Marie-Francine ne se doutait pas que le bonheur pouvait un jour se faner comme les fleurs que l’on ne lui offre plus. Un beau jour, la cinquantaine sonne, votre mari s’éprend d’une midinette et vous abandonne sans préavis. Au boulot, rien ne va plus. Comme le dit le proverbe, « dès que l’orage arrive la tempête arrache tout ». C’est ainsi que Marie-Francine, le cœur en berne, retourne chez papa et maman. Elle pense que cela ne durera que le temps d’un soupir, quelques jours ou quelques semaines, le temps de se retourner. Elle n’a pas encore touché le fond, il reste de la marge. C’est comme un retour aux années de notre tendre jeunesse, les parents ne comprennent jamais que leurs enfants vieillissent aussi. Il faut qu’elle se trouve un boulot rapidement pour s’émanciper à nouveau du foyer familial. Une petite boutique de vapotage fait l’affaire et la relance sur le marché du travail en attendant son retour sur celui des cœurs tendres. De ce côté, c’est plutôt Waterloo morne plaine et les prétendants de papa et maman, c’est du vieux fond de tiroir, de désespoir. De dépit, elle se met à fumer, le comble pour une vendeuse de cigarettes électroniques. Tout pourrait changer avec Miguel, le cuisinier du restaurant d’à côté, même solitude, même espoir en une autre histoire. Ces deux- là sont faits pour se rencontrer, mais de là à vivre ensemble…
Valérie Lemercier nous avait laissé un peu sur notre fin avec 100 % Cachemire, et Palais royal, après nous avoir enchantés avec Quadrille et Le Derrière. Elle revient à cette comédie décalée, maniant la dérision avec talent, bienveillance et un soupçon de vacherie. Nous aimons son regard sur la société, le désir d’enfant, l’homosexualité, la différence de classe, encore présents dans Marie-Francine. C’est toujours avec la baguette magique de l’humour qu’elle pointe les petits travers du monde, souvent au cœur de la famille. Après Tanguy, elle aborde la difficulté du retour chez les parents quand on a la cinquantaine bien sonnée. Elle est toujours pour eux la petite fille de dix ans qui nouait ses nattes. Le film s’amuse du décalage, fous rires garantis et belles trouvailles dans un décalage ironique. Hélène Vincent, la mère, est habituée à ce genre de rôles. Elle propose une nouvelle facette de la mère au foyer avec son site de vente par correspondance. Le père, Philippe Laubendach est autoritaire, passionné d’histoire, rêvant d’écrire son livre à l’ancienne. Elle donne à ces deux figures du cinéma classique un éclairage complètement décalé.
C’est sa marque de fabrique et le film trouve son énergie dans les situations impossibles, comme la valse des prétendants avec des dialogues percutants. Le bon mot n’est jamais loin pour pointer l’ironie d’une société se préoccupant peu de ces cinquantenaires délaissés par la vie. Il n’est pas facile de retrouver la marche du monde quand l’autre vous désagrège, vous abandonne au bout de toute une vie. Comment retrouver le sens du bonheur, des mots du cœur qui éveillent les sens et redonnent du baume à l’existence. Il n’est pas facile de se recycler quand la carrière arrive presque en bout de route. C’est avec douceur qu’elle explore la reconstruction à travers Marie-Francine, un peu perdue, et Miguel. Patrick Timsit donne à son personnage un rien de salle des pas perdus, âme errante, oubliée, comme le petit bonheur de la chanson sur le chemin. Marie-Francine c’est un mélange vachard sur la société et une comédie romantique sur les cinquantenaires, petite Colombine et son Pierrot lunaire, entre mensonges et vague à l’âme. Elle réussit sa cuisine, passant de l’un à l’autre sans se perdre.
Patrick Van Langhenhoven
Bonus:
Les danses intégrales des jumelles :
Titre français : Marie-Francine
Réalisation : Valérie Lemercier
Scénario : Valérie Lemercier et Sabine Haudepin
Production :
En France : Rectangle Productions, TF1 Films Productions
Société(s) de distribution : Gaumont Distribution
Pays d'origine : France
Langue originale : Français
Genre : Comédie
Durée : 95 minutes
Budget :
Dates de sortie : 31 mai 2017
Distribution
Valérie Lemercier : Marie-Francine Doublet
Patrick Timsit : Miguel Maraõ
Hélène Vincent : Annick Legay, dite Dadick
Denis Podalydès : Emmanuel Doublet
Philippe Laudenbach : Pierric Legay, dit Papick
Xavier Lemaître : Youyou
Nadège Beausson-Diagne : Nadège