Morbius

___

Un film de Daniel Espinosa ,
Avec Jared Leto, Matt Smith, Adria Arjona ,

Genre : Fantastique
Durée : 1h44
États-Unis

En Bref

Le mal qui hante le Dr Morbius et son ami Loxias remonte à l’enfance. Ils sont condamnés à la solitude et un corps malade à cause d’un sang vicié. Comme les spartiates, ils sont seuls contre la multitude. Morbius, devenu un éminent docteur spécialiste du sang, est sur la piste d’un antidote qui pourrait leur permettre de vivre comme les autres. Malgré la mise en garde de Martine, son assistante, il teste le produit miracle sur lui, c’est une potion faite à partir du sang de chauves-souris vampires. Morbius découvre très vite que l’effet salutaire s’accompagne d’une transformation radicale. Il devient une de ces créatures de Bram Stoker, un vampire. La soif de sang le pousse à s’attaquer aux innocents. Il ne supporte pas l’âme noire buveuse de vie. Il se nourrit de sang artificiel, mais cela ne suffit pas. Il ne lui reste plus qu’à trouver un remède au remède pour vivre normalement. Loxias n’a pas les mêmes scrupules et profite de cette force nouvelle sans aucun remords. Morbius devra affronter cet ami de toujours dans un combat du bien contre le mal.

Morbius est un personnage créé par Roy Thomas et Gil Kane en 1971 dans Amazing Spiderman vol1. Dans la lignée du mythique Dracula de Bram Stoker, les deux auteurs proposaient une nouvelle façon d’aborder le mythe du vampire. Entre bien et mal, Morbius mène un combat contre lui-même. Cette soif de sang le pousse à attaquer les innocents et parfois basculer dans les ténèbres. Il entre en enfer. Comme Dracula, l’amour le sauve un temps, mais sans cesse sa nature sombre et son âme blanche s’affrontent. On imaginait déjà la rencontre d’un univers sombre à la Dracula de Francis Ford Coppola, Entretien avec un Vampire de Neil Jordan, avec un soupçon de superhéros. C’était la promesse d’une aube sanglante, enfin une nouvelle franchise classe pour Sony.

Il faut l’avouer, entre Spiderman pas toujours en forme, Venom, surtout le 2, raté, l’horizon ne semblait pas rose. On espérait un face à face avec son ennemi de toujours, Blade et Spiderman dans la couleur noire de l’époque. Hélas ! Le rendez-vous est une fois de plus manqué et accouche d’une série B jalonnée des incontournables clichés. Le problème, à notre avis, c’est qu’à vouloir courir plusieurs lièvres à la fois, on n’en attrape aucun. Morbius ne sera donc pas un film gothique comme ses prédécesseurs, ni noir comme le Batman de Nolan. Il ne sera pas non plus un hommage au genre. Il garde la lutte du bien et du mal, sans trop de relief, une histoire d’amour à peine esquissée et un renouveau moderne en solde. L’ouverture, avec la plongée dans la grotte aux chauves-souris à la Batman, suivie de ces enfants condamnés, handicapés, laissait planer un combat entre innocence et perversion, lumière et ténèbres.

Les enjeux apparaissent très vite par la suite et laissent place à quelques combats honnêtes. Dans ce chemin trop facile, les acteurs tentent de s’en sortir du mieux qu’ils peuvent. Jared Leto se débrouille avec son personnage de Morbius et des dialogues peu inspirés. Mat Smith est plus proche de la surenchère et de la caricature. C’est Adria Arjona qui s’en sort le mieux, avec Tyrese Gibson et Al Madrigal dans un duo de flics classique, correct. En refusant de choisir un angle dans l’esprit gothique, fidèle au personnage du vampire, Morbius se transforme en une gentille série B.

Patrick Van Langhenhoven