Tout juste sorti des studios de Xilam Animation, à l’origine des illustres séries animées Les Zinzins de l’espace, Lucky Luke et Ratz, la version longue d’Oggy et les cafards interpelle. D’abord par sa beauté. Inutile de se le cacher, le travail réalisé sur l’image et le son est remarquable. Les décors infiniment soignés accompagnent des animations vivantes dans des couleurs chatoyantes dominées de bleu et de rouge. L’image est fluide, le dessin incisif et le rythme extrêmement précis. Rythme qui fait écho à l’écriture sonore tant les bruitages, grognements, cris et autre onomatopées caractérisent un dialogue riche et accompagnent une bande son audacieuse. Agréable découverte pour un film entièrement muet.
Ensuite, ce qui surprend en second plan et qui gène d’ailleurs un peu, c’est le parti-pris peu original d’une structure qui préfère passer au long par la voie rapide. En effet, Oggy et les cafards-Le film se caractérise pas une succession de quatre sketches qui catapultent tour à tour ses héros à l’époque de la préhistoire, du Moyen-Âge, de l’Angleterre victorienne et du futur. Ce qui pourrait sembler authentique et insolite au premier abord n’est en réalité qu’un moyen de réitérer encore et encore les mêmes gags, à des époques différentes. D’autant que les scénaristes se reposent systématiquement sur ce qui a fait mouche dans la série, la comédie slapstick, et l’inédit finit par manquer cruellement à l’appel malgré les vaines tentatives d’insérer du sang neuf : Olivia, Jack et Bob le bouledogue et les clins d’œil et références cinématographiques, littéraires et sériels : Star Wars, Prison Break, Cendrillon, Ghost…
Malgré une structure burlesque et absurde proche du cartoon de Tex Avery qui fait toujours mouche, on arrive à se demander le véritable enjeu de la transposition d’Oggy et les cafards au cinéma si ce n’est l’enchainement de plusieurs épisodes sur grand écran. Malgré sa bonne facture formelle, le résultat ne ravira guère que les moins de cinq ans, bien contents d’être assis dans une salle de cinéma plutôt que dans leur salon pour suivre les aventures de leurs héros.
Eve BROUSSE