Alors que le premier du nom racontait l’histoire d’un strip-teaseur qui souhaitait raccrocher le string pour se ranger et devenir créateur de meuble, la version XXL, que l’on imaginait en suite gonflette, prend étonnamment une autre direction. Construit à rebours de son prédécesseur – récit initiatique qui clamait rédemption et accomplissement personnel –, MM XXL a la plutôt bonne idée de faire prendre à son héro un virage à 180°. Ici, la vie rangée, ça craint. En tous cas, ça n’a pas marché pour Mike qui souhaite remettre ça, au moins pour un ultime show. Lancés dans un périple façon road movie dans un food truck, la joyeuse troupe de « show men professionnels » va rêver d’un dernier show époustouflant pour clore un chapitre. Le trajet va aussi être l’occasion d’entamer une remise en question existentielle sur le « après » et sur les désirs de chacun pour la suite. Mais pas sans une pointe d’humour ! Fort heureusement, Magic Mike XXL ne se prend jamais au sérieux et assume son côté léger et décadent de bout en bout. On tient là le principal mérite de cette suite.

Puisque en dehors de ce constat et de la bonne humeur communicative du casting de gros bras, le spectacle reste tout de même assez navrant, moins dans le fond que dans la forme. En effet, Jacobs nous fait l’effet de filmer avec ses pieds tant les plans sont mal pensés et les échelles de plans grossières. En outre, la besogne use et abuse des décibels, autant pour accompagner ses « lap dances » endiablées que pour combler visiblement des trous béants au scénario. On sent comme un fossé avec cette obsession américaine pour le divertissement zéro neurone qui convoque le rire avec des crasses et de l’émotion avec des sentiments et des émois de lycéens. Derrière cet interminable spectacle de remue-popotins et d’abdos d’acier (1h55 quand même), on ne trouve donc pas grand chose d’autre à se mettre sous la dent autre que cette abondance d’éphèbes et la surexposition de chair. Attendez de voir la scène où Richie (Joe Manganiello) improvise une danse suggestive dans une supérette de station service pour émouvoir la vendeuse, une des rares séquences drôle de la besogne.

En plaçant la femme sur un piédestal, le film affirme et assume sa propension à conquérir un public 100% féminin qui ne souhaite pas se déplacer directement dans un club de strip-tease ! Car la finalité est la même : se rincer l’œil, et sur ce plan là, Magic Mike XXL assure amplement le show.

Eve Brousse

Fiche technique

·       Titre original : Magic Mike XXL

·       Réalisation : Gregory Jacobs

·       Scénario : Channing Tatum et Reid Carolin

·       Photographie et montage : Steven Soderbergh

·       Direction artistique : Eric R. Johnson

·       Décors : Howard Cummings

·       Production : Gregory Jacobs, Channing Tatum, Reid Carolin et Nick Wechsler

Producteur délégué : Steven Soderbergh

·      Société de production : Iron Horse Entertainment

·      Distribution : Warner Bros.

·      Pays d'origine : États-Unis

·      Langue originale : anglais

·      Genre : comédie dramatique

·      Durée : 115 minutes (1 h 55 min)

Distribution

·       Channing Tatum (VF : Axel Kiener) : Michael « Magic Mike » Lane

·       Matthew Bomer (VF : Yann Guillemot) : Ken

·       Joe Manganiello (VF : Rémi Bichet) : « Big » Dick Richie

·       Amber Heard : Zoé

·       Elizabeth Banks : Paris

·       Jada Pinkett-Smith (VF : Géraldine Asselin) : Rome

·       Andie MacDowell (VF : Rafaèle Moutier) : Nancy

·       Donald Glover : Andre

·       Kevin Nash (VF : Gilles Morvan) : « Tarzan »

·       Adam Rodríguez (VF : Xavier Thiam) : Tito

·       Gabriel Iglesias : Tobias

·       Crystal Hunt : Lauren

·       Raeden Greer : Charlotte

·       Rhoda Griffis : Julia

·       Brandon Cyrus

·       Jane McNeill (VF : Sandrine Cohen) : Mae

·       Ric Flair