, assez lâches, peu courageux.

C'est justement en faisant tout pour que l'autre récupère le fardeau que représentent enfants, qu'ils finiront peut-être par comprendre où se situe leur place. En changeant l'angle de vue, le transposant du point de vue des parents, Papa ou maman emprunte une autre voie, déstabilisante. Les personnages deviennent le point d'ancrage du rire, tout repose sur le jeu des acteurs. Plus que les mimiques à la Louis Funès, le réalisateur s'amuse des situations, de leur enchaînement poussé à l'extrême, créant la magie de la rigolade. Papa ou maman, sans la jouer Raymond Devos ou Pierre Desproges, ne chausse pas non plus les gros sabots de la farce salace. Au contraire, c'est une de ces comédies bien française comme Papa maman la bonne et moi que nous livre l'équipe. Ils reprennent le pitch du scénario original de Guillaume Clicquot, soutenus par les deux comédiens. La volonté de l'équipe était de ne pas s'enfermer dans l'esprit des comédies américaines trash. C'est bien ce que voulait éviter Martin Bourboulon, appuyé par Mathieu Delaporte et Alexandre De La Patellière.

Nous pensons tous à un retour à la bonne comédie française, marque de fabrique des deux jeunes scénaristes de plus en plus sollicités. Cette alchimie, le soin apporté à la réalisation et le jeu des acteurs font que le scénario original n'a pas été trahi. Marina Foïs et Laurent Laffitte tiennent celui-ci de bout en bout sans faiblir, sans forcer le trait, entourés d'une bande de gamins à la réplique percutante. Comme le petit dernier picolant du rouge millésimé : le père s'exclame, tiens-tu bois ! Oui j'ai trop de choses à oublier, dixit l'enfer que les parents entretiennent pour ne pas avoir leur garde. Cette situation qui dérape s’ancre un quotidien proche de la réalité, en amenant le rire par des petits décalages astucieux. Il serait dommage de se priver de la joie et de la bonne humeur que Papa et maman nous apportent.

 Patrick Van Langhenhoven

 Avant Première Reims Mardi 27 Janvier à 19h30 au Gaumont centre - 20h45 Gaumont Millésime Thillois en présence de Marina Foïs, Laurent Lafitte, Martin Bourboulon.

Note du support :
3
Support vidéo : Format 16/9 compatible 4/3, Format cinéma respecté 2.40, Format DVD-9,
Langues Audio : Français Dolby Digital 5.1
Sous-titres : aucun
Edition : Pathé vidéo

Bonus :

aucun

Ciné Région : Il s’agit de votre premier long-métrage ?

Martin Bourboulon : Oui tout à fait. J’ai travaillé longtemps aux Guignols de l’Info et dans la pub. Bon, bien sûr les Guignols sont des acteurs en mousse mais il ne m’a pas fallu longtemps pour m’adapter à ce nouvel environnement. Ca reste de la fiction donc l’expérience de réalisation de cinéma n’était pas tellement différente.

C.R : Est-ce que le jeu a été aussi physique qu’il en a l’air ? Presque chorégraphié pour les scènes de combat ?

Laurent Lafitte : Oui c’est sûr, dès qu’il y a des scènes un peu physiques, il faut bien découper les mouvements pour ne pas se faire mal.

Marina Foïs : On avait des cascadeurs sur le plateau qui nous montraient les mouvements mais Martin souhaitait que ce soient nous qui les fassions et on était d’accord avec ça parce que les techniciens ont la technique mais ils n’ont pas la maladresse qui rend souvent les choses drôles et justes. Et Bourboulon est obsédé par la justesse et la vérité ce qui est plutôt malin je trouve, surtout quand on réalise une comédie, c’est-à-dire de partir de quelque chose de très vrai et de décaler ensuite et s’amuser à l’intérieur d’un cadre très réaliste. Lui faisait le point là dessus tous les jours, c’était le mot d’ordre.

M.B : Ca dépassait même leur jeu à eux, c’est-à-dire que je voulais que le film soit encré dès le début dans un maximum de vie, la réalité de leur profession ; voir Marina arriver sur le chantier, retirer ses talons et mettre ses chaussures de chantier, ce sont plein de petits détails qui encrent le film dans une certaine réalité. La vie de famille aussi et le pouvoir d’identification fort qu’on pouvait avoir sur certaines scènes comme celle dans la voiture au début avec Laurent et les enfants, le nombre de gens qui m’ont dit : « c’est drôle, je me revois dans cette scène là ». Tout ça a contribué à fabriquer dans tout le premier acte un maximum de réalité pour que derrière ça puisse déraper et qu’on accepte que ça dérape.

C.R : A votre avis, qu’est ce qui motive ce couple, l’inconscience, la lâcheté ou la peur ?

M.F : Les trois.

L.L : Oui les trois et puis il y a des blessures d’amour quelque part. Ce qu’il reste de sentiments augmente encore plus la rancœur et le côté irrationnel de leur opposition et en l’occurrence de leur combat.

M.F : Mais ce qui est marrant et très vrai dans l’exposition du film, c’est ce couple qui décide de se séparer en bonne intelligence, respectueusement, la photo de famille est parfaite. Sauf qu’ils ne sont pas capables de le dire à leurs enfants. La lâcheté c’est un très bon levier de comédie mais c’est aussi un contraste intéressant par rapport à ces gens qui exposent d’eux-mêmes une image parfaite et qui au fond sont complètement fissurés.

