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affiche Non essere Cattivo (Ne sois pas méchant)

Non essere Cattivo (Ne sois pas méchant)

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Un film de Claudio Caligari,
Avec Luca Marinelli, Alessandro Borghi, Silvia D’Amico,

Genre : Drame psychologique
Durée : 1h41
Italie

En Bref

Dans le milieu des années 1990, deux amis, Cesare et Vittorio grandissent ensemble à Ostie, dans la périphérie dégradée de Rome. Les liens qui les unissent en ont fait deux frères de mauvaise vie. Cesare a une mère prématurément vieillie qui élève une nièce malade et orpheline, à laquelle il est fortement attaché. Quant à Vittorio, il semble être seul au monde. Dans cet univers post-pasolinien, les deux amis vivent d’expédients et d’un trafic de stupéfiants qui leur permet de se procurer ce dont ils rêvent : alcools, soirées en discothèque et belles voitures. Lorsque Vittorio rencontre Linda, il aspire bien vite à autre chose, trouve un travail et tente d’entraîner dans son sillage Cesare qui vient de faire la connaissance de Viviana. Mais à Ostie, une double rédemption est-elle possible ?


Le 26 mai 2015, Claudio Caligari, 67 ans, disparaissait à Rome, des suites d’une longue maladie. Il venait à peine de terminer le montage de Non essere cattivo (Ne sois pas méchant). Grâce à Valerio Mastandrea, producteur du film et interprète en 1998 de L’odore della notte, second long métrage de Caligari, grâce aussi à un appel de l’acteur romain à Martin Scorsese, le film sera projeté hors concours à la Mostra de Venise. Il aura aussi l’honneur, quelques mois plus tard, de représenter l’Italie dans la course à l’Oscar du meilleur film en langue étrangère, ce qui aurait sans doute surpris le réalisateur, cinéaste talentueux abandonné par l’industrie cinématographique italienne.

En partant d’une modeste histoire d’amitié entre deux marginaux aux parcours à la fois similaires et opposés, Claudio Caligari convie le spectateur à un voyage plus général dans l’arrière-pays romain, un lieu improbable, parfois semblable à celui de Mean Streets, où il est difficile pour ne pas dire impossible de ne pas être méchant. Un pays peuplé de laissés-pour-compte qui, à l’image de Cesare et de Vittorio, se livrent à de petites activités illicites dans le but de se procurer leur dose quotidienne de stupéfiants qui leur donnera l’illusion d’exister. Mais un pays aussi au sein duquel se nouent des drames quotidiens : le combat d’une mère pour survivre sur le plan économique, celui d’une fillette contre la maladie héritée de sa mère décédée du SIDA, la volonté de trouver un emploi même précaire et au noir pour tenter d’échapper à une détestable condition.

Pour mettre en scène l’univers de ses protagonistes, Claudio Caligari, avec son directeur de la photographie, Maurizio Calvesi, recourt à deux approches stylistiquement opposées. Un registre brutal et réaliste, notamment dans les scènes diurnes où domine une lumière blafarde qui souligne l’ennui et l’impuissance des personnages et un autre, surréel, dans les séquences nocturnes de « défonce », avec images déformées, ralentis et montage frénétique qui n’est pas sans rappeler le travail de Martin Scorsese, modèle de référence pour Caligari.

Si l’amitié fraternelle entre deux personnages dont les routes se rejoignent pour finalement se séparer est au cœur du film, c’est grâce à l’interprétation exceptionnelle de deux acteurs. Dans le rôle de Cesare, Luca Marinelli, méconnaissable par rapport à ses interprétations précédentes dans La solitude des nombres premiers de Saverio Costanzo ou dans Chaque jour que Dieu fait de Paolo Virzi, en passe de devenir un comédien majeur du septième art transalpin et Alessandro Borghi  dans le rôle de Vittorio, qui passe des visions hallucinées d’un cocaïnomane à la tendresse d’un père de famille, sans jamais perdre sa crédibilité.

 Alain Claudot, comité de jumelage Reims-Florence

Note du support : n/a
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