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affiche The November man

The November man

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Un film de Roger Donaldson ,
Avec Pierce Brosnan, Olga Kurylenko, Luke Bracey,

Genre : Espionnage
Durée : 1H48
États-Unis

En Bref

« Il n’y a pas pire ennemi que celui que l’on a formé. »

Peter Deveraux a depuis longtemps raccroché les gants. Il ne veut plus des rouages d’un monde où le mensonge, la trahison et la manipulation de l’information  et des individus sèment le trouble et la mort sur l’échiquier des puissances. Il passe désormais ses journées à regarder les eaux du lac frissonner sous la caresse du vent en gérant un petit restaurant en Suisse, pays neutre.

Il pensait bien avoir disparu dans le paysage, effacé toutes traces le conduisant à hier, ne plus être qu’un fantôme flou dans la foule. Son ancien responsable le persuade une dernière fois, au nom de l’équilibre du monde, de la parole donnée, de l’honneur et peut-être des sensations oubliées, de repartir pour un tour de piste. La mission reste simple, retrouver une certaine Mira Filipova, détenant des renseignements de la plus haute importance sur un futur haut dignitaire russe. C’est sans aucun problème que l’homme, habitué au côté sombre du monde, identifie sa cible et la convainc de basculer à l’ouest.


 Les dés sont pipés, le jeu faussé. Les anciens amis avec à leur tête le jeune Mason, son ancien élève, se lancent à sa poursuite et en bonus, tous les services secrets de la nouvelle Russie. Peter Deveraux est surnommé l’homme de novembre, semblable à l’hiver, car il ne laisse que des arbres morts, comme Attila, après son passage. On ne réveille pas un lion qui dort sans prendre de risques, ses ennemis avaient sans doute oublié la rage et la fureur qu’il pouvait déchaîner. La mort pourrait bien pour une fois ne pas être dans le camp des menteurs et des tricheurs !

 Roger Donaldson connait son affaire, entre grosses productions bien calibrées et petites série B honnêtes, surnommé « le gentil faiseur ». Il nous offre un film d’espionnage genre Bons Baisers de Russie pour James Bond, avec une pincée de Mémoire dans la peau et de La Taupe pour les rouages de la désinformation. Pierce Brosnan campe un Peter Deveraux convaincant que l’on aimerait revoir dans une série d’espionnage agréable et convaincante. Il manque un peu plus de noirceur et de John Le Carré pour que le film marque plus considérablement les esprits. Dans le paysage actuel des productions sans saveur aux scénarios aussi light que la taille d’un top model, celle-ci fait bonne figure. Nous retrouvons sans surprise l’univers de l’espionnage de la guerre froide remis au goût du jour, mélange de réflexion et d’action à la James Bond des grandes heures, quand l’agent 007 devait faire preuve d’innovation pour s’en sortir.

 Le film commence par une séquence d’ouverture où le vieux mentor finit l’instruction du jeune loup puis retourne dans sa tanière, laissant la place aux jeunes. Le personnage de Deveraux prend ainsi ses couleurs, un homme fatigué, las d’une lutte qui ne s’achève jamais.  Il est condamné, comme Sisyphe, ou le soleil, à se lever sur le monde. C’est la règle du jeu, les pions vont et viennent, disparaissent, meurent ou se fondent dans le paysage pour que d’autres prennent leur place.

 « Devereaux ne cherche pas à sauver la planète. Il connaît les rouages de la politique et les intentions des puissants de ce monde. Mais il se dit qu’il peut sans doute maintenir un certain équilibre. Ce n’est donc pas le genre d’histoire où le sort du monde  dépend d’un seul homme. Les enjeux sont beaucoup plus proches du monde réel».

