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affiche Mai 68, la belle ouvrage

Mai 68, la belle ouvrage

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Un film de Jean-Luc Magneron,
Avec aucun,

Genre : Documentaire
Durée : 1h57
France

En Bref

Voilà le joli mois de mai. Il y a cinquante ans, dans une France qui s’était endormie sur les lauriers de la paix retrouvée et d’une croissance qu’on croyait illimitée, un coup de jeune, un coup de tonnerre, vint remettre en cause bien des certitudes.

Dans la pléthore des documentaires, plus ou moins intéressants, concernant le demi-siècle d’âge du printemps qui a secoué le cocotier de notre cinquième république, en voilà un qui peut retenir l’attention.

Les premières images montrent le grand Charles dans son exercice favori : la harangue des foules. Il fait la morale au bon peuple le 7 juin 1968, faisant l’éloge des forces de l’ordre qui ont permis que les « émeutes » restent circonscrites grâce à leur mesure et leur sang-froid. Le ton est donné, l’image télévisuelle du président « saute » et sa haute taille se trouve ratatinée par ce qui ressemble aux problèmes d’images, fréquents à cette époque, de la chaine unique en noir et blanc. Magneron recueille à chaud une série exhaustive de témoignages qui alimentent une démonstration quasi implacable : la violence des « événements » de mai  68  n’était pas du côté que l’on a voulu nous faire croire.


Une très belle idée que de ressortir ce film qui fut présenté à la première Quinzaine des Réalisateurs en 1969. Magneron était surtout connu pour ses reportages dans les contrées lointaines où il allait filmer les modes de vie des peuples du bout du monde. Cette fois, pourquoi parcourir le globe ? Il a sous les yeux une expérience sociologique inédite et puissante. D’emblée, il prend parti. Si casse et désordre il y a eu, l’Etat n’a qu’à s’en prendre qu’à lui-même. Tout le long métrage va s’attacher à recueillir des témoignages émanant de personnes d’horizons très divers, qui rendent le point de vue crédible et même tout à fait recevable.

Beaucoup d’étudiants, souvent en médecine, constituaient avec leurs copines infirmières des services ambulanciers de fortune, vu que les ambulances classiques s’arrêtaient là où les hommes casqués bloquaient le passage. Les simples badauds risquaient le plus souvent d’être embarqués avec le reste, sans ménagement, bien souvent en toute connaissance de cause, il fallait « faire du chiffre ». La technique consistait à faire du ramassage loin du quartier Latin et à emmener tous les passants qui en venaient, même s’ils n’avaient rien à voir avec le mouvement. Les touristes et les étrangers n’étaient pas épargnés. Les forces de l’ordre ratissaient large ! Arrivé au commissariat, il fallait affronter la haie d’honneur des gens d’armes qui se faisaient un devoir de tabasser les jeunes à tour de rôle dans le couloir qui menait aux cellules.

Journalistes, riverains, étudiants, simples passants, psychiatre, tous ont des choses à raconter, et si les propos sont différents, la teneur est la même.

Ames sensibles, attention, ce film est à charge. Et le passage le plus piquant est peut-être celui où il apparait que les casseurs d’un jour d’Ascension où il n’y avait pas manif furent reconnus, bien en évidence, dans le grand défilé à la gloire du Général qui vint signer l’arrêt de mort de mai 68, mais pas de son esprit.

 Françoise POUL

Note du support : n/a
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