Mission Impossible Rogue Nation
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En Bref
Un avion décolle, transportant un gaz toxique. Derrière Ethan Hunt court ! Il surprend ses ennemis, et annihile la menace, fin de l’ouverture d’un opéra où action et manipulation composeront la symphonie. Un petit disquaire sans importance au cœur de Londres où une jeune novice s’extasie devant la légende des agents très spéciaux. Le vieux vinyle délivre sa mission, "si vous l’acceptez, elle consistera à me débusquer". Première surprise, c’est l’ennemi qui livre le prochain livret pour le musicien de l’action. Ethan avait donc raison bien avant l’explosion du Kremlin et sa dernière mission protocole fantôme.
Il existe dans les coulisses, derrière toutes ses machinations, une entité secrète, le Syndicat ! Mission impossible qui ne répond qu’au ministre de la Justice se retrouve désavouée par ses pairs et menacée de dissolution. Brandt lutte contre le chef de la CIA, Alan Hunley souhaitant mettre fin aux activités de la cellule qui n’en fait qu’à sa tête. Pendant ce temps grâce à une mystérieuse alliée -ou ennemie - Ilsa Faust, Ethan sauve sa peau des griffes des tortionnaires du Syndicat, la version noire de Mission impossible. Il ne reste plus à Ethan et à son groupe qu’à démasquer l’identité du numéro un du Syndicat, le mystérieux Atlee.
Objectif secondaire, vous récupérez une liste d’agents zombis, et de numéros de comptes secrets avant qu’elle ne tombe dans des mains moins bien intentionnées. Tous ces espions, issus d’agences du monde entier, morts et ressuscités représentent le bras armé du Syndicat. La partie d’échecs se joue sur le plateau du monde, à l’Opéra de Vienne, au son de Turandot de Puccini. Puis au Maroc, dans un centre secret avec une équation impossible à résoudre. Elle s’achève à Londres dans les couloirs du Premier ministre.
Peu importe que Tom Cruise réalise ou non ses cascades, ce corps éternellement jeune, malléable, convient au renouveau de Mission Impossible. Depuis le début, la franchise lorgne du côté de James Bond. C’est une séquence d’ouverture, un méchant de taille et son second, un salopard qui vous démembre comme un boucher son bœuf, une Mission impossible girl, la version féminine d’Ethan et le monde à sauver. Avec Meurt un autre jour, 007 abandonne la formule de l’action pure et dure marquant la fin de Pierce Brosnan dans la peau de Bond. Daniel Graig explore les terres sombres, l’âme noire du héros et relance la saga. Il ne fonctionnait plus dans celle-ci. Le trop-plein d’action, repris par Mission impossible cartonne au box-office.
Dans le même ordre d’idée, le héros chevalier blanc, les Die Hart et compagnie s’essoufflent, alors que Hunt est en pleine ascension. Christopher McQuarrie, scénariste d’Usual Suspect, jeu retors du mensonge et de la manipulation à qui nous devons aussi Jack Reacher, une bonne version du héros protecteur de la veuve et l’orphelin de Lee Child, finalise les codes de Mission impossible. Il marie les séquences d’actions et une partie d’échecs, un ancien reste de la manipulation et du jeu des masques qui s’efface, propre à la série télé.
Le terrain de jeu d’Ethan et de son équipe ne se résume plus à l’Amérique du Sud et l’Europe de l’Est comme à la télé, guerre froide oblige, mais s’étand au monde entier. La menace pèse sur la société tout entière, dans son idéal d’un monde meilleur, c’est l’enfer que nous promet le Syndicat. Par ses actes, il tisse les maillons d'une chaîne infernale. Le film joue la carte d’un certain manichéisme angélique avec des personnages à la face de Janus, Dr Jekyll et Mister Hyde. Le Syndicat assume clairement la part noire de Mission Impossible, tout comme Atlee représente la version démoniaque d’Ethan. Ilsa Faust, clin d’œil au film Casablanca, et l’opéra de Gounod deviennent la version féminine de Hunt. Le film aligne les séquences d’actions toujours plus extrêmes.
