Nos futurs
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En Bref
Yann ne souhaitait pas cette soirée d’anniversaire, d’ailleurs que veut-il ? Le garçon d’hier avec ses rêves plein la tête, un peu rebelle, se retrouve bien loin du quadra d’aujourd’hui. Il arrive au moment où la vie vous joue des tours et vous rappelle aux promesses d’hier. Aux étés prometteurs succèdent les automnes amers. L’enfant prometteur se transforme en courtier pour assurances vie et son existence prend les couleurs grises de la monotonie. C’est une vieille boite pleine de photos, enfouie chez sa mère, que sa femme exhume qui relance les dés. Yann se souvient de Thomas, un vieil ami d’enfance dont il tait l’existence jusqu'à aujourd’hui.
En ouvrant la boite de Pandore, sa bien-aimée s’interroge sur cet ami enterré dans le grenier des souvenirs. Le couple affronte la tempête d’une naissance annoncée, mais jamais venue. Pour tomber enceinte, Estelle n’a aucun problème, mais au bout de quatre mois c’est la déroute. C’est l’heure de faire le point, de mettre les pendules à l’heure quand la nuit descend pour un nouveau jour. Yann se décide à téléphoner à son vieux complice pour réparer, reprendre le fil perdu, cassé.
Il retrouve un type n’ayant pas bougé d’un iota, toujours le même appartement, la même folie de vivre et sa piquette de vin. Ils pourraient reprendre en cœur la chanson désuète. « Le temps est loin de nos vingt ans. Des coups de poings, des coups de sang. Mais qu'à c'la n'tienne: c'est pas fini. Buvons encore une dernière fois - A l'amitié, l'amour, la joie - On a fêté nos retrouvailles - Ça m'fait d'la peine, mais il faut que je m'en aille ». Thomas décide Yann à reproduire la dernière boum, le bal de fin d’année clôturant les années lycée.
Pour ce faire, il se lance dans la quête du carnet de bal pour retrouver toute la bande et recréer un choc temporel 20 ans après. C’est peut-être nécessaire pour le réveiller et ouvrir un nouvel avenir plus en adéquation avec les rêves du jeune homme d’hier. C’est peut-être nécessaire pour fermer une porte restée trop longtemps ouverte et qui joue des tours au présent.
Rémi Bezançon aime la vie et les types qui n’arrivent pas à s’en dépatouiller, pris dans leurs tourments. Ils tournent dans la cage de l’existence comme des fauves. C’est en général une femme, elle ouvre la porte et libère cette folie trop longtemps emprisonnée. On retrouve souvent un traumatisme dû à l’enfance qui n’en finit pas de jouer des tours au présent. Nos futurs achève une trilogie commencée avec Le premier jour du reste de ta vie, Un heureux évènement. Nous y retrouvons pêle-mêle, la difficulté de la naissance, la figure du père et de la mère, et ce moment où la vie bascule, ce jour peu ordinaire du premier jour du reste de ta vie.
Nos Futurs n’échappe pas à la règle et se concentre même sur ce moment précis, cette quête des retrouvailles, d’un passé lointain. Thomas embarque son ami dans une idée improbable, reproduire la boum de fin d’année du lycée. Votre quête, si vous l’acceptez est de retrouver toutes les figures pour créer un choc psycho temporel. En reproduisant hier, il est possible de changer demain, en partant de ce jour où tout a basculé. Le spectateur relève des incohérences, des non-sens qui trouveront leur résolution avec la fin, excellente. C’est pourquoi je vous invite à suivre le fil d’Ariane de ce labyrinthe où le Minotaure n’est pas celui que l’on imagine. Les deux personnages pourraient être les deux faces d’une pièce, le jeune adulte ouvrant la porte de la vie qui ne change pas, Thomas.
Et Yann, l’adulte arrivé à quarante ans, qui ne ressemble pas à ses rêves. Les a-t-il trahis pour autant ? C’est toute la question que nous aimons. Qu’avons-nous fait de nos rêves, de nos envies, de nos désirs d’hier ? La folie de la jeunesse, les ambitions, les engagements s’effacent pour certains et laissent la place à un autre type. Parfois si différent que le môme d’hier ne voudrait pas le croiser. Thomas refuse juste d’affronter ses rêves, la fin nous donne la solution. Il se laisse porter par les ambitions des autres, reprendre l’entreprise du père, construire une famille. Il n’est pas malheureux, mais cette vie n’est tellement pas la sienne. Qu’il échoue au dernier portail. C’est ce que comprend Thomas, avec cette fête, ils briseront le cercle maudit.
Dans ce labyrinthe, Rémi Bezançon nous offre de belles séquences, le repas avec la mère Zabou Breitman toujours excellente, le face à face avec le fantôme du père, et le final surprenant. Il renvoie par ses thématiques aux deux autres films, mais à la filmographie du réalisateur y compris le film d’animation Zarafa. C’est une œuvre qu’il construit avec la même question vue sous des angles différents, à chaque fois renouvelée.
Patrick Van Langhenhoven
Réalisation : Rémi Bezançon
Scénariste Rémi Bezançon, Vanessa Portal, Jean-François Halin
Compositeur Pierre Adenot
Productrice Isabelle Grellat, Eric Altmayer, Nicolas Altmayer
Equipe technique
Directeur de la photographie Antoine Monod
Chef monteur Fabrice Rouaud
Chef décorateur Maamar Ech-Cheikh
Directrice du casting Nadia Nataf
Directeur de production Pascal Bonnet
1er assistant réalisateur Paul-Henri Belin
Chef costumier Marie-Laure Lasson
Scripte Isabelle Perrin-Thevenet
Ingénieur du son Marc Engels, Elisabeth Paquotte
Mixage Eric Tisserand
Monteur son Raphaël Sohier
Directrice de post-production Patricia Colombat
Directrice du casting enfants Dorothée Auboiron
Sociétés
Production Mandarin Cinéma
Production France 2 Cinéma
Production Gaumont
Production Magic Paper
Distribution :
Pio Marmai : Thomas
Pierre Rochefort : Yann Kerbec
Mélanie Bernier : Estelle
Kyan Khojandi : Max
Camille Cottin : Géraldine
Laurence Arné : Emma
Roxane Mesquida : Virginie
Zabou Breitman : La mère de Yann
Samy Micha Lescot
Vincent Aurélien Wiik
Bartarin Esteban
Michel Jean-Pierre Lorit
Nico Thibault Duboucher
Le mari de Virginie Clément Vieu
