One More Time

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Un film de Robert Edwards ,
Avec Amber Heard, Christopher Walken, Kelli Garner,

Genre : Drame psychologique
Durée : 1h35
États-Unis

En Bref

La fille du crooner n’a pas la vie rose de ses chansons. Elle a du talent qu’elle gâche en enregistrant des jingles de pub. Elle collectionne comme son père les histoires d’amour courtes. Elle traine son spleen sans progresser, stagnant au bord de la route sans saisir l’opportunité du bonheur. Virée de son appartement new yorkais, elle retourne malgré elle vivre chez son père. Paul a connu le temps du succès, quelques années après les ténors de charme comme Sinatra et Dean Martin. Sa carrière fulgurante s’est arrêtée un beau jour avec l’âge et la lassitude du public pour les chansons douces. Une chanson au bord des lèvres, il s’apprête à redémarrer, prendre de la hauteur ou se crasher au sol.

Jude compose des chansons mais refuse un coup de pouce du destin pour la propulser dans la lumière. Elle ne souhaite pas prendre la route de son père et se noyer sur scène. Comme si cette vie ne lui convenait pas. C’est peut-être l’image de Paul qui la déçoit. Le retour à la case départ devient pour elle le temps de faire le point sur sa vie et le sens qu’elle souhaite lui donner. Elle cache, sous les apparences trompeuses d’un retour aux sources, un vague à l’âme qui la ronge. Dans cette famille, on se déteste avec convenance et ignorance, sans violence, avec tact et douceur, brisant les cœurs. C’est le moment où chacun se confronte avec la vérité espérant un nouveau départ.

One More Time lorgne du côté de Woody Allen, entre beaucoup de paroles et un soupçon d’humour pour aborder la difficulté de vivre. Là où le génial réalisateur nous embarquerait pour un tour de grande roue de la vie, Robert Edwards ne nous propose qu’un tour de manège. Il ne s’envole jamais, restant souvent sur le terrain de l’ordinaire. Les personnages endossent un costume classique, la jeune fille qui a du talent mais souffre de la comparaison avec le père. Jude est en rébellion avec un paternel qui l’écrase par son talent et son absence. Sa sœur squatte la majeure partie du temps chez lui, effacée, sage, invisible. Autour de ce père omnipotent gravitent la dernière femme, le mari de la sœur et un avocat, ami de la famille. Le réalisateur reste sans cesse à la surface du récit sans creuser le sillon, comme les acteurs, sans grand relief.

Le jeu est correct, sans plus. On parle beaucoup sans jamais que le fracas des cœurs ne remette en cause les relations. On gratte quelques notes et on compose quelques chansons que l’on fredonnera dans le cours du récit. Rien de neuf sur la création, le succès et ses débordements, la solitude du chanteur, sa plongée dans le corps des femmes ou des hommes pour Jude. Nous comprenons que le père et la fille ne sont pas si éloignés l’un de l’autre dans le sens qu’ils donnent à la vie. C’est dommage, car la trame méritait sans doute mieux qu’une simple brise, une tempête de l’âme sans aucun doute. Conclusion, encore une fois un opus qui ne laisse pas un souvenir impérissable sur la musique et la relation père fille.

Patrick Van Langhenhoven