C’est comment grimper dans un avion en plein décollage, une course en moto dans la City, plonger dans un trou d’eau et retenir son souffle sans mourir. Elles alternent avec d’autre plus intéressantes, proche de Bon Baiser de Russie ou de l’univers d’Hitchcock. Nous prendrons comme exemple le pivot du film, la scène de l’opéra à Vienne, magnifique ! Elle rappelle dans sa mise en image et son suspens ce bon vieil Alfred. Elle se transforme en un jeu des ombres et de la lumière où les instruments de musique portent la mort et le chant masque le coup fatal. Elle s’achève par une décision cruciale pour Ethan. Mission Impossible Rogue nation, ne se contente pas de nous époustoufler par son rythme et sa démesure. Elle nous propose aussi une partie d’échecs où les deux joueurs de niveau identique changent de stratégie à chaque coup. Peut être qu’Ethan en sacrifiant ses pions en connaît l’issue, allez savoir ?
Au début, il s’offre même le luxe d’une belle scène vintage autour du jazz dans une boîte aux lettres de l’équipe. La mort plane sans cesse, deux fois notre héros en réchappe de justesse. Il n’est pas un être divin… angélique. Dans ce sens, un grand magazine relevait l’aspect biblique de la saga. Le chancelier autrichien nous renvoie à l’Archiduc d’Autriche et le basculement du monde dans la guerre de 14-18. Elle ouvre une nouvelle ère et la fin des monarchies.
Pour le reste, c’est toujours la nature humaine le centre des enjeux. Ethan est-il le seul accordant encore un peu de sens à l'humanité. Nous retrouvons l'humain face au pouvoir, l'argent luttant contre un monde plus humaniste. Comme pour la fin des monarchies (voir plus haut) nous sommes à une fracture, un changement de civilisation. En cela il s’inscrit dans les thèmes qui rongent le cœur de notre société. La phrase qui ouvre la boîte de Pandore est tirée du poème de Kipling, Tu seras un homme mon fils, « Si tu sais méditer, observer et connaître, sans jamais devenir sceptique ou destructeur ; Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître ; Penser sans n’être qu’un penseur ; (…) ». Nous rajouterons cette phrase prêtée à Malraux «Le XXIèmee siècle sera spirituel ou ne sera pas.»
Comme quoi, le cinéma d’action peut parfois nous entraîner dans des sentiers plus profonds. En bonus, Mission Impossible Rogue Nation s’amuse de ces petits riens que le spectateur averti traque avec gourmandise.
Patrick an Langhenhoven
Titre original : Mission: Impossible – Rogue Nation
• Titre français : Mission impossible : Rogue Nation
• Titre québécois : Mission: Impossible - La nation Rogue
• Réalisation : Christopher McQuarrie
• Scénario : Christopher McQuarrie, d'après une histoire de Christopher McQuarrie et Drew Pearce, d'après certains personnages créés par Bruce Geller
• Direction artistique : Andrew Bennett, Matthew Gray et Paul Inglis
• Décors : James D. Bissell
• Costumes : Joanna Johnston
• Photographie : Robert Elswit
• Montage : Eddie Hamilton
• Musique : Joe Kraemer
• Production : J. J. Abrams, Bryan Burk, Tom Cruise et David Ellison
Producteur délégué : Dana Goldberg, Don Granger et Jake Myers
Producteur associé : Helen Medrano et Maricel Pagulayan
• Sociétés de production : Skydance Productions, Bad Robot, TC Productions, en association avec Alibaba Pictures Group
• Société de distribution : Paramount Pictures
• Genre : espionnage, action
• Pays d'origine : États-Unis
• Budget : 150 000 000 dollars1
• Durée : 132 minutes
• Dates de sortie2 : États-Unis : 31 juillet 2015, France : 12 août 2015
Distribution
• Tom Cruise (VF : Jean-Philippe Puymartin) : Ethan Hunt
• Jeremy Renner (VF : Jérôme Pauwels) : William Brandt
• Simon Pegg (VF: Cédric Dumond): Benji Dunn
• Rebecca Ferguson : Ilsa Faust
• Ving Rhames (VF: Saïd Amadis): Luther Stickell
• Sean Harris (VF : Yann Guillemot) : Solomane Lane
• Simon McBurney : Atlee
• Zhang Jingchu : Lauren
• Tom Hollander : le Premier ministre du Royaume-Uni
• Alec Baldwin (VF : Bernard Lanneau) : Alan Hunley
• America Olivo: Turandot