C.R : Vous avez quand même décidé de leur donner des raisons presque valables l’un comme l’autre pour qu’ils justifient de ne pas vouloir leurs enfants.

L.L : Bien sûr, sinon ça faisait deux salopards qui martyrisent des gamins. Il fallait une accumulation d’évènements, en l’occurrence, elle découvre qu’il y a une nouvelle femme dans ma vie, il y a ces deux mutations qui nous sont proposées. Voilà, il fallait des évènements qui justifient leur opposition et que cette opposition là se répercute sur les enfants, il ne fallait pas que ce soit une agressivité directement à l’encontre des enfants parce qu’ils sont des enfants. Ca rend les choses digestes et drôles.

M.F : Moi je crois aussi qu’à l’intérieur de la famille, il y a des motifs de rancœur qui sont bien normaux. Florence a bossé comme une dingue pour payer ses études de médecin suite à quoi elle doit pendant un certain nombre d’années aller faire les courses au Monop et accompagner les enfants aux activités périscolaires. Sauf qu’en fait ça, ce sont des choses qui grèvent le couple. Après on s’en veut, la guerre, elle vient aussi de choses légitimes. La famille, c’est un lieu d’étouffement évident. Dans leur dispute et dans ce qu’ils se reprochent, ils ne sont pas paranormaux selon moi.

C.R : Ca fait penser un peu à La Guerre des Rose avec un enjeu différent.

M.B : Oui, ça nous va bien. Ca nous va bien puisque, comme disait Laurent, rien ne devait être gratuit comme méchanceté. On peut aller très loin dans les situations de comédie à partir du moment où nous, spectateur ou metteur en scène, on suit ce qu’ils sont en train de faire de leur point de vue à eux. Ce sont les personnages qui déraillent, ce n’est pas nous qui jugeons les personnages en train de se dire : on va faire mal aux enfants. Quand vous parlez de La Guerre des Rose, ça me convient bien parce que c’est d’assister avec plus ou moins d’empathie à la vie de gens qui paraissent normaux qui vont être emparés d’une espèce de folie assez irrationnelle quand même.

M.F : En tout cas, il y avait un truc à l’écriture du scénario, puisqu’on était régulièrement consultés, c’est qu’on a tous les trois des humours différents et des sources d’inspiration différentes mais on était quasiment systématiquement d’accord sur ce qui nous faisait rire ou pas. Il y avait une espèce d’évidence sur les choix. Le film aurait pu emprunter plein de tons différents, ça aurait pu être plus potache ou plus sadique. C’était assez instinctif.

C.R : Les enfants sont super doués. Ce sont des acteurs professionnels où c’est leur première expérience ?

M.B : Anna Lemarchand avait déjà joué dans un film qui s’appelle Du vent dans mes mollets. Et j’avoue avoir eu le sentiment que ça allait être elle avant même d’avoir vu le film. Achille est un petit garçon qui a fait des castings mais qui n’avait pas encore tourné et Alexandre avait déjà tourné. Ca n’a pas été compliqué de travailler avec eux mais ça a été compliqué de les choisir. Paradoxalement, j’avais plus peur de travailler avec les enfants qu’avec les adultes.

M.F : Avant de les choisir définitivement, on a fait une impro avec eux et c’était dingue à quel point ils n’avaient pas peur, ce qui est génial d’ailleurs. Ils ont très vite compris la situation, les places de chacun, ils ont dit des trucs super justes pendant l’impro et je crois même me souvenir qu’on leur a piqué des vannes.

C.R : Le film a reçu le Prix du Public au festival de l’Alpe d’Huez, c’est important pour vous ?

M.B: Oui, c’est finalement le prix du public qui est important parce qu’on fait le film pour que les gens l’aiment et le trouvent drôle. Avec le recul, de se dire que le public est réceptif à ce qu’on lui propose, c’est super.

L.L : Surtout avec un sujet qui peut être un peu clivant parce que c’est pas évident comme thème pour une comédie donc c’est bien de voir qu’apparemment ça fait rire les gens.

Entrevue réalisée par Patrick Van Langhenhoven et retranscrite par Eve Brousse

 Titre : Papa ou maman
    Réalisation : Martin Bourboulon
    Scénario : Guillaume Clicquot de Mentque, Matthieu Delaporte, Jérôme Fansten et Alexandre de La Patellière
    Montage : Virginie Bruant
    Photographie : Laurent Dailland
    Musique : Jérôme Rebotier
    Producteur : Dimitri Rassam et Alexandre de La Patellière
        Coproducteur : Romain Le Grand, Matthieu Delaporte, Serge de Poucques, Sylvain Golberg, Adrian Politowski et Gilles Waterkeyn
        Producteur associé : Jonathan Blumental
    Production : Chapter 2
        Coproduction : Pathé, M6 Films, Jouror Films, Fargo Films et UMedia
    Distribution : Pathé Distribution
    Pays d’origine :  France
    Genre : Comédie
    Durée : 85 minutes
    Dates de sortie :
     France : 4 février 2015

Distribution

    Marina Foïs : Florence Leroy
    Laurent Lafitte : Vincent Leroy
    Alexandre Desrousseaux : Mathias Leroy
    Anna Lemarchand : Emma Leroy
    Achille Potier : Julien Leroy
    Judith El Zein : Virginie
    Michaël Abiteboul : Paul
    Vanessa Guide : Marion
    Michel Vuillermoz : Coutine
    Anne Le Ny : le Juge
    Yves Verhoeven : Henri
    Yannick Choirat : Xavier