 Au moment où nous le retrouvons, c’est donc un homme sans amarre qui essaye de reconstruire une vie loin de la folie des hommes. Il ressemble aux héros de l’Antiquité, une fois la baille finie, le sort de Rome remis sur la bonne voie qui retournaient pousser la charrue. De la même façon, quand son ancien chef vient lui demander un service, c’est parce que personne d’autre n’est capable de briser le chaos pour rétablir l’ordre. Il ignore que le jeu, avec les années, devient plus retors, que la notion de bien et de mal se déplace. Quand il comprend les vraies motivations des uns et des autres, il est trop tard pour faire demi-tour. Aujourd’hui le monde compte plus de salopards qu’hier, il compte aussi des femmes et des hommes de bien qui méritent qu’on ramène l’échiquier sur la bonne face du jeu.

Deveraux, dans ce paysage, appartient à l’ancienne génération des hommes de parole et d’honneur, des bons samaritains, inspirés des codes du Bushido, de la chevalerie d’Arthur, redevables de la parole donnée. C’est dans tout cet aspect que le film se démarque et se nuance des variations de noir et blanc en passant par les multiples gris. Il retrouve son rythme classique dans les séquences d’action qui prennent le pas sur la dernière partie. L’autre intérêt du film est la notion de mentor et d’élève, de père et fils qu’il développe avec Mason. Il existe deux façons de s’affranchir du maître ou du père, le tuer comme en psychanalyse ou comprendre qu’ils ne font qu’un. Toute la route à parcourir pour le jeune disciple est de comprendre qu’il a encore du chemin à faire et que le vieux n’est pas mort. Et surtout il apprend la dernière leçon qui l’émancipe enfin et lui donne l’adoubement ou la transmission.

Dans ce feu d’artifice d’action, les personnages, à l’instar d’autres films du même genre, possèdent donc des raisons d’agir et de se comporter dans la noirceur des combats. Le personnage féminin, ex Bond girl ressemble au pendant de Deveraux, avec une noirceur supplémentaire due à son passé torturé. Elle revient de l’enfer et sait que le Paradis, le monde meilleur, ne sont qu’utopies. Comme l’agent secret, elle ne veut qu’un regard sur le lever de soleil sur l’eau frissonnante d’un lac en hiver. Les producteurs et scénaristes s’inspirent de 13 romans de Bill Granger où apparaît la figure de Bill Deveraux à l’époque de la guerre froide. La ville de Belgrade sert de décor et donne toute l’atmosphère à cette époque des 39 marches. Roger Donaldson, en homme de savoir-faire, bâtit une vraie ambiance dans la lignée des films d’espionnage de la grande époque, en plus moderne et avec un habile montage dans ses séquences d’action. Il lui manque juste ce petit plus original, décalé, qui lui permettrait de sortir du lot.

 Patrick Van Langhenhoven

Note du support : n/a
Support vidéo :
Langues Audio :
Sous-titres :
Edition :


Titre original et français : The November Man
    •    Titre québécois : Nom de code : Novembre1
    •    Réalisation : Roger Donaldson
    •    Scénario : Michael Finch et Karl Gajdusek d'après There Are No Spies de Bill Granger
    •    Direction artistique : Kevin Kavanaugh
    •    Décors : Jasna Dragovic
    •    Costumes : Bojana Nikitovic
    •    Photographie : Romain Lacourbas
    •    Montage : John Gilbert
    •    Musique : Marco Beltrami
    •    Production : Sriram Das et Beau St. Clair
    •    Sociétés de production : Das Films, Envision Entertainment Corporation, Irish DreamTime, Merced Media Partners et Solution Entertainment Group
    •    Sociétés de distribution :  Relativity Media
    •    Pays d’origine :  États-Unis
    •    Langue originale : Anglais
    •    Format : couleur
    •    Genre : Film d'espionnage
    •    Durée : 108 minutes
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Distribution
    •    Pierce Brosnan (VQ : Daniel Picard) : Peter Devereaux
    •    Luke Bracey (VQ : Jean-François Beaupré) : David Mason
    •    Olga Kurylenko : Alice Fournier
    •    Bill Smitrovich (VQ : Vincent Davy) : Hanley
    •    Eliza Taylor-Cotter : Sarah
    •    Will Patton (VQ : Benoît Rousseau) : Perry Weinstein