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affiche Mother !

Mother !

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Un film de Darren Aronofsky ,
Avec Jennifer Lawrence, Javier Bardem, Ed Harris,

Genre : Drame psychologique
Durée : 2h02
États-Unis

En Bref

Une petite maison au milieu de la clairière, au-delà du cercle du monde, une forêt profonde. C’est ici que vivent Mère et lui. Le temps passe, tranquille, lui tente de renouer avec la création qu’il semble avoir perdue. Mère continue de remettre la maison en état, porteuse de vie émergeant du néant. C’est le temps du rien et du tout, quand file la mémoire de la genèse, au commencement du monde. L’arrivée de l’homme et la femme, Adam et Ève dans ce Nouveau Monde sans interdits bouscule la vie de Mère. Lui trouve dans leur présence une adoration à sa création, un écho aux mots du poète. Le temps continue de s’écouler et la vie de rouler comme un murmure qui enfle.

Se rejoue l’histoire de Caïn et Abel, de la violence d’une humanité lâchée sur la terre adorant son créateur comme un veau d’or. Mère voit germer en elle la graine qui pousse son premier cri, lui le créateur renoue avec les larmes du poète, mais le monde souffle un vent possessif sur leur histoire. L’humanité envahit la maison de Mère et père, du créateur et de la création, du rien et du tout pour redonner mémoire à la saga de la genèse. Nous pourrions résumer cette histoire par « c’était un homme et une femme paisibles écoutant le vent du monde extérieur comme un chant profond à la lueur du premier foyer. C’est l’histoire d’un couple perturbé par l’arrivée d’un autre couple et de leur fils. C’est l’histoire d’un couple débordé par la horde des admirateurs. »


C’est la parabole de la genèse revisitée par un réalisateur inspiré par le mythe. Depuis son premier film découvert en France Pie, la lutte du bien et du mal, des ténèbres et de la lumière marque son cinéma. De la même manière, le mythe commun aux trois grandes religions et celui des origines se mélangent dans son œuvre. C’est avec The Fountain qu’il éclate et brasse de nombreuses thématiques profondes, allant des mythes des origines au bouddhisme en passant par le Christianisme et la Torah. Il reviendra à la notion de bien et mal avec The Wrestler et Black Swan. Comment dans notre lutte intérieure nous devons faire face à cette dualité qui finit par se révéler beaucoup plus grise que noire et blanche. Comment un cygne blanc finit par devenir noir ou comment un homme brisé se relève pour assumer sa nature. Dans Noé il touche au mythe de la genèse en mélangeant une version plus proche du paganisme que celle de notre catéchisme.

Mother  est sans doute le point ultime, le sommet de la montagne où mythes païens et Christianisme se mélangent pour une version gonflée de la naissance du monde. C’est baroque, à la démesure du talent de Darren Aronofsky, brillant, déstabilisant pour certains, voire incompréhensible. L’accueil mitigé du film en est une preuve supplémentaire. Pourtant il faut oser réduire l’histoire des balbutiements de l’humanité à une petite maison dans la prairie. Réduire le créateur à un poète capricieux et manipulateur, magnifique Javier Bardem, et la déesse mère à Jennifer Lawrence, tout aussi exceptionnelle. La maison, c’est l’humanité et ses mythes anciens, celui de la grotte, du premier feu dans la prairie avec autour, la forêt interdite. Arrivent Elle et Lui, parabole d’Adam et Ève que le sexe chassera du Paradis. Le fruit défendu n’est plus une pomme, mais la perversion de nos sens. Elle ouvre sans doute la voie à la notion du bien et du mal comme dans la genèse, avec le fruit de la connaissance.

Le fils ainé et Cadet deviennent Caïn et Abel et le premier meurtre fratricide. Arrive l’adoration du créateur. Le poète donnant le livre à l’humanité, la guerre et la naissance du fils de Dieu, le monde entre dans le gémissement, le chaos du commencement et Dieu pose le cristal pur pour une histoire toujours renouvelée. Nous noterons que c’est Mère qui reconstruit la maison, la femme, le monde. C’est brillant. Parfois on s’égare dans ce foisonnement d’indices, de mythes qui se frôlent, s’interpellent, nous rappelant qu’ils ne forment qu’une seule et même chose. Plonger dans Mother demande d’abandonner ses sens pour se laisser emporter dans la noirceur du monde jusqu’à la lumière. Il ouvrira plusieurs visions, plusieurs routes nées de ce chaos au cœur de la forêt, au centre de la prairie.

Patrick Van Langhenhoven

Note du support : n/a
Support vidéo :
Langues Audio :
Sous-titres :
Edition :


    Titre original : Mother!

    Réalisation : Darren Aronofsky

    Scénario : Darren Aronofsky

    Photographie : Matthew Libatique

    Montage : Andrew Weisblum

    Direction artistique :

    Décors : Larry Dias

    Costumes : Danny Glicker

    Musique : Jóhann Jóhannsson

    Producteurs : Darren Aronofsky, Scott Franklin et Ari Handel

    Sociétés de production : Paramount Pictures et Protozoa Pictures

    Société de distribution : Paramount Pictures

    Budget : 30 millions de $

    Pays : États-Unis

    Langue : anglais

    Formats : couleur — 16mm — 2.35:1

    Genres : drame, horreur, thriller

    Durée : 121 minutes2

    Dates de sortie : 13 septembre 2017 (-12 ans)     

Distribution

     Jennifer Lawrence : Mère

    Javier Bardem : Lui

    Ed Harris : L'Homme

    Michelle Pfeiffer : La Femme

    Kristen Wiig : L'éditrice

    Domhnall Gleeson : Le fils aîné

    Brian Gleeson  : Le fils cadet

    Jovan Adepo : L'échanson

    Stephen McHattie : Le Fanatique

    Emily Hampshire : L'Idiote