A Miami, en 1994, Daniel Lugo, interprété par Mark Wahlberg, est un bodybuilder et entraîneur personnel, ex-taulard qui se lasse de sa vie et ferait tout pour vivre lui aussi le «rêve américain ». Maisons de luxe, voitures de course et filles de rêve …Pour y parvenir, il va faire équipe avec deux autres body builders, Adrian Doorbal (Anthony Mackie), accro aux stéroïdes, et un autre ancien détenu abstinent et « born-again » Paul Doyle (Dwayne Johnson). Il conçoit un plan, a priori brillant et d’une simplicité parfaite, pour kidnapper l’un de ses nouveaux clients et lui extorquer tous ses biens, Victor Kershaw (Tony Shalhoub), un millionnaire tout à fait inhumain et épouvantable d’arrogance. Malheureusement pour le trio d’escrocs, ils apprennent un peu trop tard que la bêtise et la criminalité sont une combinaison terrible qui peut aboutir à des catastrophes !
Après près d’une décennie à faire des films dans lequel des robots se battent chaotiquement contre d'autres robots, le cinéaste Michael Bay (réalisateur de la série des Transformers) a complètement changé de braquet pour son nouveau film, et bien que cette comédie noire No Pain no Gain soit certainement un pas dans une nouvelle direction pour lui, il n’en reste pas moins un film de Michael Bay ... pour le meilleur et pour le pire.
Soutenu par le fait qu'il est basé sur une histoire vraie, ce qui lui donne une sensation distinctive, celle de « la réalité dépasse la fiction », No Pain no Gain n’a pas de grande originalité. C’est cependant une sorte de conte bizarre raconté de façon divertissante. Les personnages sont donc d’autant plus légitimement stupides que l'intrigue est constamment en mouvement et de manière inattendue, allant parfois loin dans des scènes de comédie noire qui nous font douter de notre centre moral pendant que nous rions. Le film, heureusement, ne force jamais le public à faire preuve d'empathie pour ces idiots bodybuildés, mais ces trois-là forment une bonne alchimie en tant que groupe, et nous offrent quelques scènes aux répliques savoureuses, à l’instar de celle où Adrian propose à Paul, celui-ci étant abstinent, de boire un lait maternel enrichi de stéroïdes en guise de cocktail alors qu’ils sont en boîte de nuit.
Poursuivant son émergence en tant que l'un des acteurs les plus divertissants et étonnants travaillant actuellement à Hollywood, Dwayne Johnson nous offre l’une des meilleures performances que nous ayons encore vue de lui, éclipsant complètement l'ensemble des autres comédiens, et pour lui seul le film vaut la peine. Prouvant qu’il est bien plus qu’un tas de muscles à l’attitude rude et virile (c’est pourtant à cela qu’il doit son succès incroyable au cours de ces dernières années), il change tout à fait son registre et apporte au public une belle surprise, sauf pour ceux qui l’aurait vu joué dans Infiltré, où déjà il nous donnait à voir un jeu plus riche que dans GI Joe ou les Fast and Furious. Les auteurs, Christopher Markus et Stephen McFeely, ont le mérite de lui avoir écrit un personnage Nouveau-Né, amoureux de Jésus, qui est en équilibre parfait entre mutisme et colère.
Bien qu'il y ait un écart en termes de tonalité, d'intrigue et d'ampleur de la part de Michael Bay dans ce film par rapport à ses précédents, No Pain no Gain comporte encore de nombreuses questions régulièrement présentes dans ses autres films. Sa gamme de représentation des personnages féminins, sous-développés, est à déplorer. Ainsi avec Rebel Wilson qui est présente à l’écran uniquement pour faire des plaisanteries salaces et Bar Paly jouant une immigrée devenue strip-teaseuse crédule et imbécile, qui est plus une caricature qu'un personnage. Le film se perd un peu dans la durée, une demi- heure de trop, et fait une utilisation agressive et pénible de la voix off (nous entendons tous les personnages principaux), et par des scènes qui n'ajoutent rien à l'intrigue, mais qui sont laissées parce qu'elles ont peut-être existé dans l'histoire réelle. Le film dans son ensemble est certainement un changement de rythme pour le cinéaste, mais il est difficile de dire qu'il y a une véritable révolution.
Michael Bay aurait pu utiliser le temps passé à No Pain no Gain pour faire un autre Transformers ou un film d’action tout aussi écervelée remplie d’explosions et de manichéisme, mais rendons-lui hommage, il a pris un risque et a essayé quelque chose de nouveau, ce qui est louable en soi.
Gregory Germanais