Jacob est un jeune garçon ordinaire, bercé par les histoires rocambolesques de son grand-père. Tout cet univers si particulier qui berça son enfance appartient peut-être à une autre réalité bien plus tangible. Notre jeune garçon arrive trop tard pour le dernier adieu du vieil homme, mais pas assez pour entrevoir, dans la brume du bayou, des formes monstrueuses. Bien décidé à découvrir la réalité, il part pour une île perdue au large de l’Angleterre où son grand-père aurait passé ses jeunes années. Sans crier gare, le temps compte double parfois. Le voilà plongé au cœur d’une étrange demeure, foyer de jeunes enfants condamnés à vivre comme Sisyphe la même journée.
Il apprend bien plus sur son grand-père et son étrange pouvoir dont il aurait hérité. Il trouve sa place dans ce foyer pour monstres ou plutôt enfants particuliers, invisible, crachant des abeilles s’envolant dans le vent pour sauver les écureuils et bien d’autres étrangetés. L’attirance pour la jeune Emma y est peut-être pour beaucoup ou un étrange devoir qu’il ne maitrise pas tout à fait. Il découvre la gardienne de cet orphelinat spécial. Miss Peregrine finit par lui raconter une histoire où son grand-père tient une place importante. Dans l’ombre, une menace sournoise se fait de plus en plus pesante. Un ancien gardien tombé dans le cercle du mal chasse les gardiennes et les enfants particuliers pour voler leurs âmes et leurs pouvoirs. Une bataille où le sort de ce monde est en jeu se dessine. Dans celle-ci, Jacob tient une place prépondérante. Il devra faire preuve de courage et de témérité pour sauver Miss Peregrine et les enfants particuliers de l’anéantissement total. Peut-être y perdra-t-il beaucoup ou …
L’histoire est inspirée des romans de Ransom Riggs écrits à partir de photos anciennes trouvées dans des foires et marchés aux puces (dont une photo d’un garçon recouvert d’abeilles). Vous pourrez en découvrir quelques-unes en fin de générique. Tim Burton revient à ses thématiques profondes la monstruosité, la différence séparant certains du reste du monde. Si ses personnages empruntent la voie extrême, Edward aux mains d’argent, Beetlejuice, Frankenweenie et bien d’autres, son dernier héros, Jacob ne possède rien de monstrueux. Depuis Alice et Big Eyes, son univers semble prendre plus de couleur et moins de recoins sombres.
Il reste toujours cet esprit gothique que l’on retrouve dans un autre personnage, identifiable au réalisateur, Miss Peregrine. Nous nous rapprochons plus de la vraie nature du Gothique romantique que du fantastique. Rejetés du monde, tous ces enfants aux pouvoirs tirés des films de la Hammer, invisible, évanescent, jumeaux, petite fille précieuse aux dents longues, poupées animées avez-vous une âme, etc. donnent la possibilité au réalisateur de proposer une palette d’innocence magique aux frontières des ténèbres et de la lumière. La gardienne est elle-même une créature capable de se transformer en oiseau et de créer des boucles temporelles pour cacher les enfants aux yeux du monde. Et surtout à un groupe d’anciens qui souhaitent revenir à la normale en volant les pouvoirs des enfants. Le roman développe une métaphore de la Shoah et de la Seconde Guerre mondiale que reprend en partie le film.
Burton reprend plus ce qui marque son univers, la norme qu’impose la classe moyenne ou plus généralement, ce monde formaté que l’on souhaite nous vendre. Il reprend au tout début du film l’image de ces pavillons identiques que l’on peut voir dans presque chacun de ses films. C’est un hommage à la fois à son cinéma, mais aussi à celui de genre des années soixante avec à la fin cette bataille de squelettes digne de Jason et les Argonautes. C’est aussi la route initiatique, comme dans nombre de ses films, d’un garçon qui finit par se dévoiler et trouver le sens de sa vie. C’est enfin un regard sur la différence sous toutes ses formes mélangées dans un film pour enfants qui devrait ravir les adultes et les fans du réalisateur. Eva Green est excellente dans le rôle de Miss Peregrine, lui apportant toute cette douceur et cette force qu’incarne le personnage. Samuel L. Jackson, un rien cabotin, s’amuse à jouer les méchants de service. Le film peut reprendre à son compte le résumé du tome un "Une histoire merveilleusement étrange, émouvante et palpitante. Un roman fantastique qui fait réfléchir sur la persécution, l'enfermement et l'immoralité."
Patrick Van Langhenhoven
BR 3D
Titre français : Miss Peregrine et les Enfants particuliers
Titre original : Miss Peregrine's Home for Peculiar Children
Réalisation : Tim Burton
Scénario : Jane Goldman, d'après Miss Peregrine et les Enfants particuliers de Ransom Riggs
Direction artistique : Rod McLean et Mark Scruton
Décors : Gavin Bocquet
Costumes : Colleen Atwood
Photographie : Bruno Delbonnel
Montage : Chris Lebenzon
Musique : Mike Higham, Matthew Margeson
Production : Peter Chernin et Jenno Topping
Coproductrice : Ivana Lombardi
Producteurs délégués : Katterli Frauenfelder, Derek Frey et Nigel Gostelow
Sociétés de production : Chernin Entertainment et Tim Burton Productions
Société(s) de distribution : 20th Century Fox
Budget: 80 000 000 $
Pays d'origine : États-Unis, Royaume-Uni et Belgique
Langue originale : anglais
Format : couleur - 1.85:1
Genre : fantastique, aventure
Dates de sortie1 : France : 5 octobre 2016
Distribution
Eva Green (VF : Stéphanie Hédin ; VQ : Marika Lhoumeau) : Miss Peregrine
Asa Butterfield (VF : Augustin Brat) : Jacob « Jake » Portman
Samuel L. Jackson (VF : Thierry Desroses ; VQ : Éric Gaudry) : M. Barron
Ella Purnell (VF : Nastassja Girard) : Emma Bloom
Allison Janney : Dr Golan
Terence Stamp : Abraham Portman
Chris O'Dowd : Franklin Portman
Judi Dench : Miss Avocet
Rupert Everett : un déguisement de M. Barron
Kim Dickens : Mme Portman
Pixie Davids : Bronwyn Buntley
Georgia Pemberton : Fiona Frauenfeld
Finlay MacMillan : Enoch O'Connor
Milo Parker : Hugh Apiston
Lauren McCrostie : Olive Abroholos Elephanta
Raffiella Chapman : Claire Densmore
Cameron King : Millard Nullings
Hayden Keeler-Stone : Horace Somusson
Louis Davison : Victor Buntley
Jack Brady : M. Clark
Philip Philmar : M. Archer
Scott Handy : M. Gleeson
Helen Day : Miss Edwards