Melody, petite âme fragile, évanescente, fantôme passagère s’attache à la peine, à son rêve comme une brindille à l’eau vive du torrent. Coiffeuse à domicile, elle économise sou par sou entre deux teintures ou coupes pour ouvrir son propre salon. Elle vient de nulle part et ne possède nulle auberge où poser les pieds devant la cheminée. Sa quête est l’unique moyen de sortir de sa condition de misère et de s’émanciper, de ne plus être, mais d’atteindre enfin son Éden. Emily, riche Anglaise, semble détenir tout ce qu’elle désire, mais comme la petite coiffeuse, elle s’accroche à un songe que seul l’argent pourra lui offrir.
À cause d’un cancer à l’utérus, elle n’enfantera jamais. Leurs deux routes se croisent dans la même soif d’un désir inaccessible où l’on est prêt à tout sacrifier. Melody, poussée dans ses retranchements, accro à son rêve, comme elle le dit « C’est moins dangereux que d’être pauvre ». C’est ainsi qu’elle accepte de devenir un ventre à louer. Contre une belle somme d’argent, Melody accepte de porter l’enfant d’Emily. Réfugiée dans la riche propriété, peu à peu, entre douleur et murmure, passé et futur, les deux femmes apprennent à se connaître, s’apprécier ou se détester à jamais. Que va faire Melody, s’enfuir ou respecter son contrat ? Mais le destin, petit diablotin malicieux, leur réserve un autre horizon.
« Nous avons un rêve toutes les deux. Ne détruisons pas tout » Emily
Le film s’inscrit dans une mise en scène minimaliste, sans fioritures, touchant à l’essentiel dans son cadre et son éclairage. Il en sort le véritable thème, la filiation, l’enfant, la mort. L’enjeu devient plus que de l’argent, plus que du désir. Il s’incarne dans cette vie qui dépasse les deux femmes et les transforme. Les liens du sang portés à la fois par les mères porteuse et biologique accouchent d’autre chose de plus grand. Ils représentent la place que je laisserai après ma mort, l’origine du premier cri, d’où je viens. Cette renaissance lance un écho dans le corps et le cœur de Melody. Dans ce film humaniste, la GPA (Gestation pour autrui) apparaît comme l’arbre qui cache la forêt. Le réalisateur saisit cette option extrême et la traite sous tous les angles sans jamais en écarter les enjeux. Il n’excuse ni Emily, ni Melody et le spectateur finit par comprendre la nécessité de survie et d’amour qui les habite, d’immortalité peut-être.
Bernard Bellefroid joue de dialogues percutants et de silence pour laisser le temps au poids des actes de prendre toute sa mesure. Il en sort le véritable thème de Melody, la filiation, l’enfant, la mort. Cet enfant sera comme elle, né sous X. Quel sera son statut à venir ? Est-il le fruit de ses parents, de ceux qui l’élèvent, ou existe-t-il pour lui-même ? La filiation, thématique chère au réalisateur, revient comme une question fondamentale. Déjà il l’abordait dans sa première fiction, La régate, les relations d’un père et d’un fils. Peut-être même sur ce premier documentaire sur le génocide du Rwanda, la filiation, la trace que nous laissons apparaît-elle en filigrane. La mort et la vie reviennent pour mieux nous interroger sur le sens de la vie et de la naissance à donner.
Peu à peu le désir de maternité, d’amour, s’incarne dans le cœur de Melody. Elle dépasse le refus d’enfant lié à son passé, son errance, à sa difficulté de survivre. Les liens, d'abord économiques, de cliente à prestataire entre les deux femmes, s’effacent et accouchent de quelque chose de plus grand, la vie prend le pas sur l’argent. Nous retrouvons la filiation, Melody finit par incarner la fille que ne verra jamais Emily, car la mort rôde. Ainsi le temps de la fin, des derniers jours, prend les couleurs du paradis. La caméra utilise le jeu des visages, des corps, de l’espace pour sans cesse crier son hymne à la vie à travers la mort.
La GPA devient un acte d’amour ultime. Melody aborde aussi cette société, entre celle qui n’a rien et celle qui a tout, la douleur, l’inaccessible rêve finit par effacer les barrières sociales pour placer les deux femmes face à une même condition. Elles représentent ce rêve du début. Elles possèdent toutes les deux la magie de jouer les fées l’une pour l’autre.
Patrick Van Langhenhoven
Réalisateur : Bernard Bellefroid
Scénariste : Bernard Bellefroid
Scénariste : Carine Zimmerlin
Collaboration au scénario : Anne-Louise Trividic
Collaboration au scénario : Marcel Beaulieu
Compositeur : Frédéric Vercheval
Production
Coproducteur Gilles Padovani
Coproducteur Arlette Zylberberg
Producteur délégué Patrick Quinet
Producteur délégué Claude Waringo
Producteur délégué Serge Zeitoun
Producteur exécutif Stéphane Quinet
Producteur exécutif Brigitte Kerger-Santos
Sociétés
Production Liaison Cinématographique
Coproduction Artémis Productions
Coproduction Samsa Films
Coproduction .Mille et Une. Films
Exportation/Distribution internationale Doc and Film International
Distributeur France (Sortie en salle) Damned Distribution
Equipe technique
Directeur de la photographie David Williamson
Monteur Jean-Luc Simon
Chef décoratrice Régine Constant
Directrice du casting Kahleen Crawford
Directeur du casting Eric Lamhene
Directeur de production Marianne Lambert
1er assistant réalisateur Fabrice Couchard
Scripte Marilyne Brulé
Ingénieur du son Carine Zimmerlin
Ingénieur du son Nicolas Tran Trong
Ingénieur du son Charles Autrand
Ingénieur du son Philippe Charbonnel
Chef maquilleur Marie Lastennet
Distribution
Rachael Blake : Emily
Lucie Debay : Melody
Don Gallagher : Gary
Laure Roldan : Marion
Clive Hayward : Norman
Lana Macanovic : docteur Sirenko
Julie Maes : Coleen
Catherine Salée : Catherine
Larisa Faber : vendeuse de layettes
Janine Horsburgh : professeur Fostel
Julian Nest : Willis
Jules Werner : Dr Helwitt