Maman a tort

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Un film de Marc Fitoussi ,
Avec Jeanne Jestin, Emilie Dequenne, Nelly Antignac,

Genre : Comédie
Durée : 1h50
France

En Bref

Anouk, 14 ans, l’âge où l’enfance s’estompe quand l’adolescence frappe à la porte. On se demande si ça vaut le coup de quitter l’enfance pour le monde des adultes. Pour son stage en entreprise, quoi de mieux que de découvrir l’entreprise de maman ? C’est donc dans la grande compagnie d’assurances qu’elle se retrouve. Bénédicte et Mathilde la prennent en main et lui proposent une mission des plus confidentielles, ranger le placard du service. Anouk passera donc son stage comme enfant du placard à faire et défaire, c’est toujours faire disait ma grand-mère ! Dans ce contexte, elle possède du temps libre pour fouiner et découvrir l’assurance, ton univers impitoyable.

La petite ne comprend pas la réaction de cette machine à broyer l’humain où le chiffre compte plus que tout. Elle se retrouve désemparée face à une mère et ses enfants bientôt à la rue à cause d’un mauvais papier. Elle décide d’en savoir plus et d’ouvrir des portes de placards qui ne donneront sur rien d’autre que le dégout du monde des adultes. Le plus dur reste le regard qu’elle porte désormais sur sa mère, complice ou victime d’un système qui enterre le vivant sous l’argent. Il y a des lieux sombres qui n’existent pas que dans les histoires pour enfants. Il n’est jamais bon d’en franchir le seuil, car ce que l’on découvre change notre vie.

Jusqu’à maintenant, de son premier long métrage La vie d’artiste à La ritournelle en passant par Copacabana, Fitoussi réussissait à construire un univers entre rire et humanisme. Il regardait le monde se débattre dans les petites choses de la vie avec bonheur et sincérité, rire et tendresse pour ses personnages dans une composition personnelle et originale. C’est pourquoi nous lui pardonnerons ce premier faux pas. Maman a tort ressemble plus au téléfilm du samedi soir calibré pour satisfaire la ménagère de plus de quarante-cinq ans. Il raconte une belle histoire où le ton sauve certains de ses personnages de la caricature. C’est bien dommage, la petite Jeanne Jestin est plutôt juste dans cette gamine découvrant que le monde des grands n’est pas un conte de fées.

Hélas, autour de la jeune fille passent des passants sans relief, le jeune garçon du courrier, en stage comme elle. Les deux chipies du service et leur placard, la mère en difficulté, tous rejoignent la longue cohorte des portraits ordinaires des gens simples. Nous attendions plus de relief et moins d’évidence dans cette histoire qui décrit un monde de l’entreprise sans âme où l’on ne peut que se perdre. Le conflit opposant la mère et la fille manque de la profondeur des films précédents. Cet enjeu important n’aura pas plus de répercussions qu’un peu trop de poivre dans un plat. L’entreprise cinéma aurait-elle eu raison de notre réalisateur ? Nous attendrons le prochain film pour vous donner la réponse. Nous prendrons Maman a tort comme une erreur de jeunesse, sans aucun doute.

Patrick Van Langhenhoven