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affiche Mon fils

Mon fils

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Un film de Eran Riklis ,
Avec Tawfeek Barhom, Yaël Abecassis, Michael Moshonov ,

Genre : Drame psychologique
Durée : 1h44
Israël

En Bref

Lyad jeune Palestinien de 16 ans vit dans une ville arabe en territoire israélien. Il gagne son entrée dans une grande école juive à Jérusalem. Seul Arabe de cette prestigieuse institution, il tente de faire sa place entre un groupe de camarades sympathisants et les quelques racistes du coin, plus virulents. Ce n’est pas toujours facile pour un jeune garçon d’un univers différent de s’intégrer. Au pays de la peur et de la suspicion, répondre à la maitresse que le métier de son père est terroriste augure mal de l’intégration.

Apprendre l’histoire de son pays vue par l’œil de la nation juive n’aide pas forcément au partage. Heureusement existe la jolie Noémie, fleur aux pétales de lumière posée dans ce désert. L’idylle se noue au fil des années, avec en fond la tempête de la guerre au Liban et en Irak. Les familles, d’un côté comme de l’autre ne souhaitent pas entendre cette histoire à la Roméo et Juliette. Cette amour est il voué à finir dans la douleur et l’oubli des sables du désert ? Lyad rencontre Yonatan, un jeune garçon juif handicapé, seul avec sa mère Edna. Peu à peu, un lien profond se tisse entre ces trois êtres. Peut-être que la discrimination pesant sur leur condition, l’un cloué à son fauteuil, l’autre à son identité, les rapproche plus qu’ils ne le pensent. Quand le temps de la faucheuse vient, celui des souvenirs planant dans les ombres de la maison, il reste à Edna un second fils.


Eran Riklis La fiancée du désert, Les Citronniers, Zeytoun, aime explorer les relations entre Palestiniens et Juifs. Nous retrouvons l’esprit des Citronniers où se mélangent l’humour et la noirceur d’une situation. Il aura fallu du temps pour que les deux parties se comprennent, s’apprivoisent et apprennent que l’amour triomphe de la haine. Dans ce récit adapté des romans presque autobiographique de Sayed, c’est la notion d’identité qui prime. Lyad doit trouver sa place dans une société où l’Arabe se retrouve souvent cueilleur ou dans des boulots de misère. Il oublie qu’il n’est pas différent de bien d’autre Israéliens, vivant eux aussi dans les mêmes conditions.

Le père de Lyad est fier pour son fils, il peut enfin réaliser le rêve d’entrer à l’université. Lui a abandonné à cause d’accusations de terrorisme. De l’autre côté, la famille de Noémie juive sépharade interdit à leur fille cette relation. Dans ce climat, Lyad cherche sa place, son identité, qui est-il ? Pour Noémie il est l’amour, sans étiquette, sans autre classification que les sentiments. Pour certains élèves, il représente l’Arabe caricatural des romans. Lyad le dénoncera dans une très belle scène, en faisant valoir sa vraie nature. Pour son ami Yonatan, il commence par être l’étranger, puis d’autres liens les rapprochent. Ils sont tous les deux discriminés. Il devient le frère que n’a jamais eu le jeune garçon. A ce moment l’histoire prend un autre tournant. Après avoir regardé les relations entre Juifs et Palestiniens du point de vue de l’extérieur, des familles, Eran Riklis touche au cœur de son sujet, l’individu. Lyad peu à peu apprend que dans ce pays il vaut mieux se faire passer pour un autre.

C’est ainsi qu’il découvre que nombreux de ses compatriotes vivent sous des prénoms différents. C’est ainsi qu’il prend l’identité de celui qui demeure comme son frère, Yonatan. Peu à peu, Lyad disparaît pour finir par ne plus exister. Le basculement se fait par la force des choses, pour un bon boulot il vaut mieux un nom juif. Il oublie que le chèque de fin de mois est à son nouveau nom. Le film pourrait nous dire que dans ce monde il n’existe pas de place pour les Palestiniens. Ils finissent par s’effacer, se perdre sous d’autres identités, devenir des ombres pour survivre ou des cueilleurs pour rester eux-mêmes. Je pense que la réponse est ailleurs. Elle se trouve dans l’esprit du Tao. Lyad revient à sa nature originelle comme tous les autres personnages, celle se cachant derrière les multiples fractures qu’ils dressent pour se masquer.

Le Tao nous dit, au début le monde n’était qu’un, puis il se divise en deux, etc. Nous retrouvons la théorie d’un univers qui explose, devient deux, et galaxie, etc. Je franchirai donc le pas sur l’identité de chacun. Au début nous sommes humains, ni noirs, ni blancs, ni arabes. Nous nous identifions d’abord par notre couleur de peau, notre pays, notre ville, notre quartier, voire notre immeuble. Nous divisons ainsi cette identité commune en de multiples fragments qui ne représentent qu’une parcelle de notre âme profonde. Lyad se fond dans celle de Yonatan, il devient son ami, son frère de sentiments et lui-même.

Ce passage est clairement montré d’abord par l’acceptation d’Edna qui ni trouve rien à redire, et par une séquence où les notes du bac sont identiques. C’est normal me direz-vous. Lyad concrétise le rêve de son ami en prenant sa place à l’examen du Bac. Cette métaphore explique l’idée que nous sommes tous à l’origine une seule et même chose, comme ce début de l’univers. Il n’existe à cet instant aucune différence. Dans ce sens, à quoi bon nous déchirer pour des chimères, des fragments, des facettes d’un tout commun ? C’est ce que nous dit peut-être le film Mon fils ?

Patrick Van Langhenhoven

Note du support :
3
Support vidéo : Format 16/9 compatible 4/3, Format cinéma respecté 2.35, Format DVD-9
Langues Audio : Arabe , Français Dolby Digital 5.1, 2.0
Sous-titres : Français
Edition : Pyramide Vidéo

Bonus

Making of (22')

Mon fils

(Aravim Rokdim)

Israël – 2014 Réalisation: Eran Riklis

Scénario: Sayed Kashua

Image: Michael Wiesweg

Décor: Yoel Herzberg

Costume: Hamada Attalah

Son: Rolf Manzei, Gil Toren et Hervé Buirette

Montage: Richard Marizy

Musique: Yonatan Riklis

Producteur: Bettina Brokemper, Antoine De Clermont-Tonnerre, Michael Eckelt, Chilik Michaeli, Avraham Pirchi, Tami Leon

Production: United Channel Movies, Riva Filmproduktion, Heimatfilm, Mact Productions, Alma Film Productions

Distribution:

 Tawfeek Barhom (Iyad),

Yaël Abecassis (Edna),

Michael Moshonov (Yonatan),

Ali Suliman (Salah),

Danielle Kitzis (Naomi),

Marlene Bajali (Aisha),

Laëtitia Eïdo (Fahima),

Razi Gabareen (Eyad jeune)...

 Distributeur:  Pyramide Distribution

Date de sortie: 11 février 2015

Durée: 1h40