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affiche Maintenant ou jamais

Maintenant ou jamais

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Un film de Serge Frydman ,
Avec Leïla Bekhti, Nicolas Duvauchelle, Arthur Dupont,

Genre : Drame psychologique
Durée : 1h35
France

En Bref

Juliette possédait un rêve, celui des gens ordinaires dans une petite vie tranquille pavée de bonnes intentions. Elle coule le parfait amour avec Charles, bientôt la maison, paradis perdu dans la forêt où toute la famille trouvera la paix et le bonheur. Il suffit de presque rien, un licenciement, Charles au chômage et le bonheur explose, s’évapore dans les méandres des remboursements et des portes qui se ferment. Comme un tsunami monte la vague de la rage, un vol de sac raté et Juliette propose à son voleur de passer à plus gros. Elle deale un mauvais coup avec ce parfait inconnu. La gentille mère au foyer et le méchant garçon  braqueront un distributeur de billets. Il n’est pas évident, quand on sort de prison pour des broutilles, de tomber dans le banditisme à grande échelle. Il n’est pas facile, quand on est mère de famille, de se transformer en Bonnie et Clyde. Il suffit juste d’avoir la rage et de ne pas se faire prendre.

 Cette histoire improbable tient grâce à la mise en scène soignée, remontant à un cinéma d’avant la nouvelle vague, de qualité et jouant sur l’horlogerie de son sujet. Il aborde les difficultés d’une société où les marchands du temple facilitent l’accès à un rêve formaté pour mieux vous emprisonner. Le petit rêve bourgeois, sans être péjoratif, vole en éclat sous la force des circonstances. Plutôt que de baisser les bras, notre mère de famille se défend bec et ongles, quitte à basculer en enfer pour défendre son rêve. Leïla Bekhti confirme tout son potentiel d’actrice à se remettre en question dans un rôle subtil.


Nous rentrons facilement dans cette histoire d’une mère de famille, la rage au cœur elle trouve au fond de son âme le courage de préserver son rêve à n’importe quel prix. Le personnage doit beaucoup à l’actrice qui n’en fait jamais trop, lui donne à la fois la force et la fragilité nécessaires pour nous faire douter. Nicolas Duvauchelle, plus habitué aux rôles de canailles se renouvelle en choisissant un personnage ancré dans la réalité. Petit truand poussé par la société, il hésite à suivre cette femme qui, au début, le tient par le chantage. Le prix d’un sac à mains volé devient lourd. Il finit, comme le spectateur, par la suivre dans sa folie portée par sa hargne, l’utopie de son rêve qui la tient debout. C’est aussi un film qui nous pose la question de ce rêve que nous vend la société, l’envie d’une maison. Elle représente la réussite, mais encore plus, le bonheur parfait. Le film montre que pour y accéder, la réalité est tout autre et le chemin long.

C’est aussi le surendettement avec cette lumière au bout, on ne réfléchit plus, on fonce sans un minimum de prudence. Nous connaissons tous des familles, des amis, nous- mêmes peut-être. Le chemin à la signature n’est pas facile et une fois la petite griffe en bas de page, tout semble simple. Pourtant, comme dans le film, le chômage, une maladie et tout bascule. En écho, commettre un braquage n’est pas non plus une chose simple même si la méthode gonflée le paraît. Le film se construit donc autour de cette base pour nous entrainer sur deux pistes, fera, ne fera pas. Deuxième piste, vous vous en doutez, ce sont les liens qu’ils tissent. Ce duo d’associés forcés bascule peu à peu dans des relations où la limite entre l’amour et la réunion de malfaiteurs reste mince.

Le réalisateur, sur ce schéma assez simple, sans forcer le trait, en jouant beaucoup sur la nuance et les ambiances, nous tient en haleine jusqu’au dernier plan. Le duo Duvauchelle, Bekhti fonctionne à merveille, un beau couple de cinéma que l’on devrait retrouver. Il existe des similitudes avec Un monde meilleur de Cédric Khan, sur la même idée d’un bonheur volant en éclat. C’était le personnage de Guillaume Canet qui ressemblait à celui de Juliette. Nous trouvions déjà Leïla Bekhti dans le rôle de sa femme. L’histoire est différente, mais la base demeure la même. Comme quoi sur une idée identique, plusieurs thématiques différentes se construisent. C’est un beau film sur l’injustice de notre société capable de vous conduire au rêve et de vous broyer en enfer. Nous vous conseillons  Maintenant ou jamais, la bonne surprise de cette rentrée.

Patrick Van Langhenhoven

Note du support : n/a
Support vidéo :
Langues Audio :
Sous-titres :
Edition :


            Réalisation : Serge Frydman

            •            Scénario et dialogues : Serge Frydman

            •            Musique : Laurent Perez

            •            Image : Pierre-Hugues Galien

            •            Montage : Céline Kélépikis

            ◦            Distribution

            •            Leïla Bekhti : Juliette Lesage

            •            Nicolas Duvauchelle : Manuel Benetti

            •            Arthur Dupont : Charles Lesage

            •            Léo Lorléac'h : Léo

            •            Orian Castano : Tom

            •            Bruno Abraham-Kremer : Le banquier

            •            Vincent Ozanon : Le commissaire

            •            Emmanuelle Moreau : Hôtesse accueil banque

            •            Julie de Bona : La mère de Louise