Nos Patriotes

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Un film de Gabriel Le Bormin ,
Avec Marc Zinga, Alexandra Lamy, Pierre Deladonchamps,

Genre : Historique
Durée : 1h48
France

En Bref

Les canons se taisent. L’ennemi prend possession du pays, déploie ses drapeaux. Le bruit des bottes remplace le chant des oiseaux, les murs voient les ombres se faufiler pour organiser la résistance. Addi Ba, engagé dans les régiments des tirailleurs sénégalais, se retrouve prisonnier de l’ennemi, sacrifié à la propagande où les vaincus deviennent des cadavres d’une guerre reconstituée. Que faire quand les balles sont réelles et les fusils vides ? Il s’enfuit en compagnie d’autres camarades pour échapper à cette farce de mauvais goût. C’est ainsi qu’il se retrouve dans un petit village des Vosges, recueilli par la famille d’une institutrice. Peu à peu, la résistance à l’ennemi s’organise, prend forme.

Dans un premier temps, il faut trouver des hommes capables de vivre dans la clandestinité et le silence. Réfugié dans une ferme perdue, Addi Ba refuse de laisser son pays aux mains de l’ennemi. Il rejoint l’un des premiers réseaux clandestins où son passé militaire sert à organiser les maquisards. Dans l’ombre des grands pins silencieux résonne de nouveau le chant des oiseaux où la parole demeure silencieuse. Il prépare les hommes à la lutte qui s’annonce acharnée et difficile. Peu à peu, de la nuit et du brouillard jaillit le chant des fusils et des ponts volant en éclats. Le temps du murmure est passé, celui de la violence et des armes arrive. Jusqu’à quand Addi Ba et ses hommes tiendront-ils dans le cœur de la forêt profonde avant que ne vienne le temps de la douleur ou de l’ivresse de la liberté.

Claude Bomin choisit une histoire peu commune, celle d’un tirailleur sénégalais, Addi Ba, fait prisonnier par les Allemands. Il s’évade pour rejoindre le premier maquis de la Résistance en 1940 dans les Vosges. À l’heure où certains voudraient remettre en cause le regard sur l’autre, voici une leçon sur le courage de ces hommes venus défendre un pays. Après Indigènes, Nos Patriotes nous interroge sur un sujet sensible de notre histoire. C’est d’abord le parcours d’un homme reconnaissant à cette patrie qui lui a rendu la vue. Jeune aveugle, il vient se faire soigner en France où il décide de construire sa vie. Addi Ba s’engage dès le début du conflit pour défendre des idées. Ses actes de bravoure ne seront reconnus qu’en 2003 date à laquelle le gouvernement le récompensera à titre posthume pour sa bravoure.

Son parcours militaire aide la Résistance à constituer une armée de l’ombre forte et formée au maniement des armes. Combien de ces hommes venus des colonies, d’ailleurs, pour défendre un pays en qui ils croyaient, mourront sur nos champs de bataille ! Indigènes soulevait déjà le problème et militait pour la reconnaissance de ces Braves. Claude Bomin choisit une mise en scène où l’espace et l’âme se disputent la parabole du partage et de la reconnaissance. Il illustre son propos par quelques scènes sensibles comme ces deux mains liées épluchant des haricots. Une vieille femme et un jeune garçon de couleur, « à la peau noire » comme le dit la dame. Deux mains s’effleurent, deux cœurs partagent en silence la souffrance des jours sombres s’abattant sur la campagne. Une trahison se lit sur un visage fragile comprenant l’ampleur de sa faute. Autour, les grands pins silencieux, témoins du chant de la mort, ne peuvent rien pour absoudre la noirceur de l’âme. Avec cette scène, Claude Bomin s’arrange avec la vérité en gardant le fond pour en changer la forme. Addi Ba aura été trahi par un mari jaloux.

Plus que le chaos des armes, c’est le bruit des cœurs et des âmes qui trouvent le courage et le chemin du pays de l’autre. Comment, aux premières heures, se lève une armée des ombres désordonnée. Peu à peu, elle se forme en une cohorte se soulevant pour que sonne de nouveau l’heure du bonheur. Dans ce film d’action, c’est bien le sens à donner à la vie et l’âme intérieure qu’explore Claude Bomin. C’est la première fois que Louane se confronte à un personnage différent de celui de la jeune fille moderne. La surprise vient de Marc Zinga, à la stature d’un Sidney Poitier, composant un Addi Ba sensible et émouvant dans sa quête du bonheur. Nos patriotes trouve sa place entre classique et émotion, sur un sujet méconnu de notre histoire.

Patrick Van Langhenhoven